Hergé

Avec les fêtes qui approchent, on retourne en enfance cette semaine. Il y a deux expositions qui s’y prêtent Disney au musée des Arts Ludiques et Hergé au Grand Palais et c’est justement là que nous allons.

Tout le monde connaît Tintin et  le nom de son créateur en est indissociable et est tout aussi célèbre, fait relativement rare dans le monde de la bande dessiné.

Bienvenue à Moulinsart et par mille millions de mille sabords en avant.

L’exposition est franchement bien. On ne s’ennuie pas et pourtant j’ai l’ennui facile. On découvre toutes les facettes de ce grand dessinateur belge, les étapes de créations, ses autres œuvres, son travail publicitaire et le tout de manière très joyeuse.

On rencontre ainsi Georges Remi, le vrai nom d’Hergé (1907-1983), collectionneur et amateur d’art, amateur d’histoire et de sciences. Au fil des années, il se créé une réserve d’images dans laquelle il plonge régulièrement pour illustrer ses cases d’art moderne auquel il s’est initié avec plaisir se créant une collection personnelle.

Il est très intéressant de voir comment se construit petit à petit une bande dessinée. Il y a d’abord l’importance du texte, puis le dessin vient mettre en scène ce dernier, avec d’abord les esquisses, puis les épreuves à l’encre de chine avant le rajout des couleurs. Un petit reportage de Michel Drucker de 1978 avec Hergé et Yves Robert explique sous forme d’un cours d’école toute la conception d’une planche.

http://www.ina.fr/video/I08312557

Et bien sûre Hergé ne se réduit pas à Tintin, il y a aussi Jo, Zette et la publicité qu’il pratique avant de devenir célèbre.

En dehors de l’aspect purement créatif, il est aussi intéressant de plonger dans l’histoire qui touche de plein fouet Tintin, la Seconde Guerre mondiale ! Hergé dans un premier temps apparaît contre la guerre à travers les aventures de Monsieur Bellum.

Mais la guerre éclate et Bruxelles passe sous contrôle allemand. LA situation de Hergé se précarise et il accepte de travailler pour Le Soir, journal ouvertement collaborationniste, ce qui lui vaudra des problèmes à la fin de la guerre. Il faudra attendre 1946 pour qu’il soit définitivement blanchi.

Je vous conseille vraiment cette exposition toute en couleurs qui a le mérite de pouvoir se faire avec les enfants. Vous pourrez lire des planches et des planches, replonger dans l’enfance, voir une maquette géante de la fusée et une autre du château de Moulinsart. Du fun et en cette période de fêtes, c’est ce qu’on cherche.

Commissaires : Jérôme Neutres, directeur de la stratégie et du développemen108276220_ot à la Réunion des Musées nationaux-Grand Palais / Le musée Hergé, avec le soutien de Moulinsart.

Au Grand Palais jusqu’au 15 janvier 2017

 

Carambolage…ou pas. Faut voir !

carambo_page_expoEn ce moment, il y a une drôle d’exposition au Grand Palais, Carambolage. Je ne sais pas si vous l’avez visitez ou si vous hésitez, mais ce que je peux déjà vous dire c’est que c’est vraiment une étrange expérience. Elle ne reprend aucun des codes classiques d’une expo normale. Pas d’artistes majeurs, pas de thème porteur, ni même de textes explicatifs ou de cartels. Rien, à part vous-même pour décoder ces 185 œuvres issues de tous styles et toutes époques, de l’art contemporain à l’art le plus primitif.

Jean-Hubert Martin, son concepteur est un historien d’art, conservateur, directeur d’institution et commissaire d’exposition français qui a déjà essayé de faire renaitre le principe des cabinets de curiosités et qui a toujours pensé que toutes les formes d’art devaient être placées sur un pied d’égalité. De même il veut à travers cette exposition débarrassé l’art de tous ses discours compliqués, de ses débats sans fin, et le décloisonner complètement de toute vision muséale. D’où l’absence de tout, à part les règles du jeu en début de parcours.

Chaque œuvre ou objet répond d’une manière ou d’une autre à la précédente et c’est à vous de deviner le lien. Ce dernier peut-être thématique (maternité, sexualité, sens, religion) ou formel. Il faut chercher, je n’ai personnellement pas toujours trouvé.

Par contre ne cherchez pas d’œuvres majeures ici même si certains noms sont connus, encore une fois ce n’est pas le sujet. Le sujet c’est le jeu ! Aussi beaucoup d’œuvres ont un côté amusant, comme le double portrait de Jean Boinard, Anatomie trans-schizophrène » (1999), de Gilles Barbier qui reflète les pensées profondes d’un homme, ou le diptyque flamand qui fait l’affiche et qui est…comment dire ? Particulier !

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Gilles Barbier, Anatomie trans-schizophrène, 1999, Paris, courtoisie galerie G.-R. et N. Vallois 

La presse est assez dure avec cette exposition. C’est vrai qu’il faut aimer, c’est un peu bizarre et je ne suis pas sûre d’avoir toujours bien compris, mais comme à priori ce n’est pas grave car le but c’est de faire à sa sauce, je le vis bien. Disons que l’avantage c’est qu’on ne sort pas avec une migraine à cause de trop d’explications et qu’on peut le faire avec les enfants car ça ne prend pas trop de temps du coup, après quand on regarde le prix des expositions, je ne vous cache pas qu’on peut se demander : « tout ça, pour ça ? ».  Donc pour une fois, je ne prends pas de risque à vous conseiller vivement de la faire, c’est trop spéciale comme démarche pour plaire à tout le monde et il faut en être conscient. Mais si vous êtes désireux de vivre une expérience originale qui sort des sentiers battues, des expos traditionnelles que certains jugent planplan, alors oui, c’est fait pour vous.

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© Tête changeante, 1683, huile sur toile, H. 67; L. 55 cm, Le Mans, musée de Tessé, inv. 

Commissaire de l’exposition : Jean-Hubert Martin

Exposition organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais Jusqu’au 4 juillet 2016

Avec le soutien de la MAIF, mécène d’honneur de la Rmn-Grand Palais et le généreux concours de la Fondation LUMA, la Fondation Etrillard, agnès b., la Fondation Scaler, la Fondation Clarence Westbury et de Jean-Yves Mock.

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Elisabeth Louise Vigée Lebrun, la peinture faite femme

VIGEE-LE-BRUN-GRAND-PALAIS_3165950067978316385Avant les fêtes, je voulais vous parler d’une exposition que j’ai beaucoup aimée, celle consacrée à Elisabeth Louise Vigée-Lebrun.

Bon après, il faut aimer les portraits car à de très rares exceptions, il n’y a que ça, mais moi j’adore, c’est comme rencontrer plein de personnes qui vous parlent depuis le passé, et à travers elles découvrir tout une époque, sa mode et sa culture.

Quel destin extraordinaire que celui de cette femme, fille de peintre, épouse de marchand d’art, amie des plus grands et admirée par toutes les cours d’Europe, qui a connu à la fois l’Ancien Régime, l’exil de la Révolution et l’essor de l’Empire. C’est un petit bout de son parcours que vous propose de découvrir le Grand Palais à travers  le regard de toutes ces figures qu’elle a croisé au cours de son existence, ces princes et ces princesses, ces duchesses, ces reines.

Fille de Louis Vigée, pastelliste, membre de l’Académie de Saint Luc, c’est à ses côtés qu’elle commence à se former puis au décès de ce dernier auprès d’un ami de la famille, Gabriel-François Doyen.  Elle prend également des leçons dans les ateliers de Blaise Bocquet, Pierre Davesne et Gabriel Briard et reçoit les précieux conseils de Joseph Vernet qui la soutiendra pour son entrée à l’Académie Royale de peinture, quelques années plus tard en 1783. Son style s’inspire à la fois de Rubens, Van Dyck  ou Greuze. Ses premiers modèles sont les membres de sa famille, son frère, sa belle-sœur, sa mère et ses amies.
Son époux Jean-Baptiste Lebrun, participe également par ses connaissances en tant que grand marchand d’art à l’épanouissement de la carrière de sa femme même si leur union n’est pas vraiment heureuse.

Louise_Elisabeth_Vigée-Lebrun_-_Marie-Antoinette_de_Lorraine-Habsbourg,_reine_de_France_et_ses_enfants_-_Google_Art_ProjectPeu à peu les talents de Vigée Lebrun la font connaître de la cour, elle fait le portrait du comte et de la comtesse de Provence puis en 1778 elle devient peintre de la reine Marie-Antoinette. L’amitié qui unit ses deux femmes est très forte, elles se comprennent, et nulle autre qu’Elisabeth Louise sait mieux portraiturer la reine avec naturelle. Parmi ses œuvres les plus célèbres, « Marie Antoinette en grand habit de cour » du  Kunsthistorisches Museum, « Marie Antoinette en robe de gaulle » qui fit tant scandale et le touchant  « Marie-Antoinette et ses enfants » qui montre la reine dans son intimité de mère.

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Julie Le Brun Wrightsman Collection

C’est également une peintre de l’enfance excellente, elle peint les bébés, genre qui se développe à l’époque, avec douceur et tendresse. Sa propre fille, Julie, lui servira plusieurs fois de modèles.

Cette proximité la menace quand la révolution éclate, elle est alors obligée de fuir avec Julie dans la nuit du 6 octobre 1789. Commence alors un long exil à travers les cours européennes où sa réputation lui amène multitude de commandes qu’elle exécute avec brio, la conduisant de Rome à Naples, puis à Vienne et enfin à Saint Pétersbourg à la cour de Catherine II où elle demeure 6 ans.

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Varvara Ivanovna Narychkine, née Ladomirsky (1785-1840) (1800), Columbus Museum of Art.

l lui faudra attendre 12ans pour retourner à Paris où son nom est toujours apprécié. Elle y retrouve son époux, sa famille et ses amis peintres, comme Hubert Robert dont elle fit le portrait. La famille impériale pose pour elle, notamment Caroline Murat avec qui les relations furent…compliquées.

Les 150 œuvres qui jalonnent le parcours sont autant de rencontres merveilleuses avec les modèles que Vigée Lebrun sait parfaitement sublimer, avec l’artiste elle-même, l’une des plus demandées du XVIIIème siècle et avec ses contemporains. On découvre le talent de cette belle virtuose et à travers elle la vie d’une femme artiste avant la Révolution, car Vigée Lebrun n’est pas un cas à part. D’autres femmes peintres sont présentées, notamment Adélaïde Labille-Guiard qui est reçu avec elle à l’Académie, mais aussi Adèle Romany, Anne-Rosalie Bocquet, Marie Guillemine Le Roulx de La Ville ou Marie Victoire Lemoine.

Personnellement j’aime beaucoup le style d’Elisabeth Louise Vigée Lebrun. Sa douceur à la fois dans la touche et le coloris. C’est d’une féminité absolu. Cette femme  était  à n’en point douter extraordinaire en plus d’être très belle comme le prouve les portraits faits d’elle, et elle méritait une rétrospective de ce type. L’exposition consacrée à Marie Antoinette l’avait mise en lumière, là elle brille de mille feux.

Sur ce, je vous souhaite à tous d’excellentes fêtes de fin d’année.

Elisabeth Louise Vigée Le Brun 1755-1842 23 septembre 2015 – 11 janvier 2016
Grand Palais
commissaires : Joseph Baillio, historien de l’art, Xavier Salmon, conservateur général du patrimoine, directeur du département des Arts graphiques du musée du Louvre scénographie : Loretta Gaïtis

 

 

Picasso.Mania. L’expo qui fait parler

affiche_picasso_page_expo_0Art Contemporain toujours, le Grand Palais séduit les foules en ce moment avec Picasso Mania. Quelques années après Picasso et ses maîtres, voici Picasso et ses suiveurs. L’exposition est non pas consacrée à Picasso en personne comme on pourrait le penser mais plutôt à son influence sur l’art du XXème et XIXème siècle et sa présence non négligeable  dans la culture contemporaine. Ainsi autour d’une centaine de ces œuvres, gravitent encore plus d’œuvres d’une variété stylistique très nette.

Intéressant, coloré et pas du tout ennuyeux.

Je ne vais pas vous résumer l’exposition, car elle est tellement variée et un peu folle que ce serait très difficile, mais une chose est sûre, même si vous n’êtes pas particulièrement amateur d’art contemporain, vous devriez quand même trouver des œuvres qui vous parlent.

9843493_origL’art du monde entier est représenté comme preuve de l’’universalité de la figure de Pablo Picasso. L’artiste espagnol a de son vivant transcendé le temps et l’espace pour devenir une icône de ce que doit être un artiste dans notre monde actuel, jusqu’à être une marque en soi et pas seulement une à travers une série de voiture.
Dès les années 60, les artistes du pop art s’emparent de son œuvre, puis en 1971 pour les 90 ans du peintre, le critique autrichien Wieland Schmied commande un portfolio réalisé par 150 artistes pour lui rendre hommage. Depuis on ne compte plus les références riches et diverses : Le cubisme réalisé avec un polaroïd de David Hockney, les Demoiselles d’Avignon vue par Jeff Koons, Sigmar Polke ou Richard Prince, Guernica revisité de manière époustouflante et dérangeante par Adel Abdessemed, les silhouettes de l’œuvre de Picasso qui errent dans les Quatre saisons de Jasper Johns ou la décomposition un peu étrange des corps de George Condo etc.

WP_20151030_002J’ai lu beaucoup de critiques négatives sur l’exposition (Libération, Télérama, Economie Matin, Marianne) qui lui reprochent grosso-modo de s’intéresser surtout à la marque Picasso et à le transformer en objet de consommation (l’affiche où il est torse-nu m’a fait tiquer genre pub pour parfum), d’avoir un parcours sans queue ni tête ou encore de ne pas faire références aux plus grands suiveurs de Picasso qui sont Bacon, De Kooning ou Pollock.

C’est sans doute vrai, mais je confesse une trop faible connaissance dans l’art du XXème siècle pour pouvoir avoir un avis éclairé. Oui parce que je ne suis pas de ceux qui donnent leurs avis sur tout et n’importe quoi et surtout ce qu’ils ne connaissent pas vraiment. Donc je vous dirais juste que oui c’est un peu fouillis dans la succession des thèmes mais j’ai surtout ressenti l’ensemble comme une exposition résolument ancrée dans une pop culture très colorée. Les visiteurs avec leurs Google glasses donnaient d’ailleurs à tout cela un côté un peu rdv de geeks branchouilles mais c’était sympa. Je ne me suis pas ennuyé et j’ai tout compris aux propos donnés, ce qui est déjà bien.

En résumé si vous voulez une exposition pointue consacrée à Picasso et ses suiveurs, passez votre chemin mais si vous avez une dizaine d’euros dans votre poche et que vous voulez voir de l’art contemporain avec un propos sympa autour d’une icône de l’art alors c’est pour vous.

 © Rmn-Grand Palais Photo Didier Plowy /Paris 2015 /ADAGP

© Rmn-Grand Palais Photo Didier Plowy /Paris 2015 /ADAGP

07 Octobre 2015 – 29 Février 2016

Grand Palais, Galeries nationales

Commissaire général : Didier Ottinger, directeur adjoint du Musée national d’Art moderne – Centre Pompidou
Commissaires : Diana Widmaier-Picasso, historienne de l’art ; Emilie Bouvard, conservatrice au Musée national Picasso-Paris
Scénographie : agence bGc Studio

Gaultier c’est terrible mais dans le bon sens

Après le chic Lanvin voici l’excentrique Gaultier. Le créateura partagé le Grand Palais avec Vélasquez et règne désormais seul jusqu’au 03 aout avec son univers loufoque et transgressif qui ne s’interdit rien.

« L’enfant terrible de la mode » a su inspirer une exposition aussi terrible que lui où on ne s’ennuie pas une seule seconde,  mais où au contraire on attend d’être surpris encore et encore comme avant un défilé à se demander ce que nous réserve le créateur.

WP_20150720_004[1]La première partie est une plongée dans l’intimité de Jean-Paul Gaultier : son enfance dans une famille modeste de la région parisienne évoquée par ses photos de famille, sa passion pour le cinéma et les variétés, notamment le film  Falbalas, de Jacques Becker avec Micheline Presle qui détermine sa vocation ou encore ses premières créations essayées sur son ours en peluche Nana et ses débuts dans la maison Cardin.
Après ce prélude qui laisse deviner un enfant déjà hors du commun on plonge dans le vif du sujet avec sa première collection présentée en 1976 au Planétarium du Palais de la Découverte.

WP_20150720_007[1]La suite de l’exposition présente de manière harmonieuse à la fois les créations qui se succèdent et les sources d’inspirations très hétéroclites qui ont guidées Jean-Paul Gaultier jusqu’au sommet de la mode mondiale. La scénographie a de fantasque qu’elle donne des visages animés aux mannequins via un système de projection vidéo. Ces derniers vous regardent, sourient, chantent ou parlent, l’un d’ailleurs a le visage du créateur en personne.
WP_20150720_005[1]On commence le voyage dans le monde marin, « l’Odyssée » avec ces sirènes envoutantes et le fameux marin dont le pull à rayures devient presque une signature en soit pour Gaultier, un classique indémodable selon ses dires.
La partie Punk Cancan est comme son nom l’indique un mixte entre le classique à la française, béret et tour Eiffel et le punk anglais avec son cuir, ses crêtes et son tartan. Le point de rencontre entre ses deux cultures est l’un des leitmotivs de Gaultier, un savoureux mélange de provocation et de classique, comme ces robes tour Eiffel ou le tailleur pour femme dont la veste se porte entièrement devant et laisse le dos nu. La mise en scène de cette pièce est particulièrement soignée. D’un côté une série de punk aux grandes crêtes de cheveux dans un style très David Bowie, sur un podium défilent différents mannequins avec il m’a semblé la voie de Catherine Deneuve pour les présenter et de l’autre, des mannequins aux allures et aux looks des vedettes amies et fidèles de Gaultier : Inès de la Fressange, Conchita Wurst, Rosy de Palma, Catherine Deneuve et autres.

WP_20150720_011[1]Gaultier se démarque de ses collègues créateurs par son goût très prononcé pour l’anticonformisme. Il choisit très souvent pour ses défilées des « mannequins » loin des canons habituels, les plus connues étant Conchita Wurst ou Beth Dito par exemple mais aussi des tops transgenres comme Andrej Pejic. Parfois il organise même des castings sauvages pour compléter sa gamme.
Ces choix donnent aux défilés de Gaultier un goût savoureux et unique et animent les créations d’une autre manière. Il fait souffler sur la Haute-couture un vent de fraicheur, de modernisme mais surtout de tolérance absolue, déliée de toutes formes de tabous.

Et que serait une exposition sur Gaultier sans ses fameux corsets et bien sûre Madonna qui les porte. Il réinvente complétement le concept, le dégage de son image de carcan pour femme mais au contraire en fait un instrument de sensualité qui se montre en se portant sur les vêtements à l’image d’un veston.

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Ses collections où se mêlent les éléments sexuels et presque sadomasochistes sont une autre facette de sa conception du vêtement.  La matière devient une seconde peau et son style transgressif transforme la femme en amazone moderne.

Enfant de son siècle, Jean-Paul Gaultier va s’approcher d’autres formes d’art, intégrant la mode dans un spectacle plus vaste qu’est le cinéma. Il créé ainsi les costumes du Cinquième élément, de la Cité des enfants perdus ou de La mauvaise éducation parmi d’autres. Son amour du cinéma fera de lui le premier couturier à devenir jury au festival de Cannes en 2012. Il va également explorer le monde du théâtre, de la danse et collabore avec de nombreuses stars aussi différentes qu’Yvette Horner, Mylène Farmer ou Lady Gaga. Cet homme n’a ni frontières, ni limites. Il touche à tous et tout le monde et avec génie.

Ce multiculturalisme, cette fascination pour différents arts, différentes personnes, le pousse parfois à créer des vêtements comme des carrefours culturels, des hybrides créatifs. La dernière partie de l’exposition mêle l’art espagnol, les capuches Inuits, le treillis militaires et les fleurs chinoises et que dire de cette robe de mariée mi indienne des plaines-mi baroque à perles ?

WP_20150720_022[1]Cette exposition est vraiment géniale, je vous la conseille même si elle s’achève très rapidement. C’est à la fois une ode à la créativité mais aussi à la tolérance et à l’ouverture d’esprit. A voir, à voir, à voir mais pensez à préréserver car il y a du monde au portillon.

 

L’astre espagnol brille au Grand Palais. Vélasquez : « peintre des peintres »

velazquez-expo-affiche-francesoir_5C’est une saison faste pour les amateurs de Vélasquez,  le  « Peintre des peintres » selon Manet, trône de tout son talent sur Paris et impose son génie dans un pays qui possède peu de ses toiles.
Cette exposition que l’on doit à la RMN-Grand Palais, au Louvre, au Kunsthistorisches museum de Viennes et aux prêts du Prado est une pépite précieuse et rare. La plupart des œuvres du maitre de la peinture espagnole sont en effet au Prado qui a pour règle de ne jamais se déposséder de plus de 7 toiles du peintre. Ainsi réunir 64 œuvres relève presque de l’exploit. Il faut donc les savourer malgré l’absence des Ménines et de la Reddition de Breda. Le Pape Innocent X, «Troppo vero!» au regard intense et la Vénus au miroir toute en mystère et sensualité vous consoleront.

Vénus au miroir, 1647-1651  National Gallery

Le parcours est ici essentiellement chronologique, de ses débuts à Séville où il naît en 1599, à ses successeurs les Vélasqueños, avec quelques apartés thématiques, l’art profane et sacré, les portraits de cour et ceux de l’infant Baltasar Carlos.

Il naît donc à Séville, ville riche, puissante, foyer religieux et artistique de l’Espagne du Siècle d’or. Il commence à se former chez Francisco de Herrera le Vieux puis Francisco Pacheco qui devient son beau-père.

Sa peinture devient rapidement très réputée notamment dans le genre des bodegónes (les natures mortes, scènes de caves). Il se plait dans ce style très naturaliste, représentant les humbles gens qu’on appelle les picaros. Il faut dire que depuis le milieu du XVIème siècle, la littérature picaresque est elle-même très en vogue en Espagne.

Arrivée une première fois à Madrid, il s’ouvre à des influences très variées et son art évolue. Il découvre notamment le caravagisme qui inonde l’Europe dont l’Espagne via des peintres comme Jusepe de Ribera, Juan Bautista Maino et Bartolemeo Cavarozzi.
Même s’il ne se fait pas reconnaitre tout de suite, il est appelé par le comte d’Olivares pour exécuter un portrait du souverain Philippe IV. C’est un succès, il est nommé peintre du roi le 6 octobre 1623.
Les vieux peintres académiques en place eurent du mal à l’accepter, le considérant comme un provincial peintre de nature morte, ils organisèrent donc un concours pour la décoration du Grand salon de l’Alcazar. Il remporta ce concours dont les membres du jury étaient essentiellement des italiens et cette victoire impose la modernité de Vélasquez à la cour d’Espagne.
Grâce à cette fonction de peintre du roi, il rencontre de grands noms dont le gouverneur des Pays- Bas, le peintre Paul Rubens avec qui il se lie d’amitié et qui lui conseille vivement le voyage en Italie. Il en fera deux, un vers 1630 et l’autre vers 1650. Il y découvre notamment l’art du Tintoret, Le Guerchin, Giorgione, Raphaël et tant d’autres.

Portrait de l’infant Baltasar Carlos sur son poney 1634-1635 Musée du Prado

En tant que peintre du roi, l’essentiel de sa production est constituée de portraits. Philippe IV apparait en grand habit, en costume de chasse, en buste, en pied ou à cheval, jeune puis moins jeune etc. Ses filles les infantes Marie-Thérèse et Marguerites grandissent sous son pinceau tout comme l’héritier Baltasar Carlos. Ce dernier décède à seulement 16 ans et n’accède pas au trône mais grâce à Vélasquez il est resté dans la postérité. Les représentations qu’en fait le peintre, font partie des plus célèbres peintures d’enfant roi. Le petit prince chevauche un poney comme un destrier de guerre, il est en tenue de chasse comme son père, ou encore plus jeune il tient des jouets comme des insignes royaux. On sent à la fois toute l’affection de l’enfance mais aussi les espoirs dynastiques qui reposent sur ses petites épaules.
Enfin comment parlé des portraits de cour de Vélasquez sans parler de ses portrais de nains, comédiens et autres bouffons de cour qui animent singulièrement ses œuvres et qui ont contribués à son succès.

Portrait du pape Innocent X 1650 Huile sur toile, 140 x 120 cm Rome, Galeria Doria Pamphilj © Amministrazione Doria Pamphilj srl

Les deux chef-d’ œuvres de l’exposition à savoir Innocent X et la Vénus au miroir furent réalisés durant son second voyage en Italie. Ces deux peintures sont considérées chacune dans leurs genres respectifs comme des œuvres absolument majeures et encore aujourd’hui on ne peut que les admirer. Francis Bacon réalisa ainsi 45 variations du portait du pape. Ce portrait se situe dans la grande tradition des portraits papaux, dans la lignée des Raphaël ou Titien. Vélazques cherche à dégager à son tour la force du souverain pontife à travers un regard particulièrement expressif et une touche vif et libre.

La fin de l’exposition mentionne ses dernières années, les portraits des infantes notamment avec la multiplication des portraits de Marie-Thérèse pour son mariage avec Louis XIV. Puis se sont ses successeurs qui sont à l’honneur. Peu nombreux car Vélasquez n’avait pas d’école à proprement parlé. L’exposition aurait presque pu aller jusqu’au XIX et XXème siècle pour montrer l’extraordinaire postérité de ce peintre auprès d’artistes non moins talentueux comme Goya et Manet, Dali et Picasso.

L’Infante Marie-Thérèse Vers 1652 Huile sur toile, 34,3 × 40 cm Metroplitain museum of art
L’Infante Marie-Thérèse
Vers 1652
Huile sur toile, 34,3 × 40 cm
Metroplitain museum of art

Vous l’aurez compris c’est une exposition riche en matière qui nous ai proposé ici. La qualité supplante la quantité et ce n’est pas plus mal. Munissez-vous d’un peu de patience car le bouche à l’oreille fonctionne à merveille et la foule se presse devant les portes du Grand Palais.

Il vous reste un peu moins d’un mois, entonces enviamos…

La magie Lumière

lumiereIl vous reste un peu moins d’une semaine pour découvrir l’épopée fascinante de la famille Lumière au Grand Palais.

Je me suis retrouvée dedans un peu par hasard pour être honnête mais quel enchantement et quelle poésie dans cette exposition. Conçue pour célébrer les 200 du Cinématographe avec la première séance payante organisée au Salon Indien du Grand Café le 28 décembre 1895, cette exposition nous plonge dans la magie créative et géniale des frères Louis et auguste Lumière. Et quel lieu pour l’accueillir ! Ce Grand palais majestueux, construit pour l’Exposition universelle de 1900 où les frères présentèrent leurs films en 75mm. Un juste retour des choses avec justement une reconstitution plus vraie que nature du salon indien.

Les vieilles machines qui ont précédé le cinématographe sont là, on peut « jouer » avec un plaisir d’enfant en animant les différents mécanismes. On pose ses yeux dans le kinétoscope de Thomas Edison, on regarde les pantomimes lumineuses de Charles Emile Reynaud, le  phénakistiscope de Joseph Plateau, les lanternes magiques ou encore le fusil photographique d’Emile-Jules Marey. C’est génial. Je ne vois pas d’autres mots.

C’est l’Histoire de cette invention qui fait partie de notre quotidien qui nous est expliquée, les premières machines, les brevets, les pellicules, les contemporains des frères Lumière, Charles Pathé, Léon Gaumont et Georges Méliès qui vont influencer le monde du cinéma eux aussi. On pénètre également dans l’intimité de la famille Lumière car ils filment leurs femmes, leurs enfants. C’est très émouvant.

Et que serait le cinéma sans films justement. Plusieurs écrans interactifs vous permettent de voir et revoir de nombreuses petites scénettes venus d’un passé qui semble à la fois si loin et si proche. On découvre notamment les premières comédies, comme « l’arroseur arrosée » réalisé par Louis. Dans le fond vous verrez un écran géant où vous pourrez au choix choisir un extrait à visionner et où s’affichent des dizaines et des dizaines de petites vidéos.

s,600,400-457391Pour filmer le monde, les Lumière envoient dans de nombreux pays des explorateurs preneurs de vues, dont le plus célèbre Gabriel Veyre, rapportent des vues exotiques d’Afrique ou encore du Mexique.

La photographie tient aussi une place importante dans le parcours. Antoine, leur père était lui-même photographe et a eu une grande influence sur la carrière de ses fils les poussant à la créativité et l’ingéniosité. Louis et Auguste ont donc aussi cet héritage de photographe qu’ils vont révolutionner, par l’invention du photorama d’une part en 1901 ( » premier procédé de photographie panoramique permettant la projection dans une rotonde d’un cliché unique représentant un tour d’horizon, soit 360° ») puis surtout l’ Autochrome en 1903, la première photographie couleurs.

L’art du cinéma est toujours en mouvement, en quête de nouveauté et pour rappeler ce lien si fort entre passé et future, vous pouvez rentrer dans un film des frères Lumière via le procédé de la 3D, puis en fin de parcours des cinéastes contemporains (Tarentino, Almodovar, Dolan etc.) réinterprètent à leurs manières l’un des films les plus emblématiques des frères Lumière, « la sortie d’usine ».
Un joli passage de témoin…

Jusqu’au 14 juin 2015
Exposition conçue et produite par l’Institut Lumière Commissaires Thierry Frémaux et Jacques Gerber Scénographie Agence NC – Nathalie Crinière Conception audiovisuelle Harouth Bezdjian

Hokusai, le fou de dessin enchante de son grain de folie le Grand Palais

Le Japon et son artiste le plus célèbre sont à l’honneur au Grand Palais à travers une exposition exceptionnelle consacrée à Hokusai. Faut dire que l’art japonais a toujours eu la côte dans notre pays, rappelez-vous la double expo Hiroshige-Van Gogh de la Pinacothèque de 2012.
Mais celle-ci surpasse toutes celles déjà organisées. Elle se hisse au niveau des plus grandes expos mondiales consacrées à l’artiste et il faudra attendre longtemps avant de revoir autant d’œuvres, près de 500, d’Hokusai réunies dans un même lieu, dans une scénographie sobre et de qualité. Il faut savoir en effet qu’une grande partie ne quittera plus le Japon à compter de l’ouverture du musée Hokusai, à Tokyo en 2016.

412203_hokusai-au-grand-palaisHokusai a changé presque une centaine de fois de noms et son style et sa technique ont évolué avec ces noms. Ici ce sont les 6 périodes principales qui sont évoquées de manière chronologique avec une date à l’entrée et une autre à la sortie de chaque partie.
ono2– Katsukawa Shunrô (1778-1794),
– Sôri (1794-1798),
– Katsushika Hokusai (1798-1810),
– Taito (1811-1819),
– Iitsu (1820-1834),
– Gakyô Rojin Manji (1834-1849).

Les premières années Katsukawa Shunrô, sont les plus mal connues. Entre 16 et 8 ans il apprend la xylographie, technique primordiale pour la suite de sa carrière et à 18 ans il rentre dans l’atelier de Katsukawa Shunshô, peintre de portraits d’acteurs de Kabuki (forme épique du théâtre japonais traditionnel). D’une production commerciale et bon marché son style va peu à peu s’affirmer, il réalise notamment ses premiers surimono (Petites estampes de luxe de formats variés en édition privée ou sur commande)
Changement de nom en 1794, il se nomme désormais Sôri. Il se concentre sur des egoyomi (calendriers illustrés) et se bâtit une réputation d’excellence et de qualité. Il illustre des livres et des albums, écrit lui-même des poèmes et commence la peinture sur soie.
En 1798 Hokusai devient son nom principal en référence à l’Etoile Polaire, auquel il rajoute le nom de sa ville natale, Katsushika. Sous ce nouveau patronyme, c’est surtout au genre du livre qu’il se consacre et il créé ses premières séries : Sept manies des jeunes femmes sans élégance, Miroir des images de Hollande: huit vues de Edo, les Cinquante-trois stations du Tôkaidô… En 1810, il publie son premier manuel, Le Dictionnaire de peinture insensé du fou. Collection de dessins assemblés à partir des caractères du syllabaire par Ono le Crétin.
25962_0Durant la période Taito, il se consacre à ses manuels de peinture. La salle qui suit est à ce titre exceptionnelle. Rarement ont été réuni autant de dessins d’Hokusai. Ayant beaucoup de succès, l’artiste va publiés des carnets, les Hokusai Manga, compilant plus de 3900 dessins évoquant tous les aspects de la vie quotidiennes, les animaux, etc. Il s’agit d’une sorte de manuels pour apprentis auxquels il veut transmettre son style. On y voit par exemple les différentes expressions d’un personnage un peu caricatural. On retrouve beaucoup d’humour dans ces planches et un sens du fantastique toujours très développé inspiré du folklore japonais. C’est en inventant le mot de « manga »- esquisse spontanée qu’il devient pour beaucoup l’inventeur de ce genre encore si populaire dans le monde et particulièrement en France.

 Dans le creux d’une vague au large de Kanagawa » Série : Trente-six vues du mont Fuji, Fugaku Sanjūrokkei Kanagawa oki namiura © Musées royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles
Dans le creux d’une vague au large de Kanagawa » Série : Trente-six vues du mont Fuji, Fugaku Sanjūrokkei Kanagawa oki namiura
© Musées royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles

Les deux dernières parties de sa vie, Litsu et Gakyo Rojin Manji sont au second étage du Grand Palais et renferment parmi ses œuvres les plus connues du grand public : les Trente-six vue du mont Fuji ou encore la fameuse La Grande Vague de Kanagaw. Il utilise alors largement le bleu de Prusse, qui donne une profondeur à ses œuvres toute nouvelle.
A 79 ans, il a pratiqué presque toutes les formes d’art plastique mais c’est vers la peinture qu’il va surtout se tourner pour les dernières années de sa vie : lions, tigres et dragons sont ses sujets de prédilections. Il meurt en 1849 à 89 ans, et sur son lit de mort il aurait dit « « Encore cinq ans de plus et je serais devenu un grand artiste ». A n’en point douter cette exposition nous prouve qu’il n’a pas eu besoin de ces 5 années supplémentaires.

Manoir aux assiettes » Série : Cent contes de fantômes Hyaku Monogatari Sarayashiki © Museum für Kunst und Gewerbe, Hambourg
Manoir aux assiettes » Série : Cent contes de fantômes Hyaku Monogatari Sarayashiki
© Museum für Kunst und Gewerbe, Hambourg

Même s’il faut jouer un peu des coudes pour observer la plupart des œuvres et qu’on ne comprend pas tout au vu de la richesse de la culture et de la mythologie japonaise qui pour une grande partie m’est complétement inconnue, on voyage. On voyage au Japon certes, mais aussi dans un monde plein de féeries, de petits génies, de drôles de monstres, d’esprits, de jolies femmes gracieuses, de soldats très poilus aussi (du moins quand il peint des soldats chinois). Un monde qu’il n’est pas nécessaire de maîtriser parfaitement pour en apprécier la beauté. C’est la force de cette exposition du Grand Palais, rendre un art pas forcément facile à appréhender -ne serait-ce qu’à cause du vocabulaire- tout à fait admirable à nos petits yeux d’occidentaux plus habitués aux grandes démonstrations picturales de l’iconographie judéo-chrétienne.
Un joli moment en somme ! Je vous conseille vraiment le site internet de l’exposition, d’une richesse incroyable, avec des jeux pour les enfants, un générateur pour savoir son nom de samourai, moi par exemple je suis KATAGIRI HANZO, des dossiers thématiques e pédagogiques très clairs. Le top du top de la com.

http://www.grandpalais.fr/fr/evenement/hokusai

 Spectre d’Oiwa-san » Série : Cent contes de fantômes Hyaku Monogatari Oiwa-san Ère Tempō© Katsushika Hokusai Museum of Ar
Spectre d’Oiwa-san » Série : Cent contes de fantômes Hyaku Monogatari Oiwa-san Ère Tempō© Katsushika Hokusai Museum of Ar

HOKUSAI- Galeries Nationales du Grand Palais
1er octobre – 20 novembre 2014
Puis 1er décembre 2014 – 18 janvier 2015. L’exposition se déroule en deux volets en raison de la fragilité de certaines oeuvres qui ne peuvent pas être exposées plus de 7 semaines. 
Commissariat :
Seiji Nagata, grand spécialiste de l’artiste et directeur du musée Katsushika Hokusai de Tsuwano
Laure Dalon, adjointe du directeur scientifique de la Réunion des musées nationaux – Grand Palais.

Moi Auguste, empereur de Rome. Venez saluer Imperator Caesar Divi Filius Augustus au Grand Palais

auguste1Le Grand Palais met à l’honneur en ce moment l’un des personnages politiques et historiques les plus importants de l’Europe Occidentale et dont nous fêtons le 2e millénaire de sa mort mais qui est paradoxalement assez peu connu chez nous, éclipsé par « notre  conquérant » Jules César. Demandez aux passants dans la rue, la plupart vous diront que César est le premier empereur de Rome. Or, même s’il a contribué indéniablement à instaurer un nouveau régime et qu’en faisant du jeune Octave son héritier il lui a facilité le travail, c’est bien ce dernier sous le titre d’Auguste qui est le fondateur d’un l’Empire qui durera jusqu’en 476 ap. J-C.

 

350 œuvres venues des plus grands musées du monde (British museum, Musei Vaticani, musée archéologique de Naples, Louvre etc.) sont là pour tenter de nous faire comprendre qui était Auguste, son entourage, son rôle dans la construction du nouveau régime et dans les arts.

La tâche n’est pas facile, car pour mesurer son rôle dans la modernisation et l’embellissement de Rome qu’il trouva de briques pour la laisser de marbre selon la célèbre formule, rien de mieux qu’être in situ, et encore, malgré l’importance des traces archéologiques, elles ne rendent qu’une infime partie de ce qu’était la capitale du monde et il faut surtout une bonne imagination pour y parvenir.  Dans les salles du Grand Palais, les fragments ne suffisent pas à vraiment saisir l’importance des changements.

Mais cela ne nuit en rien à la qualité de l’exposition qui présente des pièces exceptionnelles à commencer par le fameux Augustus Prima Porta, qui a temporairement quitté les murs du Vatican pour venir séduire les parisiens.

Prima Porta, musei vaticani
Prima Porta, musei vaticani

Comment ne pas être impressionné par cette imposante sculpture de 2m, sortie de terre en 1863 dans le village de Prima Porta qui lui a donné son nom.

Cette statue de marbre serait en fait une copie d’après un original de bronze réalisé en 20 av. JC inspirée du Doryphore de Polyclète. Elle marque l’image type de l’empereur qu’on appelle « type augustéen » avec sa coiffure caractéristique faite de petites mèches tombant sur le front formant une petite pince. Le visage est lui éternellement jeune et classique, même à la fin du règne (il meurt à 76ans) on retrouvera ce visage juvénile et cette idée que l’empereur n’a pas d’âge. La représentation de l’empereur sert de base à une propagande efficace aux quatre coins de l’Empire avec l’instauration du culte impériale, véritable ciment qui lie toutes ces cultures à la figure centrale du souverain. Il existe ainsi plus de 210 représentations connues d’Auguste, sous forme de médailles, monnaies, statues, panneaux peints, fresques ou gemmes,  ce qui est considérable.

À ses pieds on retrouve un Cupidon qui rappelle l’ascendance divine des Julii qui se prétendaient descendants de Vénus et d’Enée ; le dauphin est pour sa part une évocation d’Apollon, le dieu tutélaire d’Auguste qui lui fera d’ailleurs construire un temple juste à côté de sa demeure sur le Palatin. Cupidon dominant le dauphin est peut-être aussi un rappel de la pacification des mers par Auguste, comme il le dit dans les Res gestae.

Mais l’élément le plus marquant de cette sculpture reste la cuirasse dont la décoration montre la restitution en 20 av. JC des enseignes perdues par Crassus lors de la Bataille de Carrhes en 53 av. J.-C. C’est autant la  victoire militaire que diplomatique qui est évoquée dans cette scène.

Portrait d’Auguste de Méroé 29-20 avant J.-C. Bronze, calcite et verre (yeux) H. 46,2 cm, L. 26.5 cm, prof. 29.4 cm Londres, The British Museum © The British Museum, Londres, Dist. RMN-Grand Palais / The Trustees of the British Museum
Portrait d’Auguste de Méroé
29-20 avant J.-C.
Bronze, calcite et verre (yeux)
H. 46,2 cm, L. 26.5 cm, prof. 29.4 cm
Londres, The British Museum
© The British Museum, Londres, Dist. RMN-Grand Palais / The Trustees of the British Museum

Un autre portrait apparait bien plus tard dans l’exposition, l’Auguste de Méroé, découvert au Soudan sous le pavement d’un temple où il avait été enterré en signe de protestation. Il était ainsi régulièrement piétiné par les habitants de Méroé. Cette tête de bronze reprend le type Prima Porta mais est beaucoup plus expressif grâce aux yeux toujours présents, composés de calcite et de verre, ce qui donne au visage un souffle de vie impressionnant quand on le fixe.

 

Mais revenons au parcours de l’exposition. Une galerie de portraits évoque la grande famille de d’Octave. J’adore les portraits romains donc je décrète de manière plus que partial et sans objectivité aucune, cette salle la plus sympa de l’expo. Un petit rappel pour les personnes qui ne sont pas callées en histoire romaine, Octave ou Octavien comme on l’appelle usuellement après son adoption, est le véritable nom d’Auguste, Augustus signifiant « le majestueux » étant un titre suprême qui lui est accordé en 27 av. JC, date qui marque officiellement le début de l’Empire.

Auguste, Camée ‘Blacas’ Vers 14-20 ap. J.-C. Sardonyx, H. 12,8 x l. 9,3 cm Londres, The British Museum © The British Museum, Londres, Dist. RMN-Grand Palais / The Trustees of the British Museum
Auguste, Camée ‘Blacas’
Vers 14-20 ap. J.-C.
Sardonyx, H. 12,8 x l. 9,3 cm
Londres, The British Museum
© The British Museum, Londres, Dist. RMN-Grand Palais / The Trustees of the British Museum

Octave est le fils de Gaius Octavius, gouverneur de Macédoine et d’Atia Balba Caesonia, nièce de Jules César par sa mère Julia. Contrairement à la série Rome de HBO, Atia était considéré comme une matrone idéale notamment par Tacite, tout comme la sœur d’Auguste, Octavia.

Adopté par César dans son testament, le jeune homme de seulement 19ans, va en user avec une intelligence redoutable. Il commence par prendre le nom de César qu’il divinise. Soutenu par Cicéron, il devient sénateur à 20ans, contournant largement le cursus honorum qui veut qu’on ait minimum 37ans pour recevoir cette charge ô combien importante. S’en suivent les guerres civiles avec les meurtriers de César, Cassius et Brutus qui s’achève à la bataille des Philippes en 42 av. J-C, et  celle contre le fils de Pompée, Sextus Pompée. C’est à l’occasion de ces conflits que se forme le second triumvirat avec Marc Antoine et Lépide. Mais l’alliance se désagrège avec le conflit contre Marc Antoine et sa maitresse Cléopâtre qui prend fin à la bataille d’Actium en 31 av. J-C. Bataille qui scelle le destin d’Octavien.

Il est nommé Princeps senatus en -27 puis Augustus. Le principat se met peu à peu en place et la vieille République romaine s’efface, s’en même s’en rendre compte par l’habilité d’Auguste qui maintient les apparences républicaines.

Auguste s’est marié trois fois, mais il n’aura qu’une fille, la fameuse et sulfureuse Julia qui finira exilée loin de Rome. Ses deux fils sont adoptés par Auguste mais ne survivent pas, mais par sa fille qu’elle a eu avec Agrippa, le fidèle ami de l’empereur, elle va devenir la grand-mère de Caligula et d’Agrippine Minor, mère de Néron. La sœur d’Auguste, Octavia, en épousant Marc Antoine est de son côté la grand-mère de l’empereur Claude et l’arrière-grand-mère de Caligula et Agrippine minor. Les Julio-claudiens sont une drôle de famille, un peu compliquée à comprendre je vous l’accorde…

Finalement celui qui succèdera à Auguste sera son beau-fils qu’il avait également adopté, Tibère, le fils de Livia sa troisième épouse.

Livie, musée du Louvre
Livie, musée du Louvre

Les représentations de la famille impériale sont nombreuses et autant que l’image de l’empereur, elle serve à appuyer le nouveau régime politique qui se met en place, en lui donnant une légitimité dynastique que personne ne contestera à la mort d’Auguste en 14 de notre ère.

 

Les phases suivantes de l’exposition tentent de nous faire entrevoir les changements survenus dans les arts de l’époque. Dans l’architecture d’abord avec un vaste programme de rénovation de l’Urbs : théâtre de Marcellus, Panthéon, forum, temple etc.

La capitale de l’Empire s’organise et avec elle tout l’empire à travers une administration rénovée et une armée puissante. La paix retrouvée est l’un des messages les plus utilisés de la propagande impériale, notamment avec la construction de l’Area Pacis dont un morceau est présenté ici.

Cette paix apporte aux citoyens romains la prospérité et le cadre de vie évolue comme en témoigne le mobilier de l’époque. Les commandes artistiques sont plus importantes avec l’installation d’artiste grecs comme Pasitélès et le développement des arts somptuaires est manifeste, notamment avec les innovations techniques qui font apparaitre des objets fameux. La glyptique en est un exemple particulièrement frappant avec ces superbes camées aux portraits de l’empereur. En parallèle d’un climat d’aemulatio et d’interpretatio de l’art grec, l’empereur appuie le développement d’une culture latine en encourageant des auteurs comme Tacite, Ovide, Horace et Virgile. Ce dernier est d’ailleurs chargé d’écrire l’Énéide, Epopée qui raconte les origines troyennes mythiques de Rome tout en faisant l’apologie d’Auguste et des valeurs romaines.

 

Created with Nokia CameraLe contrôle de l’Empire est l’une des priorités du pouvoir, dans l’Eneide, Virgile dit que c’est la vocation de Rome de dominer le monde.

L’empire est donc divisé en une quarantaine de provinces, dont les plus anciennes,  pacifiées sont placées sous l’autorité du Senat et gouvernées par des proconsuls, ce sont les provinces du « peuple romain » ou « sénatoriales » comme par exemple la Sicile, la Macédoine et à partir de 22 la Narbonnaise.

Les autres sont dites « provinces impériales », placées sous son contrôle direct, il nomme les légats pour 2 à 4ans. Elles sont souvent aux frontières et sont de fait plus stratégique comme la Belgique, la Lyonnaise, l’Aquitaine, la Corse, la Sardaigne ou la Judée.

Trésor de Boscoreale : skyphos à poucier Décor de deux branches d’olivier nouées sur leur tige argent, H. 8,1 cm, L. 19,5 cm, diam 12 cm Paris, musée du Louvre, Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski
Trésor de Boscoreale : skyphos à poucier
Décor de deux branches d’olivier nouées sur leur tige
argent, H. 8,1 cm, L. 19,5 cm, diam 12 cm
Paris, musée du Louvre, Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski

Pour mieux connaître toutes ces provinces Auguste étend à l’ensemble du territoire le recensement qui est la clef de voûte de l’administration, permettant de déterminer les droits et les devoirs de chacun.

La partie consacrée aux provinces est importante dans le parcours de l’exposition, tant était leurs rôles dans l’Empire d’Auguste. Des éléments d’architectures et de sculptures retrouvées lors de différentes fouilles sont présentés comme cet autel de la paix de Narbonne, l’autel aux cygnes d’Arles ou le Trophée gaulois de Glanum. Une belle part est  consacrée à la Gaule dont il continuera la pacification au Nord, la Narbonnaise étant de son côté totalement romanisée depuis longtemps. Ce n’était pas le cas dans l’exposition romaine, ce qui permet aux visiteurs parisiens de s’approprier d’avantage le contenu

 

En somme une exposition au contenu riche et exceptionnel pour un homme non moins exceptionnel que je ne peux que recommander même si encore une fois mon objectivité en ce qui concerne la Rome antique et les Julio-claudiens est un peu bancale….Vous verrez des objets présentés pour la première fois en France et vous ferez la connaissance d’un personnage politique ô combien passionnant.

Cartier au Grand Palais : But diamonds are a girl’s best friend

diamant williamson collection de la famille royale d'angleterre
diamant williamson collection de la famille royale d’angleterre

Diamonds are the girls best friends disait une certaine Marylin, et c’est vrai qu’au sortir de cette exposition, on se dit « aaah, il est où le prochain bureau de tabac que je joue à l’Euromillion » car moi aussi je veux des meilleurs amis comme ça, qui brillent de mille feux et qui font rêver derrière leurs vitrines qu’on ne peut même pas toucher avec envie sous peine de voir arriver en 1s chrono le vigile à l’affût.
Vous l’avez compris, bienvenue à l’exposition CARTIER qui orne les murs du Salon d’Honneur du Grand Palais, tout rénové.

Alfred Cartier et ses fils Pierre, Jacques et Louis
Alfred Cartier et ses fils Pierre, Jacques et Louis

La force et l’intérêt de cette exposition, hormis le fait de voir plein de pièces sublimes (600 tout de même) c’est de présenter l’histoire de la maison Cartier comme on le ferait pour une exposition monographique sur un artiste. On part du début (1847) pour aller jusque dans les années 1970 et on peut observer l’évolution du style mais aussi tout le contexte et ce à l’aide de 300 dessins préparatoires et documents d’archives plus des portraits, des tenus, pour bien comprendre toute l’histoire de la maison Cartier qui se cache derrière l’éclat des carats. Et quel éclat grâce à une mise en scène très travaillée qui fait scintiller les bijoux.

On commence donc avec le début, on est plongé dans le Paris du milieu du XIXème siècle, avec la fondation en 1847 par Louis François Cartier, mais il faudra quelques années pour que la maison familiale devienne le « le joaillier des rois et le roi des joailliers»» avec notamment l’implantation en 1899 au 13 rue de la Paix. Les relations avec le monde du luxe et de la Haute couture incarnée alors par Worth se développe, Cartier a désormais son propre atelier et son style se dessine très clairement. L’aspect familial de l’entreprise est essentiel pour comprendre cette maison et son développement. Jusqu’en 1964 c’est la famille qui a les rênes. Et ce sont les liens familiaux (fraternels et filiaux) qui ont permis une extension cohérente à l’internationale avec l’ouverte des maisons de Londres (1902) et New York (1909) confiées à chacun des fils d’Alfred Cartier.
On passe donc de robes en tableaux, on peut admirer des plans de la boutique rue de la Paix, des gravures de modes, des dessins préparatoires, des documents d’archives…On est dans l’intimité de Cartier, rien ne nous échappe.

WP_000803Mais parlons un peu de ce style Cartier qui a su séduire Mathilde Bonaparte, Edouard VII, le Maharaja de Patiala, Elisabeth Taylor et plein d’hautes grandes dames : Marjorie Merriweather Post, la duchesse de Windsor, Daisy Fellowes, Grace de Monaco ou Jeanne Toussaint. Toutes sont évoquées avec certains de leurs bijoux les plus célèbres.
Cartier c’est le style classique en premier lieu. Admirateur de l’Antiquité, Louis Cartier mettait à disposition des dessinateurs sa propre collection. A une époque où l’art nouveau impose une fluidité des lignes, Cartier reste fidèle au style Louis XVI qu’on va appeler « le style guirlande » Le sertissage est discret et laisse voir une dentelle de bijoux.
La géométrie des formes séduira aussi Cartier et l’Art Déco des années 20 va influencer très nettement certaines créations, Cartier est d’ailleurs l’un des précurseur de ce style, appelé « style moderne ». On est dans le noir et blanc avec l’emploi de l’onyx, du cristal de roche et du platine, toujours le platine, imposé en 1900.WP_000829
Mais la couleur ne se cache pas pour autant. Au contraire, elle peut être vive et chatoyante, avec l’emploi de plus en plus fréquent de semi-pierre précieuse : citrine, améthyste, agate, aigue-marine, topaze, turquoise, corail, ambre, jaspe et j’en passe. L’influence des Ballets Russes évoqués par ce superbe tableau de Jacques-Emile Blanche –Karsavina dans l’Oiseau de feu- est frappante. Ils ont décidément révolutionné tous les arts du début du XXème siècle.
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Maharaja of Patiala
Maharaja of Patiala

 

 

 

 

 

 

 

 

On peut également admirer toute l’influence exotique dans les collections, un coup on est en Egypte, puis en Chine, au Japon, et surtout en Inde…D’ailleurs comment ne pas s’extasier devant le collier de diamants créé pour Bhupinder Singh Maharaja de Patiala, une subtile alliance du style moderne et de la tradition indienne, qui avait été démantelé et reconstitué il y a quelques années par les ateliers Cartier. C’est l’installation de Cartier en Angleterre qui lui fera découvrir tous les joyeux de l’Empire britannique et ses gemmes multicolores qui sortent des mines en profusion.
WP_000812On se rêve également princesse de bal devant ces fameuses tiares, parmi lesquelles celle portée par la Duchesse de Cambridge lors de son mariage, le diadème Halo, créé en 1936 et composé de 739 diamants. Pour rester dans la famille royale d’Angleterre on peut aussi évoquer cette délicate fleur qui s’ouvre autour du diamant Williamson, un dimant rose de 54,50 carats, offert à Elisabeth pour son mariage en 1947.

La-Grande-pendule-mysterieuse-Portique-creee-par-Maurice-Couet_portrait_w674Un tout petit mot sur ces pendules mystérieuses inspirées d’un tour de Jean-Eugène Robert-Houdin adapté pour Cartier par l’horloger Maurice Couët en 1912. Les aiguilles en platine et diamant tournent dans le vide, comme si elles n’étaient reliées à aucun mécanisme et autour d’elle, une enveloppe de luxe. (http://www.cartier.fr/la-maison/patrimoine/la-collection-cartier/2/8). Elles font parties des incontournables de la création Cartier et 18 sont présentées ici. Une occasion rare de pouvoir les observer de près.

broche pince, 1949, Vendue à la duchesse de Windsor
broche pince, 1949, Vendue à la duchesse de Windsor

Enfin, depuis les années 40, l’une des spécialités de la maison Cartier c’est son bestiaire. Toute une faune exotique ou mythologique prend vie sous les doigts des créateurs qui donnent naissance à des objets absolument somptueux, en tête desquels la fameuse panthère. Développée par Jeanne Toussaint muse puis collaboratrice de Louis Cartier, la panthère qui n’était d’abord qu’un motif décoratif va s’imposer jusqu’à devenir l’emblème de la maison. Elle symbolise aussi la femme libre et indépendante ce qui explique peut-être qu’elle plut tant à Wallis Simpson ou Nina Dyer, épouse de Sadruddin Aga Khan.

Messieurs si vous vous dites que cette exposition n’est pas pour vous (ou qu’elle risque de vous coûter un bras en éveillant les envies de votre accompagnatrices), rassurez-vous, Cartier a aussi pensé à vous. On y trouve tout un tas d’objets sublimés, étui à cigarette, nécessaire de beauté, bouton de manchette, l’épée d’académicien de Jean Cocteau, dessiné par lui-même et orné d’une émeraude donnée par Coco Chanel. Sublime ! Vous pourrez même voir la réplique du module lunaire d’Apollon 11 en or jaune, or blanc, laque noire, émail rouge, blanc et bleu.

Vraiment une belle réussite, on en redemande. Attention juste à bien choisir son créneau horaire, car en cas de surpeuplement, il devient difficile et inconfortable d’apercevoir le moindre petit diamant. Mais quand on s’approche enfin, le rêve commence…

WP_000816Cartier, Le Style et l’Histoire
4 décembre 2013 – 16 février 2014
Grand Palais, Salon d’Honneur

commissaires : Laurent Salomé, conservateur en chef du patrimoine et directeur scientifique de la
Rmn-Grand Palais, et Laure Dalon, conservateur du patrimoine, son adjointe.
scénographes : Nicolas Groult et Sylvain Roca