L’oeuvre du jour : La naissance de Vénus

En cette période de confinement chacun chez soi, je vous propose de partager des œuvres qui vous plaisent (ou pas), qui vous interrogent, nous interpellent tout simplement.

Pour commencer, une des œuvres les plus connues peut-être mais aussi l’une des plus belles et des plus anti-naturelles qui soit.

La naissance de Venus de Sandro Botticelli.
Sandro Botticelli - La nascita di Venere - Google Art Project - edited.jpg

En 1485, Botticelli a 40 ans et est un artiste confirmé. Élève de Fra Fillipo Lippi et de Verrochio, il est l’un de ces artistes humanistes qui font de Florence la capitale des arts. Son talent le fait appelé à Rome par le pape Sixte IV à la décoration de la chapelle Sixtine, mais son travail ne fut pas assez reconnu à son goût et il rentre dans sa cité. A florence, il est sous la protection des Médicis. La naissance de Vénus est d’ailleurs peut-être, une commande de Pierre-François de Médicis, dit le Popolano (1463-1503, Florence), cousin de Laurent le Magnifique.
Le thème du tableau est issu de la mythologie gréco-romaine et relate l’une des versions de la naissance d’Aphrodite. Dans la Théogonie d’Hésiode, Cronos aurait coupé les bourses d’Ouranos (sympa la relation père/fils) qu’il jeta au hasard, une partie se retrouvant dans les flots. De nombreux êtres en naquirent, dont notre déesse :  » Une blanche écume sortait du membre divin. De cette écume, une fille se forma ». C’est pour marquer son origine marine que dès le IVe siècle avt. JC , la coquille devient un attribut d’Aphrodite.

Sur la droite, c’est l’univers aérien et nous pouvons observer Zéphyr, personnification du vent de l’Ouest et la nymphe Chloris qu’il « avait ravit » pour l’épouser. Il souffle pour pousser vers la rive la déesse et sur la gauche, la terre et une des Heures, fille de Zeus et Thémis. Ces trois personnages se retrouvant également dans le Printemps de Botticelli (1477-1482). D’ailleurs en ces premiers jours printaniers vous remarquerez cette atmosphère florale qui règne dans l’oeuvre, car Vénus est aussi une déesse de la vie.
Enfin au centre, le personnage principal Aphrodite-Vénus, dans une composition d’une harmonie parfaite et nue. Le premier nu mythologique d’inspiration antique de la peinture occidentale depuis l’Antiquité justement. Pourtant cette nudité n’est pas vulgaire, bien au contraire, c’est la beauté pure et divine, au-dessus de toute chose terrestre. Une petite révolution qui déplaira quelques années plus tard à un certains Savonarole.

 

Fresco from Pompei, Casa di Venus, 1st century AD. Dug out in 1960. It is supposed that this fresco could be the Roman copy of famous portrait of Campaspe, mistress of Alexander the Great

Le modèle pour commencer, Simonetta Vespucci. Certains l’auront peut-être reconnue car elle l’un des modèles les plus célèbres. On la retrouve chez de nombreux artistes et est présente dans plusieurs oeuvres de Botticelli. Morte à 23 ans en 1476, elle est donc disparue depuis plusieurs années quand le peintre prête ses traits à sa déesse. Certains pensent qu’il en était amoureux. Il demanda d’être enterré à ses pieds à son décès, ce qui fut accordé en 1510. Résultat de recherche d'images pour "simonetta vespucci"

La pose s’inspire de modèles antiques connus de Botticelli, notamment la Vénus anadyomène ou l’Aphrodite de Praxitèle connue par des copies.
Tout comme ses copines, notre Vénus nous offre un beau déhanché; le fameux contrapposto hérité de la sculpture grecque du VIe siècle avt JC. Cette invention apporta plus de légèreté à la sculpture, plus de dynamisme aussi pour mettre davantage en valeur ses corps parfaits.
Le petit problème c’est qu’en y regardant de plus près, notre Vénus a disons, un petit quelque chose qui cloche. Imaginez une ligne verticale qui la coupe en deux et vous verrez qu’il y a un léger problème d’équilibre. Si vous vous ennuyez, essayez de tenir de la même façon. De plus son bras est démesuré et son épaule est bien basse.
Mais vous savez quoi ? C’est dans le fond sans importance. Botticelli nous présente la déesse de la Beauté et de l’Amour et même dans ses déséquilibre elle incarne encore aujourd’hui presque 600 ans après, un idéal de féminin sans pareil.
Il en existe de nombreuses interprétations, trop pour toutes les aborder, par exemple le fait qu’il s’agisse de l’idée néoplatonique de l’amour divin, certains y font également une lecture chrétienne.
Bon courage a tous dans vos confinements respectifs. Laissez vos esprits vagabonder mais vos corps bien au chaud.

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Aphrodite de Cnide, copie romaine d’après Praxitèle, palais Altemps 
Vénus Capitoline, 140-140, musée du Capitole

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette petite vidéo est rigolote :
https://www.arte.tv/fr/videos/086755-001-A/crobar-la-naissance-de-venus-sandro-botticelli/

 

Pour ceux qui aime les études de compositions, de lignes, de nombre d’or ou autre je vous renvoie à l’étude suivante, http://www.art-renaissance.net/Botticelli/Naissance-Venus-Botticelli.pdf.

A star is dead il y a 500 ans. Leonard au Louvre !

 

Il y a 500 ans disparaissait Leonardo Da Vinci à Amboise. Ce fils illégitime d’un notable florentin, devenu avec le temps l’un des plus grands artistes du fait de son talent et son érudition ne cesse encore aujourd’hui de fasciner et d’attirer les foules. Pour le célébrer comme il se doit, le Louvre qui possède la plus grande collection au monde de ses œuvres (merci François Ier) organise après 10 ans de travail l’exposition de tous les superlatifs. « Grandiose », «  historique », « exceptionnelle », « seul le Louvre pouvait le faire ». N’en jetez plus !
Et il est vrai que cette exposition était sans doute l’une des plus attendues et donc très fréquentées (330.000 réservations fin octobre). Mais qu’en est-il vraiment ?

L’exposition commence par la formation de Leonardo Da Vinci dans l’atelier de Verrocchio, sculpteur, peintre et orfèvre florentin. Chez lui notre Leonardo apprend l’importance de la lumière sur le rendu des formes. Comment les ombres et les clairs façonnent un objet, plus que la ligne. Vers 1478, il va plus loin en élaborant le componimento inculto (« composition inculte »). Un dessin libre, instinctif, en rupture avec la réalité des lignes fixes et en recherche de mouvement. Cette recherche picturale aboutira au fameux sfumato. Une superposition de léger glacis qui finit par gommer les contours et donner un aspect vaporeux à ses œuvres.

L’Étude pour la Madone au chat, British Museum. Source Wikipédia

Puis vient la période milanaise, jusqu’à l’invasion française par Louis XII en 1499. L‘artiste se diversifie et devient scénographe, mais aussi concepteur d’engins militaires. En 1500, il revient à Florence. La cité a subi quelques remous politiques, mais est désormais stable. Le gonfalonier de justice ouvre alors en 1503-1504, une compétition célèbre pour la réalisation de deux fresques sur des batailles florentines. Une sera réalisée par Leonardo, l’autre par Michel-Ange. Leonardo se frotte pour sa part à la bataille d’Anghiari. Malheureusement aucune de ces œuvres n’a survécu. Il ne nous reste que des dessins préparatoires pour avoir une idée de la fougue de cette fresque innovante à la composition déchaînée.

La partie de l’exposition qui est peut-être la plus fascinante est celle consacrée à l’homme de sciences. Grand humaniste de la Renaissance, Leonardo Da Vinci s’intéressait au monde qui l’entoure et ce depuis son enfance, quand son grand-père lui enseignait « Po l’occhio ! » (Ouvre l’œil !). Il étudie l’anatomie, l’optique, l’astronomie, la mécanique, la botanique, la zoologie et j’en passe. Ses feuilles (écrites de droite à gauche), illustrées de dessins techniques sont des merveilles à regarder. C’est dans cette partie que vous verrez dans le fond, l’Homme de Vitruve, prêtée à la dernière minute par l’Italie et qui restera que quelques semaines dans l’exposition du fait de sa grande fragilité.

La Madone Benois (1478) de Léonard de Vinci © The State Hermitage Museum, St Petersburg
La Madone Benois (1478) de Léonard de Vinci © The State Hermitage Museum, St Petersburg

Avec 10 peintures du maître, plus la Joconde en salle des états sur 20 connues et reconnues, on pourrait se dire waouh. Et pourtant, on sort de cette exposition avec un je ne sais quoi de manque. On est clairement sur notre faim. En fait, on a l’impression d’avoir vu beaucoup de dessin, du moins si on a réussi à se frayer un passage jusqu’à ces derniers. Alors oui, un dessin de Léonard c’est toujours merveilleux, c’est vivant, dynamique, et je ne parle pas de ses dessins scientifiques juste extraordinaires. Mais quand même ! De plus, si on regarde bien, dans le fond, une grande partie de l’exposition est consacrée à sa formation et présente donc des œuvres du maître Verrocchio. Se rajoute à cela l’impression de ne pas avoir eu beaucoup d’informations, et c’est peu dire, si on ne paye pas de guides ou d’audioguides. J’ai découvert aujourd’hui qu’il existait un livret sur le site du musée avec toutes les informations sur les tableaux, tout ce qui m’a manqué dans ma visite ! Peut-être que dans la précipitation et perdue dans la cohue j’ai manqué l’info sur place, mais un peu plus de textes sur les tableaux n’aurait pas fait de mal quoi qu’il en soit. Pour résumer, même si l’exposition regorge d’œuvres de premier plan, de dessins sublimes et tout et tout. On en sort un peu déçue et pour en avoir parlé autour de moi. Je ne suis pas la seule à me dire « beaucoup de bruit pas pour rien, mais beaucoup de bruit par rapport au contenu ». En comparaison, l’exposition sur Raphael était davantage complète et à plus d’un titre. Le propos était plus étoffé, la vie de l’artiste mieux expliquée et le corpus de peintures plus imposant.

Tête de femme dite La Scapigliata
Tête de femme dite La Scapigliata / Ministero dei Beni e delle Attività culturali – Complesso Monumentale della PiloEntrer une légende

Après, il est vrai qu’organiser cette exposition a été un parcours semé d’embûches diplomatiques et stratégiques. Quand un musée a un tableau de Léonard, il n’est pas fou, il ne veut pas le prêter et risquer de se priver d’une pièce majeure, privant l’exposition d’autres peintures majeures. Pas de Salavdor mundi non plus. L’oeuvre achetée pour une petite fortune soit disant pour être prêtée au Louvre pour cette exposition a tout simplement….disparu !

Malgré tout cela, je vous conseillerai de la faire cette exposition, car ça reste Léonard de Vinci, qu’on y voit des pièces sublimes, des pages de codex, et l’Homme de Vitruve, tout de même ! Mais n’oubliez pas de réserver sinon vous n’irez pas bien loin, et de choisir un créneau pas trop fréquenté, car être bousculé toutes les 2min gâche un tantinet l’expérience.

 

L'homme de Vitruve, dessiné par Léonard de Vinci
L’homme de Vitruve, dessiné par Léonard de Vinci © Getty / DeAgostini

 

LEONARD DE VINCI
Musée du Louvre
Du 24 octobre 2019 au 24 février 2020

 

Commissaire(s) :

Vincent Delieuvin, conservateur en chef du Patrimoine, département des Peintures, et Louis Frank, conservateur en chef du Patrimoine, département des Arts graphiques, musée du Louvre.

 

Tolkien. Son oeuvre prend vie à la BNF

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La BNF propose une exposition fantastique cet Automne, consacrée à l’un des plus grands écrivains du XXe siècle, J.R.R Tolkien. Et non ce n’est pas une expo de geeks ! La Bibliothèque Nationale ne possède aucune œuvre de l’auteur et c’est la première fois qu’elle organise un évènement autour d’un artiste non présent dans ses collections. Pour donner une légitimité scientifique à son propos et ne pas seulement en faire un sublime coup commercial, elle se sert de ses œuvres propres pour appuyer le propos. Ainsi de magnifiques manuscrits médiévaux enluminés viendront témoigner de la multitude d’inspiration qu’a eut Tolkien, tout comme le Cor dit de Roland du XIe siècle n’est pas sans rappeler le cor de Boromir, personnage du Seigneur des Anneaux.

Un petit rappel sur l’auteur pour les non-initiés. Grand philologue Tolkien fut professeur à Oxford, étudiant entre autres Beowulf. Linguiste de génie, il invente de nouvelles langues, dont certaines très développées et créé autour de ces dernières toute une mythologie. C’est ainsi que peu à peu émerge l’univers de la Terre du Milieu, riche d’une histoire complexe et de peuples aussi différents que les petits hobbits aux pieds velus que les grands elfes gracieux. En 1937 paraît Le Hobbit, destiné à un jeune public. La suite, Le Seigneur des anneaux publiée en 1954-55 est plus développée et s’adresse à un lectorat un peu plus âgé. Le Silmarillion encore plus compliqué dans son style, évoque toute la cosmologie de la Terre du Milieu et son Histoire sera publié pour sa part à titre posthume tout comme Les contes et Légendes inachevées.
Tolkien n’est certes pas le premier auteur de fantasy, mais le succès de son œuvre et la complexité de ce monde qu’il a créé a remis ce genre littéraire sur le devant de la scène. L’universitaire Tom Shippey résume son influence en disant qu’« il a fondé le genre de l’heroic fantasy sérieuse ».

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Bilbo arrive aux huttes des Elfes des radeaux, illustration du Hobbit [1937]
Oxford, Bodleian Library, MS. Tolkien Drawings 29
© The Tolkien Estate Ltd 1937
L’exposition est conçue comme une immersion très poussée dans la Terre du Milieu, ponctuée de lettres manuscrites de Tolkien ou encore de dessins de sa main. Car oui, ce n’est pas juste, il savait aussi très bien dessiner. On a une frise chronologique des évènements cités et des cartes resituant le spectateur dans l’histoire et la géographie de ce monde fascinant. On passe ainsi par le Comté (the Shire) chez les hobbits, le Rohan et le Gondor royaumes des hommes, les terres des elfes, la Lothrien et Fendeval, les royaumes des nains ou encore le Mordor, terre de Sauron, le grand œil maléfique à la recherche de son anneau unique.
Chaque partie explore les caractéristiques des différents peuples, leurs langues et leur importance dans le récit.

La seconde partie de l’exposition est davantage portée sur Tolkien lui-même. Pour être honnête je n’ai pas pu voir grand-chose, (crise de bébé oblige), mais le dossier de presse est là pour m’aider. On découvre ainsi un Tolkien professeur d’Oxford apprécié, immense érudit, spécialiste internationalement reconnu des littératures médiévales anglaise et européennes. On en apprend un peu plus sur sa famille et ses amis dont C.S. Lewis, auteur de Narnia.
C’est dans cette seconde partie qu’on comprend à quel point sa vie et son univers étaient liés. A quel point il avait étendu sa mythologie et s’était attaché à cette dernière au point de s’identifier lui et sa femme sur sa tombe par le nom de deux de ses héros romantiques Beren et Luthien.

 

Pour conclure, c’est vraiment une belle exposition, et il n’est pas nécessaire d’être un grand lecteur de cet auteur pour l’apprécier. On pénètre dans la genèse d’une œuvre et dans toute sa richesse. On voyage tout simplement, comme Frodon à travers les paysages de la Terre du Milieu (le poids de l’anneau en moins). Je vous conseille néanmoins d’acheter vos billets à l’avance devant la forte fréquentation. Et conseil pour les jeunes parents. Ne faites pas comme moi, faites garder bébé, même s’il vous permet de passer plus vite la sécurité.

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Lettre du roi : Lettre d’Aragorn à Sam (3e version)
Marquette University
© The Tolkien Estate Limited/ The Tolkien Trust [début des années 1950]
Du 22 octobre au 16 février.

Commissariat

Vincent Ferré, professeur de littérature comparée à l’université de Paris Est-Créteil
Frédéric Manfrin, conservateur en chef au département Philosophie, Histoire et Sciences de l’Homme, BnF
Commissaires associées : Élodie Bertrand et Émilie Fissier, BnF

 

 

Degas fait danser le musée d’Orsay

Voici l’une des expositions les plus attendues de cette rentrée. Bon d’accord pas autant que celle sur Léonard de Vinci, mais tout de même. Nous voici donc à l’Opéra avec Degas, au musée d’Orsay.

Bon l’ayant visitée un dimanche pluvieux (donc bondé) et avec une poussette (qui m’a permis de ne pas faire 1 heure de queue, merci Orsay), je n’ai pas tout lu, loin de là. Je me suis juste laissée porter par la beauté des œuvres et c’était très bien aussi.

Quand on pense Degas, on pense souvent à ces petits rats en tutu, ou à sa petite danseuse fière. Et pour cause, ce passionné de musique en fera l’un de ses thèmes de prédilection des années 1860 jusqu’à ses œuvres ultimes vers 1900. Il multiplie sur un même sujet les points de vue, les cadrages, les thèmes et même les techniques allant du pastel, à l’huile à la sculpture. Cette diversité dans la création offre un panel d’une richesse unique dans l’Histoire de l’art et un regard sur un monde souvent fantasmé en dévoilant autant la magie des mouvements des danseuses, la passion des musiciens, les corps en torsion que l’aspect social pas toujours honorable.

Edgar Degas,Le foyer de la danse,© Courtesy National Gallery of Art, Washington DC
Le foyer de la danse. 1890-1892, Huile sur toile, H. 40 ; L. 88,9 cm, Washington, National Gallery of Art© Courtesy National Gallery of Art, Washington DC

Mais attention, ses œuvres donnent peut-être l’illusion du mouvement pris sur le vif, mais Degas aussi moderne soit-il est un peintre d’atelier. Il y réarrange ses motifs en y mêlant autant ses souvenirs que son imagination, créant ainsi un monde entre deux, à la voix vivant et réaliste mais tout autant inventé.

D’ailleurs hormis dans ses deux versions de Robert le Diable, l’œuvre jouée n’est jamais identifiable que ce soit dans les costumes où les décors.
Le visiteur plonge dans la magie de l’opéra, accueilli par cette splendide maquette de l’opéra Garnier. Il visite l’orchestre, salue les musiciens et se retrouve dans les salles de classe et les coulisses de l’opéra Le Pelletier qui brûle en 1873. Degas connaîtra également l’opéra Garnier mais ce dernier n’est jamais vraiment représenté. On rencontre également le fameux abonné aux motivations pas toujours louables ou poussées par l’amour de la danse. Cette figure sombre en chapeau haut-de-forme rappelle la misère de certaines jeunes danseuses parfois poussées à la prostitution ou du moins à avoir un protecteur. Ainsi la Jeune danseuse de 14 ans qui choqua ses contemporains par son allure « vicieuse », est un vrai modèle, Marie Genevieve van Goethem, qui fut finalement renvoyée pour absentéisme et se prostitua, à 20 ans.

Edgar Degas,Le Rideau,© Washington, DC, The National Gallery of Art – NGA IMAGES
Le Rideau Vers 1881, Pastel sur carbone et monotype sur papier vergé monté sur panneau. Washington, DC, The National Gallery of ArtCollection de Mr. and Mrs. Paul Mellon© Washington, DC, The National Gallery of Art – NGA IMAGES

Mais Degas ne juge pas vraiment. De même cet artiste au caractère, disons, difficile et misogyne adopte un regard relativement neutre, privilégiant le motif au sens. Il fait bouger les corps, essaye des formats nouveaux, des cadrages audacieux et des jeux de lumières avec une vivacité des couleurs sublimes.

Une exposition toute en couleurs et en tutus et pointes, à voir et revoir, d’autant plus que le prix est compris dans le billet d’entrée et qu’il ne faut pas vendre un rein pour y aller.

Edgar Degas,Trois danseuses,© Robert Bayer
Trois danseuses (Jupes bleues, corsages rouges), Vers 1903, Pastel sur papier collé sur carton. H. 94 ; L. 81 cm. Bâle, Suisse, Fondation Beyeler© Robert Bayer

Degas à l’opéra au musée d’Orsay.
24 septembre 2019 – 19 janvier 2020

Commissaire général

Henri Loyrette

Commissaires

Leïla Jarbouai, conservatrice arts graphiques au musée d’Orsay
Marine Kisiel, conservatrice peintures au musée d’Orsay
Kimberly Jones, conservatrice des peintures françaises du XIXe siècle à la National Gallery of Art de Washington

Ôde à Notre-Dame

Je sais que cela fait un gros moment que je n’avais plus publié sur ce blog. Plus de temps, d’autres obligations. Mais en regardant hier sur mon écran de télévision Notre-Dame de Paris brûlée j’ai eu envie d’écrire à nouveau. Ecrire pour ce monument, pour cette cathédrale, pour notre patrimoine.

Je ne pensais pas le citer un jour bien que je n’aie rien contre lui, mais Stéphane Bern avait raison, c’était un peu comme voir une amie sur le point de disparaître. Heureusement elle a tenu bon grâce au travail des pompiers et a ceux qui il y a 9 siècles l’ont conçue. Mais elle est fragile et il faudra des décennies pour la retrouver sans qu’elle ne soit jamais tout à fait la même. Hier nous avons assister à un drame historique qui est inscrit dans sa pierre à tout jamais.

 

Notre-Dame pour moi et pour beaucoup c’est une belle dame que l’on voit sans forcément y faire attention. Toujours là, fidèle et noble. Presque pimpante avec le nettoyage de sa façade. Le nombre de fois où je suis passée devant, où je l’ai cherché du regard en traversant un pont, où j’ai fait un détour exprès pour passer sur le parvis et quand la file de touristes n’était pas trop impressionnante je rentrais dedans. Et à chaque fois malgré la horde des gens qui usaient de leur flash et oubliant le côté sacré bavardaient à tout va, elle était époustouflante de dignité, de grandeur. La magie de la lumière filtrant dans les rosaces, l’odeur de la pierre. C’était une vieille amie qu’on pensait éternelle et qui nous rappelle comment notre patrimoine, même celui que l’on croit indestructible peut être fragile.

Il y a quelques années j’ai eu la chance de monter dans la charpente avec mes camarades de Master 1. C’était magnifique et calme. Le mot « forêt » que j’entends depuis hier pour décrire cette charpente lui allait comme un gant. Je n’avais pas osé monter dans la tour. J’avais peur de ce petit escalier et de la hauteur. Et aujourd’hui je me dis que jamais plus je n’aurai cette occasion.

Je n’ai pas honte de le dire, hier j’avais les larmes aux yeux en la voyant brûler, en imaginant le pire. Ce matin sa structure est sauve, les pompiers ont sauvé son trésor, sa façade mais elle est fragile et ne sera plus jamais comme avant et je sais que mon cœur se serrera à chaque fois que je la chercherai des yeux. Mais je sais aussi qu’elle sera reconstruite, qu’une nouvelle page s’ouvre pour elle et j’espère que cela ne prendra pas trop de décennies. Aujourd’hui il faut juste tenter de voir le bon côté, et se dire que cela aurait pu être pire mais c’est dure. Comme quand un ou une amie souffre, il faut s’épauler et être là pour elle maintenant.

 

21 rue de la Boétie

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Rosenberg par Picasso

L’exposition du musée Maillol est l’une des belles expositions de la saison et une de celles dont on se souvient longtemps.
Inspirée par le livre d’Anne Sinclair, 21rue de la Boétie cette exposition est un ensemble d’histoires, celle d’une collection débutée en 1910, d’un collectionneur, d’artistes et d’une partie de l’Histoire de France et de l’Art.
Paul Rosenberg (1881-1959) car c’est lui le protagoniste principal, est l’un des grands galleristes du XXe siècle et est à la fois témoin, acteur et victime de cette histoire.
Son père Alexandre est déjà marchand d’art originaire de l’Empire Austro-Hongrois. Installé à Paris en 1878, il s’est spécialisé dans les impressionnistes et néo-impressionnistes. Il fait participer ses deux fils au commerce familiale et ils finissent par ouvrir leurs propres galeries, Paul, rue de la Boétie et Léonce, spécialiste des cubistes, dans la rue de la Baume.

On apprend que les frères Rosenberg n’étaient pas des tendres. Ils profitent ainsi de la nationalité allemande d’un autre grand marchand de l’époque, Daniel-Henry Kahnweiler. Ses œuvres (des Picasso, Braque, Gris et Derain) furent mises sous séquestres suite à la Première guerre mondiale au titre de prises de guerre. Léonce se fait nommer expert de la vente et sous-évalue volontairement une partie des œuvres pour mieux les racheter. Seulement le profit est de courte durée, la plupart des artistes lui en voulurent et se tournèrent vers son frère.

Le système Rosenberg se met peu à peu en place, reposant sur des relations contractuelles et amicales le liant à des artistes de premier plan de l’art moderne, Picasso, Braque, Léger, Laurencin et Matisse tout en continuant d’afficher des œuvres plus « rassurantes » comme des impressionnistes, es paysagistes de l’École de Barbizon ou des Delacroix, Ingres et autres classiques français.
Chaque œuvre transitant par la galerie est soigneusement enregistré sur une petite fiche descriptive avec photo ce qui permet encore aujourd’hui de retrouver au hasard d’une exposition des peintures qui ont transités entre ses mains.
Il comprend parfaitement l’importance de la communication, utilisant tous les moyens pour promouvoir ses artistes : catalogues, expositions, publicités etc. Enfin,
Paul est l’un des premiers à comprendre l’importance des Etats-Unis dans le marché de l’art. Il effectue ainsi des visites régulières de l’autre côté de l’Atlantique, contribuant peu à peu à déplacer la capitale des arts de Paris à New-York. Il s’y installe en 1940 fuyant le nazisme et aidé de ses proches, il y  ouvre une galerie au 16 East 57th Street, transférée en 1953 au 20 East 79th street.

Pendant ce temps en France, ce qui reste de sa collection est peu à peu spoliée par l’Occupant, sa galerie devenant comble du déshonneur l’Institut d’étude des questions juives. Bien qu’une partie de la collection fut rendue à ses propriétaires légitimes, la famille continue encore à se battre pour récupérer ses biens. Ainsi en 1997 elle récupère L’odalisque de Matisse exposée au Seattle Art Museum, en 1999 c’est la France qui restitue un Nymphéa de Monet et en 2014 c’est le centre d’art norvégien Henie-Onstad qui rend Robe bleue dans un fauteuil ocre de Matisse.

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Leger, Trois femmes, 1921

L’un des points forts de l’exposition est de sortir légèrement de son sujet pour plonger dans le contexte plus large du monde de l’art sous la domination nazi dès 1933. On nous explique clairement l’opposition entre ce que devait être l’art aryen, représentant la grandeur du peuple allemand et ses valeurs de travail, de monde rural, de virilité et de femme au foyer et au contraire la mise au pilori de l’art moderne considéré comme « art dégénéré » par Gobbels. Deux expositions ont ainsi été organisée en 1937 à Munich,  « GRANDE EXPOSITION DE L’ART ALLEMAND » et  celle « D’ART DÉGÉNÉRÉ » qui voyagea dans 12 villes avec plus de 3 millions de visiteurs. On indiquait notamment sur les cartels le prix des œuvres avec la mention  « payé par les impôts du peuple allemand ».

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Marie Laurencin (1883-1956), La répétition (Groupe de femmes), 1936, huile sur toile, 120,5 x 120,5 cm, 1936 Centre Pompidou, Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle (Don de Paul Rosenberg, 1947).

Vous l’aurez compris c’est une exposition d’une grande richesse que je ne peux pas vous résumer complètement, il faut la voir, la vivre ou lire le livre d’Anne Sinclair. C’est instructif et enrichissant en plus d’être un plaisir artistique. C’est rare qu’une exposition réussisse à ce point à dépasser le simple affichage de tableaux aussi beaux soient-ils pour transcender un sujet. C’est le cas ici. C’est une page de l’histoire qui nous ai raconté.

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Commissariat :

Elie Barnavi, Benoît Remiche, Isabelle Benoit, Vincent Delvaux et François Henrard, de l’équipe Tempora. Elaine Rosenberg, belle-fille de Paul Rosenberg, à New York et Anne Sinclair, marraine de l’exposition.

Pissarro à Eragny

illusprogramme-pissarroRestons dans la nature avec le doyen des impressionnistes, Camille Pissarro (1830-1903). Moins connu qu’un Monet ou qu’un Renoir, Pissarro tient pourtant une place à part dans l’Histoire de l’art du XIXe siècle et du mouvement impressionniste. Proche de Corot, Monet, Cézanne, Daubigny ou encore Gauguin il est le seul peintre à avoir participé à toutes les expositions du groupe entre 1874 et 1886.

L’exposition du musée du Luxembourg ne se veut pas monographique, elle s’attache à une petite partie de sa vie, celle de son installation dans le village d’Éragny-sur-Epte dans l’Oise à partir de l’hiver 1884. Sa femme, Julie Vellay, attend son 8eme enfant, il cherche un endroit pour toute sa famille. Parmi toute sa petite tribu, 5 de ses fils deviendront peintres à leur tour. Lucien, l’aîné fonde même en Angleterre une maison d’édition, Eragny Press en hommage au village familial.

Camille Pissarro, Coin de jardin à Éragny, 1897 © Ordupgaard Museum

C’est une période de stabilité, de douceurs, de joies familiales, de paysages quotidiens et de motif récurrents. Il devient propriétaire de sa petite maison en 1892 grâce à un prêt de Monet et il y reste jusqu’à sa mort en 1903.

C’est bien évidement des paysages à profusion qui nous sont présentés. Différentes vues d’un même endroit, différentes lumières, typique des impressionnistes mais qui évoluent avec le temps vers un renouveau néo-impressionniste proche de Seurat. Ses convictions politiques sont également abordées. Pissarro était comme de nombreux artistes des années 1880 proche des idées anarchistes, il sera même recherché comme anarchiste non-violent après l’assassinat de Sadi Carnot en 1894. Il était partisan d’un art pour l’art, proche de tous, montrant le travail et débarrassés des idées religieuses et capitalistes. En 1889 il entreprend d’illustrer un album anarchiste, Turpitude sociale qui influence ses propres fils à ses idées politiques. Il s’attache également à peindre le monde rural avec le plus de fidélité possible. Il réaliste ainsi un livre illustré, Le travail des champs.

Camille Pissarro, Le bain de pieds, 1895 © Art Institute of Chicago

C’est une belle exposition à faire qui raconte avec douceur les dernières années de la vie de Camille Pissarro et le lien qui l’a uni à Eragny, un lien similaire à celui qui a uni Giverny et Monet.

Exposition au musée du Luxembourg 16mars-9 juillet 2017

Commissariat : Richard Brettell, directeur de l’Edith O’Donnell Institute of Art History, The University of Texas, Dallas et Joachim Pissarro, Bershad professeur d’histoire de l’art et directeur des espaces artistiques du Hunter College, City University of New York.

Scénographie : Etienne Lefrançois et Emmanuelle Garcia

Jardins au Grand Palais

affiche-jardinLes amoureux des jardins ont beaucoup de chance en ce printemps pas toujours très folichon, ils vont pouvoir nourrir leur soif de verdure et de plantes vertes au Grand Palais avec une exposition pluridisciplinaire originale et plutôt complète. L’approche à la fois historique, artistique et scientifique permet d’apprécier le jardin comme création de l’Homme qui façonne la nature et l’existant pour créer une nouvelle entité naturelle et humaine à la fois.

La première partie aborde le côté scientifique, manuel avec les herbiers, les outils et l’image du jardinier. Le vieux jardinier de d’Emile Clauss (1886) conjugue réalisme et impressionnisme pour nous montrer un homme âgé certes, mais solide, puissant à la peau tannée par le soleil et tenant avec délicatesse son pot de bégonias. L’homme du jardin dans toute sa force et sa douceur en somme.le-vieux-jardinier-emile-claus

Une fois qu’on descend l’escalier, on retrouve des éléments plus proches de l’histoire de l’art classique montrant l’évolution depuis la Renaissance. Une jolie mise en scène pour évoquer les jardins à la françaises avec des tableaux qui sont accrochés derrière une cimaise et qu’on voit comme des vues à travers des fenêtres. Vraiment bien vu, c’est une façon originale d’aborder une œuvre. Cela rappelle la fameuse phrase de Leon Alberti qui voyait l’art comme une fenêtre sur le monde. Ici c’est pris au pied de la lettre. On peut ainsi profiter de jolies vues d’Hubert Robert ou de Fragonard avant de découvrir toutes les œuvres impressionnistes qui traitent le sujet avec toute la lumière possible et le faisant entrer dans le domaine de la vie familiale et joyeuse comme chez berthe Morisot ou Monet.

En somme une belle exposition pleine de soleil, de plantes, de vie. Les titres même des sous parties sont une invitation à la promenade : humus, arboretum, belvédère, bosquets etc.

Si vous n’avez pas le temps ou l’opportunité de visiter l’exposition, je vous conseille le site du Grand Palais http://www.grandpalais.fr/fr/article/jardins-toute-lexpo, très bien fichu qui vous donnera toutes les informations nécessaire et plus encore.

JARDINS
15 mars-24 juillet 2017
Commissariat : Laurent Le Bon, président du Musée national Picasso, Marc Jeanson, responsable de l’Herbier national du Museum national d’Histoire naturelle, Coline Zellal, conservatrice au musée national Picasso.

Come back de printemps

Bonjour à tous,Résultat de recherche d'images pour "tenue correct exigée arts décoratifs"

Je crois avoir été absente une partie de l’hiver. Entre le travail et l’habitude de visiter
les expos la veille de leur fermeture, c’était un peu compliqué. J’aurai par exemple adoré vous faire partager celle sur les Fêtes et les divertissements à la cour du château de Versailles, avec les magnifiques tapisseries de Oudry, l’évocation du bal des Ifs et tout et tout.  Mais elle se termine aujourd’hui.

Heureusement avec le soleil de nouvelles expos germent et j’en ai à nouveau  quelques unes en réserve pour vous.

Commençons par une expositions friperie, « Tenue correct exigée » qui s’achève le 23 avril. Il reste donc un bon mois pour y aller.

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Alexis Chataignier, Ah, quelle antiquité !!! Oh ! quelle folie que la nouveauté… 1797, Paris © BnF

 

Le propos ? Rien de plus simple. Montrer comment depuis le XIVe siècle et à travers 400 vêtements la mode se dépasse, se réinvente jusqu’à choquer pour créer la nouveauté et comment elle est intimement liée à la société qui la façonne, lui dicte ses règles.

Le parcours -comme souvent avec les expos sur le textile aux Arts Déco est bien fichu, immersif, avec lumière sombre et grande vitrine, pas ennuyant pour un sous. On est plongé dans une longue histoire de tissus et de société. On comprend peu à peu (bien qu’on s’en doute) comment depuis toujours la façon de s’habiller relève à la fois d’une volonté personnelle et beaucoup de normes imposées. Par exemple, qu’est ce qui définit un habit d’homme, d’un habit de femme ? Pourvoi marquer cette différence? Ha l’héritage judéo-chrétien, encore cette fichue Eve. Mais pas que. Qu’est ce qui différencie la femme légère de dame de la haute société ? Rappelez-vous comment le portrait de Marie-Antoinette en robe de gaulle en mousseline blanche par E.Vigée-Lebrun fit scandale. Comment ? Osez représenter la reine de France comme une vulgaire femme du peuple. On pourrait croire que cela la rendrait sympathique, plus proche, plus normale, mais non. Par l’exposition de ce tableau, c’est la royauté qui est désacralisée et on dût retirer le tableau illico presto. De la même façon aujourd’hui, normalement dans notre société, toutes les femmes peuvent porter des pantalons. Mais que le combat fut dure. Et c’est encore aujourd’hui, même dans notre pays, un éternel débat. Peut-on s’habiller vraiment comme on le veut ? Puis-je mettre une jupe dans le RER à 22h, aller au travail en jogging, porter un burkini, ou une robe à fleurs à l’Assemblée nationale, un baggy à un entretien ? C’est un propos atrocement contemporain que nous offre le musée des arts Décoratifs.

Mais heureusement, parfois dans l’Histoire, il se trouve des personnes pour pousser un peu les choses et apporter un vent de fraicheur. On découvre la fabuleuse histoire du pantalon, de Dietrich à Yves Saint Laurent, celle de la capuche, de la mise en valeur de telle ou telle partie du corps.
A travers le prisme du vêtement, c’est toute notre société d’image que se propose de mettre en lumière le musée. Un plaisir instructif, porteur de réflexion où on ne s’ennuie pas une seconde.

A voir, à faire, à porter.

Commissaire : > Denis BRUNA, conservateur, collections Mode et Textile antérieures au XIXe siècle
Scénographie : > Constance Gui

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Cœur brûlés, Deutsche Kinemathek, Marle Dietrichcollectio, Berlin, 1930 C Eugène Robert Richee Entrer une légende

 

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Toutes les infos là : http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/musees/musee-des-arts-decoratifs/actualites/expositions-en-cours/mode-et-textile/tenue-correcte-exigee-quand-le-vetement-fait-scandale/

Rembrandt en toute intimité

crlr0xrwcae4pfcC’est l’une des plus jolies et plus attendues expositions de la rentrée que je suis allée voir pour vous, celle consacrée à l’une des plus grandes stars de l’Histoire de l’art : Rembrandt intime au musée Jacquemart-André.

Comme toujours le musée part de ses propres collections pour bâtir autour de ses œuvres un discours. Ici ce sont trois toiles du maître qui ont inspiré le propos et qui racontent le maître.Le Repas des pèlerins d’Emmaüs (1629), le Portrait de la princesse Amalia van Solms (1632), et le Portrait du Docteur Arnold Tholinx (1656) illustrent trois périodes de la vie de Rembrandt ainsi que l’évolution de son style.

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La première oeuvre, Les pèlerins, est peinte en 1629, il a 23 ans mais est déjà un artiste accompli de Leyde qui maîtrise son art et témoigne de utilisation du clair-obscur, dans la lignée caravagesque mais complètement réinterpréter à la sauce hollandaise. La lumière et l’obscurité servent à rendre l’intensité narrative et dramatique et attirent le regard sur la sainteté des personnages. 9-paris-musee-jacquemart-andre-institut-de-france-studio-sebert-photographes
Pour le portrait de la princesse, Rembrandt vient de s’installer à Amsterdam et il devient un peintre célèbre avec des commandes qui affluent. Amalia van Solms, est l’épouse du stathouder de Hollande, l’un des personnages les plus importants du pays et son portrait témoigne du fait que le peintre travaille désormais pour les plus grands. Il réalise aussi bien des portraits officiels, des portraits de commande, des portraits intimes et des portraits imaginaires avec à chaque fois des codes propres, tantôt austère, tantôt plus psychologique ou tantôt dans la magnificence la plus totale.

Mais son modèle le plus fidèle, en dehors de sa famille et notamment son épouse Saskia van Uylenburgh, c’est lui-même tout au long de son existence. Un peu comme un journal intime, on le voit vieillir certes mais surtout il se sert de sa figure comme une base de travail sur la représentation psychologique de ses modèles à laquelle il tenait tant.

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Dans les années 1650-1660, sa renommée porte désormais jusqu’en Italie pourtant les épreuves s’accumulent. Il a déjà perdu sa femme en 1642, puis sa nouvelle compagne Hendrickje Stoffels et son fils Titus ; il doit également vendre sa maison et ses collections pour échapper à la faillite. Son style évolue, il devient plus libre, plus vibrant, presque palpable et le Portrait du docteur Arnold Tholinx correspond à cette évolution..

En dehors de ces trois œuvres vous pourrez apprécier des gravures, des dessins, et d’autres peintures.

Je radote mais j’aime  beaucoup les expositions du musée Jacquemart-André. Elles réunissent à mon goût deux qualités essentielles : elles onts des sujets de choix et ne m’assomment pas, elles sont claires si vous préférez. Encore une fois, le musée est donc fidèle à sa réputation et ce à pourquoi je l’aime. Cette exposition est un petit bijoux avec des œuvres rares et merveilleuses autour d’un artiste aussi célèbre que mystérieux. Vraiment, un délice !


Exposition au musée Jacquemart André jusqu’au 23 janvier 2017

Commissariat

Emmanuel Starcky, Directeur des Domaines et Musées nationaux de Compiègne et de Blérancourt.
Peter Schatborn, Conservateur en chef émérite du Cabinet national des estampes au Rijksmuseum d’Amsterdam.
Pierre Curie, Conservateur du Musée Jacquemart-André.