Come back de printemps

Bonjour à tous,Résultat de recherche d'images pour "tenue correct exigée arts décoratifs"

Je crois avoir été absente une partie de l’hiver. Entre le travail et l’habitude de visiter
les expos la veille de leur fermeture, c’était un peu compliqué. J’aurai par exemple adoré vous faire partager celle sur les Fêtes et les divertissements à la cour du château de Versailles, avec les magnifiques tapisseries de Oudry, l’évocation du bal des Ifs et tout et tout.  Mais elle se termine aujourd’hui.

Heureusement avec le soleil de nouvelles expos germent et j’en ai à nouveau  quelques unes en réserve pour vous.

Commençons par une expositions friperie, « Tenue correct exigée » qui s’achève le 23 avril. Il reste donc un bon mois pour y aller.

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Alexis Chataignier, Ah, quelle antiquité !!! Oh ! quelle folie que la nouveauté… 1797, Paris © BnF

 

Le propos ? Rien de plus simple. Montrer comment depuis le XIVe siècle et à travers 400 vêtements la mode se dépasse, se réinvente jusqu’à choquer pour créer la nouveauté et comment elle est intimement liée à la société qui la façonne, lui dicte ses règles.

Le parcours -comme souvent avec les expos sur le textile aux Arts Déco est bien fichu, immersif, avec lumière sombre et grande vitrine, pas ennuyant pour un sous. On est plongé dans une longue histoire de tissus et de société. On comprend peu à peu (bien qu’on s’en doute) comment depuis toujours la façon de s’habiller relève à la fois d’une volonté personnelle et beaucoup de normes imposées. Par exemple, qu’est ce qui définit un habit d’homme, d’un habit de femme ? Pourvoi marquer cette différence? Ha l’héritage judéo-chrétien, encore cette fichue Eve. Mais pas que. Qu’est ce qui différencie la femme légère de dame de la haute société ? Rappelez-vous comment le portrait de Marie-Antoinette en robe de gaulle en mousseline blanche par E.Vigée-Lebrun fit scandale. Comment ? Osez représenter la reine de France comme une vulgaire femme du peuple. On pourrait croire que cela la rendrait sympathique, plus proche, plus normale, mais non. Par l’exposition de ce tableau, c’est la royauté qui est désacralisée et on dût retirer le tableau illico presto. De la même façon aujourd’hui, normalement dans notre société, toutes les femmes peuvent porter des pantalons. Mais que le combat fut dure. Et c’est encore aujourd’hui, même dans notre pays, un éternel débat. Peut-on s’habiller vraiment comme on le veut ? Puis-je mettre une jupe dans le RER à 22h, aller au travail en jogging, porter un burkini, ou une robe à fleurs à l’Assemblée nationale, un baggy à un entretien ? C’est un propos atrocement contemporain que nous offre le musée des arts Décoratifs.

Mais heureusement, parfois dans l’Histoire, il se trouve des personnes pour pousser un peu les choses et apporter un vent de fraicheur. On découvre la fabuleuse histoire du pantalon, de Dietrich à Yves Saint Laurent, celle de la capuche, de la mise en valeur de telle ou telle partie du corps.
A travers le prisme du vêtement, c’est toute notre société d’image que se propose de mettre en lumière le musée. Un plaisir instructif, porteur de réflexion où on ne s’ennuie pas une seconde.

A voir, à faire, à porter.

Commissaire : > Denis BRUNA, conservateur, collections Mode et Textile antérieures au XIXe siècle
Scénographie : > Constance Gui

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Cœur brûlés, Deutsche Kinemathek, Marle Dietrichcollectio, Berlin, 1930 C Eugène Robert Richee Entrer une légende

 

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Toutes les infos là : http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/musees/musee-des-arts-decoratifs/actualites/expositions-en-cours/mode-et-textile/tenue-correcte-exigee-quand-le-vetement-fait-scandale/

Les beaux paysages d’Île de France et de Normandie, comme un avant goût de vacances

Le paysage et tout particulièrement le paysage du XIXème siècle a été très à la mode cette saison. Le besoin d’espace ou de jolies couleurs peut-être.

Deux régions ont eu les honneurs, l’Île de France et la Normandie. L’une au musée de Sceaux et l’autre au musée Jacquemart André.

Dans le joli petit château de Sceaux, musée de l’île de France, les romantiques,  l’école de Barbizon, les impressionnistes et les néo-impréssionnistes sont à l’honneur. L’exposition rappelle combien cette région a été la capitale d’un genre en pleine évolution loin des mépris de l’académisme classique.
Pendant longtemps le paysage n’est pour beaucoup qu’un joli fond derrière des personnages historiques ou religieux et même si les écoles du Nord surent très tôt en leur temps lui donner ses lettres de noblesse, en France il tarde à s’imposer face au carcan de la théorie des genres de l’Académie Royale. En terme de prestige il arrive loin derrière les vierges, les héros ou même les portraits. Ainsi, même si des artistes comme Hubert Robert ou Pierre-Henri de Valenciennes  avaient commencé à bouger les lignes, il faut attendre le XIXème siècle avec sa nouvelle vision de l’artiste et le chamboulement des genres pour lui donner son véritable élan. Et entre le chemin de fer qui permet de s’éloigner facilement et rapidement de Paris,  le matériel de peintre plus moderne (le tube, en fin !!!!!) , la photographie qui lance un vrai questionnement sur l’intérêt de la peinture et une réflexion générale sur l’évolution des campagnes dans un siècle en plein changement sociétale et environnemental, tout cela forme un creuset parfait pour que le paysage moderne se forme peu à peu et attire de plus en plus d’artistes aux réflexions très différentes.

Quand à Sceaux on note l’influence de l’Âge d’or Hollandais sur les premiers paysagistes de la région, coté Jacquemart-André on rappelle  l’influence déterminante des anglais qui dès le XVIIIème siècle se sont intéressés à ce genre  avec  Gainsborough,  Constable puis Turner qui se rend en Normandie à la fin des guerres napoléoniennes. Les Pays-Bas et le Royaume Unis sont les deux nations précurseuses du paysage français.

Il y a d’abord l’école de Barbizon qui dans la forêt de Fontainebleau à l’auberge du père Ganne réunit des peintres comme, Rousseau, Corot, Millet qui se retrouvent dans une vision rêvée de la forêt sauvage et en même temps si proche. Mais le nom d’école est trompeur, il s’agit plus d’une fraternité d’artistes où se mêlent les points de vue, les regards et les styles.Expo_Paysages_Lavieille_Barbizon

Puis les impressionnistes vont encore plus loin en libérant la touche et le motif pour ne retenir que l’impression, la lumière. Jongking, Corot ou Renoir peignent notamment la vallée de la Seine avec douceur et  nostalgie, portant leurs regards vers la Normandie.

L’exposition se veut un très jolie voyage dans le temps, à une époque où tout s’accéléraient mais ou la nature avait encore une place déterminante, où Gentilly c’était la campagne et où le périphérique n’existait pas, où les canotiers et les moulins faisaient rêver les passants.  Mais les peintres et les photographes témoignent aussi des désastres de la guerre contre la Prusse de 1870 qui furent nombreux dans la région.

Coté Jacquemart-André on s’exile un peu plus à l’Ouest, quoi que. Nous retrouvons grosso-modo les mêmes artistes et cette même envie de témoigner d’une société en pleine évolution et de cette nature si proche qui côtoie l’industrialisation et les débuts du « tourisme » avec la mode des bains de mer. On visite la Normandie à travers ses artistes fétiches, ses « locaux » Boudin et Monet. Mais on rencontre aussi des parisiens qui ont pris le train comme Edgar Degas ou Caillebotte. La ligne Paris-Rouen est ouverte en 1843, prolongée vers Le Havre en 1847, vers Dieppe l’année suivante et vers Fécamp en 1856. Dans les années 1860, le train dessert DeauvilleTrouville et toutes les stations de la Côte Fleurie.

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BOUDIN Eugène-Louis (1824-1898) Scène de plage à Trouville – 1869 – Huile sur panneau – 28 x 40 cm – Collection particulière. Courtesy Galerie de la Présidence, Paris © Galerie de la Présidence, Paris

Les barques des pécheurs d’Honfleur, les berges de Dieppe et les falaises d’Etretat se mêlent joyeusement aux belles robes et aux ombrelles des grandes dames venues prendre l’air. Le paysage pur rencontre la peinture de mondanités.

Vous l’aurez compris ce sont deux expositions conçues de manières très indépendantes l’une de l’autre mais qui se révèlent très complémentaires dans le sujet, la naissance du paysage et son épanouissement à travers deux régions essentielles la Normandie et l’Île de France. Alors si vous aimez les peintres de Barbizon ou bien que vous préfériez l’impressionniste aux couleurs chatoyantes, vous serez comblés. Une manière de voyager dans le temps et dans l’espace sans aller trop loin (enfin quand on est parisien:/).

 

PAYSAGES DU ROMANTISME A L’IMPRESSIONNISME LES ENVIRONS DE PARIS
Du vendredi 18 mars au dimanche 10 juillet 2016
Musée du Domaine départemental de Sceaux

NORMANDIE L’ATELIER EN PLEIN AIR MONET, RENOIR, PISSARRO, SISLEY, GAUGUIN… Musée Jacquemart-André 18 mars – 25 juillet 2016

Claire Durand-Ruel Snollaerts, historienne de l’art, spécialiste et experte de Camille Pissarro. Elle a établi le catalogue raisonné de l’artiste.
Jacques-Sylvain Klein, historien de l’art.
Pierre Curie, Conservateur du Musée Jacquemart-André.

 

 

 

 

Louis XV à Fontainebleau

Cette semaine nous sortons un petit peu de Paris pour nous diriger vers l’un de ces lieux qui ont fait l’Histoire de France et qui la résume le mieux. Non, pas Versailles, mais Fontainebleau. Le château de Fontainebleau est à mes yeux l’un des plus beaux qui soit, je l’adore et je l’ai déjà dit sur ce site.

En ce moment, c’est une exposition consacrée au roi Louis XV qui s’y déroule et dont je vais vous parler.

Louis XV, le Bien Aimé roi mélancolique passait tous ses automnes entre 1724 et 1773 dans ce grand domaine. C’est ici, dans cette jolie chapelle qu’il se marie avec la discrète Marie Leszczyńska le 5 septembre 1725. C’est également là que décède son unique fils, le dauphin Louis, père du futur Louis XVI en 1765.

Le propos de l’exposition n’est pas le règne ou la personnalité de ce roi peu banal, mais davantage la trace qu’il laissa dans la décoration du château et sa passion pour la vénerie qui le ramenait inlassablement entre ces murs multi centenaires. Une centaine d’œuvres sont ainsi là pour témoigner du gout de cette époque, de ce XVIIIème siècle lumineux du point de vue artistique.

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Un énorme chantier de restauration d’œuvres a été lancé à l’occasion de cette grande exposition 2016. L’occasion d’expliquer au grand public ce travail minutieux et sans fin qu’est l’entretien d’un tel château et de son mobilier.

Nous découvrons par exemple des consoles du Cabinet du conseil du roi qui était contigu à la Chambre du roi, agrandi par Gabriel en 1774 et décoré notamment par Boucher ou Van Loo dans ce style rocaille très en vogue ou un tapis de la Savonnerie.

Les goûts personnels de la reine sont également évoqués par un panneau sculpté en chêne de son cabinet et du lambris de l’Oratoire. Le tout à la fois raffiné et discret. Tout comme les Quatre Saisons de Jean-Baptiste Marie pierre qui reflètent le goût de l’époque pour les Bambochades, ces scènes de genre venues initialement de Rome.

Mais la partie la plus surprenante est cet appartement des chasses ouvert exceptionnellement le temps de l’exposition. Le roi Louis XV est certainement celui qui pratiqua la chasse à courre avec le plus de passion et pour montrer son amour de cette pratique, il commanda à Jean-Baptiste Oudry considéré alors comme le plus grand peintre animalier du moment, une série de 9 tapisseries pour son rendez-vous de chasse préféré, Compiègne. Mais les cartons de ces dernières étaient si achevés, qu’ils furent considérés comme des œuvres en soit et encastrés au XIXème siècle pour l’appartement du duc D’Aumale. Cet appartement avait été aussi la chambre de Monsieur, frère de Louis XIV ou de Christian VII du Danemark dont la tenue de chasse est exposée. Ces toiles sont des témoignages uniques et grandioses des chasses de Louis XV notamment d’un point de vue historique pour l’étude des tenues d’équipages très codifiées. On peut également admirer, toujours d’Oudry, des surprenants trompes l’œil qui représentent les têtes bizardes (bois de cerf anormaux) chassés par le roi, avec la date précise et au rendu illusionniste parfaitement maitrisé.

Ces appartements des chasses sont peut-être le témoignage le plus marquant du règne de Louis XV et son empreinte sur le château car ils témoignent du goût de l’époque mais aussi du roi.

Une exposition sympa donc, et puis surtout une occasion de retourner à Fontainebleau et d’en découvrir des aspects méconnus

Du 2 avril au 4 juillet 2016 Commissariat Vincent Droguet, conservateur général, directeur du patrimoine et des collections du château de Fontainebleau Jean Vittet, conservateur en chef Vincent Cochet, conservateur en chef

 

Beauvais

Cette semaine je ne vais pas vous parler d’exposition mais d’une ville, de sa cathédrale et de son musée rénové depuis déjà plusieurs mois : Beauvais.

Pour ceux qui ne situe pas, Beauvais est une petite ville du sud-ouest de l’Ouest et sa cathédrale est l’une des plus surprenante que je n’ai jamais visitée. Notre-Dame de Paris est la plus célèbre dans le monde, Amiens la plus grande et Reims la plus royale mais Saint-Pierre de Beauvais est celle qui donne le vertige quand on y pénètre. Avec ses 48,50m de hauteur sous nef, elle est la plus haute d’Europe et procure à ceux qui la visitent une drôle d’impression. Pas besoin de monter en haut pour sentir sa tête tourner. Ce colosse a pourtant des pieds d’argile et depuis sa construction au XIIIème siècle (début des travaux n 1225), sa hauteur délirante lui confère aussi une grande fragilité et elle ne fut en fait jamais finie à cause d’un éboulement du chœur en 1284 et de sa flèche en 1573. Cela donne un petit côté trapu car sa nef ne comporte qu’une seule travée. La cathédrale se distingue aussi par ses verrières des XIIIème, XIVème et XVIème siècles et ses horloges (une médiévale et une astronomique de 1866) un peu cachées par les travaux.

L’autre particularité de la cathédrale c’est d’avoir conservée avec Notre-Dame-de-la-Basse-Œuvre sa prédécesseure. Cette dernière édifiée à la fin du Xème siècle évoque un style carolingien préroman, étonnant de simplicité et grande pour son époque.

Juste à côté dans l’ancien palais épiscopal construit par Louis Villiers de l’Isle Adam dans un style renaissance se trouve les collections du MUDO, le musée départemental de l’Oise qui a la bonne idée d’être gratuit, et oui !!! En plus d’un très bon accueil, le musée réouvert en 2015 présente essentiellement des collections du XIXème siècle. Vous pourrez notamment voir un aperçu de l’art du paysage avec des peintures de Camille Corot, Alfred Sisley ou Paul Huet. Des beaux éléments d’art décoratif. Mais c’est surtout la restauration du tableau de Thomas Couture, l’enrôlement des volontaires de 1792, tableau gigantesque et inachevé de 45m² présenté avec une série d’études qui mérite le coup d’œil.

Au dernier étage, sous les combles vous pourrez également admirer une charpente en chêne de 14m.

J’aurai pu vous parler aussi de l’abbaye Saint-Lucien, ou de la galerie de la tapisserie mais je vous laisse découvrir cette petite ville par vous-même, un jour de soleil sinon la pierre picarde peut paraître triste à certains.

Bonne visite.

 

Le roi est mort, Vive le roi

 

le-roi-est-mort-versaillesJe dois admettre que je ne vais pas beaucoup à Versailles. Déjà parce que c’est loin, et parce que j’appréhende toujours un peu l’accueil que je ne trouve pas forcément très « chaleureux » et motivant. Par contre, à chaque fois que j’y viens pour une exposition, le contenu de cette dernière, fini par balayer tous ces petits points négatifs pour  au final m’époustoufler. Et encore une fois, j’ai été bluffée par « Le roi est mort ».

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© DIDIER SAULNIER

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« représentation de l’endroit où a été déposé le corps de Louis XIV dans l’église de St Denis, Arnoul Maillot. Crédit BNF

La scénographie est théâtrale et pour cause Pier Luigi Pizzi est metteur en scène d’opéra. Quant au contenu, il est pointu et instructif. Il aborde tous les aspects religieux ou politique lié au décès d’un souverain, le cérémonial du deuil, la procession funéraire etc. En bref j’ai adoré. Et comme en plus, il n’y avait pour une fois pas grand monde, j’ai même pu me réapproprier le château dans son ensemble. Alors que demande le peuple ?

Il y a 300 ans, le 1er septembre 1715, s’éteignait celui qui est considéré comme le plus grand roi de France, le monarque absolu, Louis XIV.
On monte les marches au son d’un requiem et on arrive devant l’immense lit de mort du roi, dans une pénombre lugubre qui vous plonge d’emblée dans le vif du sujet d’un enterrement royal.
Je crois que c’est la première fois qu’une exposition aborde ce thème si particulier et pourtant si intéressant qu’est la mort d’un souverain. C’est à la fois une lecture d’une page de l’Histoire de France et un voyage dans les us et coutumes de la cour.

4800557_6_b245_d-un-realisme-remarquable-avec-de-vrais_ad69b8eb0466166f27dafd67e16a4c4aMourant en public après une agonie d’une quinzaine de jours due à la gangrène et un règne de soixante-douze années et cent jours. Louis XIV qui sait que l’Etat va lui survivre prépare sa succession en recevant le dauphin, futur Louis XV qui n’avait que 5 ans. Il conseille à l’enfant qui devait être très impressionner ne pas l’imiter dans son goût pour les bâtiments et de soulager la misère de ses peuples, afin d’être un grand roi.

Le jour suivant son décès, on place le corps dans l’antichambre de l’œil de bœuf et on procède à l’autopsie, à la triparti (on sépare le cœur et les entrailles qui seront envoyés vers des lieux choisis par le souverain, du reste du corps) et à l’embaument. Les instruments chirurgicaux, les manuscrits relatant toute la procédure et la forme d’un corps posé sous un linceul blanc vous plonge dans l’ambiance. On apprend ainsi que toute la moitié gauche du pied à la tête était gangrénée. Ne pas faire cette exposition après un bon repas 😉

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Louis XIII en costume de deuil Frans Pourbus le Jeune

 

A partir du troisième jour et ce pendant une semaine, le mort est exposé dans le salon de Mercure, l’occasion d’aborder cette coutume dans les différentes cours d’Europe en dehors de la France où de Charles VI jusqu’à Henri IV il était d’usage de présenter une effigie. Louis XIII adopte la pratique espagnole à savoir présenter le corps en habit de cour avec les insignes de la royauté. Avec Louis XIV seul le cercueil et le reliquaire du cœur trône, devant lequel les nobles se succèdent pour l’asperger d’eau bénite.

Vient ensuite la période de deuil. J’ai particulièrement apprécié cette partie, parce que j’y ai beaucoup appris sur la mise en pratique et l’aspect que revêtait le deuil à Versailles. Ainsi seul le roi peut décider d’une période de deuil et de quelle forme elle va prendre, il existe un grand deuil, un demi-deuil et un petit deuil qui se manifestent dans des tenues différentes. Longtemps les reines ont porté le deuil blanc, Marie Stuart sera la dernière à le faire, le noir venant d’Italie le supplantant. Quant au roi, il porte le pourpre à l’image du jeune Louis XV qui porte durant un an cette tenue en mémoire de son aïeul.

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Cortège de Louis XIV. BNF

C’est maintenant le départ du convoi funèbre pour Saint Denis. Haute démonstration symbolique des différentes couches du pouvoir, celui de Charles V d’Espagne est resté une référence en la matière. 2500 personnes vont marcher derrière Louis XIV pour son dernier voyage, mais sans traverser Paris, pour éviter ceux qui pourraient montrer un peu trop de soulagement à la mort de leur souverain.
Saint Denis est depuis l’époque mérovingienne une nécropole royale où se côtoient alors sous terre, la plupart des rois de France. Certains ont de magnifiques mausolées, à l’image des Valois. Par contre, les Bourbons dont Louis XIV n’est que le troisième représentant régnant, ont un simple et modeste caveau. Le roi soleil tente de réparer ce manque de magnificence en faisant appel à Mansart ou Bernin, mais rien n’aboutit et le dénuement du caveau perdurera. Par contre, ils se rattrapent par les monuments élevés pour recueillir leurs entrailles.

 

La dernière partie de l’exposition, nous rappelle que la Révolution n’a pas mis un terme à tout ce protocole et ce faste des funéraires royales. La République va récupérer le symbole pour rendre hommage à ses héros que sont Victor Hugo ou Voltaire ou ses gouvernants comme Sadi Carnot ou le Général De Gaule.

Car dans la mort d’un chef d’état, ce n’est pas seulement l’homme mortel que l’on cherche à honorer mais c’est l’image d’une partie d’Histoire qui s’inscrit définitivement dans les annales.

Je vous conseille vivement cette exposition, elle est génialissime. Et toujours pour parler de Versailles, mais rien à voir avec le sujet, Canal + a sorti une nouvelle série avec pour sujet Louis XIV. Je suis à peu près sûre que la rigueur historique n’est pas au rdv, mais c’est une très bonne série d’intrigues politiques et rien que pour les costumes, les décors et les accessoires (le carrosse en or j’adore) ; franchement vous devriez l’essayer. En plus pour une fois, on présente Monsieur comme un vrai chef de guerre et pas seulement comme excusez-moi l’expression une grande folle qui s’habille en femme. C’est un personnage plus subtil et complexe qui apparait, tout comme Louis XIV à la fois sûre de sa grandeur, sournois, ombrageux tacticien et séducteur.

http://www.leroiestmort.com/fr

Du 27 octobre 2015 au 21 février 2016.

COMMISSARIAT
Béatrix Saule, Directeur-conservateur général du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, assistée d’Hélène Delalex, Attachée de conservation au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon et Gérard Sabatier, Professeur émérite des universités.

Scénographie : Pier Luigi Pizzi

Les héroïnes de l’Opéra-Comique vous attendent…

1160-affiche-comique-petitpalaisIl y a quelques année, j’avais été littéralement émerveillée par l’exposition consacrée à la Comédie française au Petit Palais. C’est pourquoi celle sur l’Opéra Comique me faisait de l’oeil.

Mais l’Opéra-Comique c’est quoi ? Contrairement à ce que le nom laisse à penser, il ne se définit pas par l’humour. C’est un spectacle avec une alternance de dialogues chantés et parlés. Un peu comme l’ancêtre des comédies musicales.
Organisée à l’occasion du tricentenaire de la maison fondée sous Louis XIV, cette dernière ne retrace pas l’histoire de l’institution mais est centrée sur les grandes figures théâtrales, Carmen, Mélissandre, Manon et tant d’autres. Autant de figures féminines qui ont bouleversé leurs contemporains et ébranlés les bonnes moeurs de l’époque, à l’image de la flamboyante et libre Carmen.

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7 opéras sont présentés, tous conçus entre 1870 et 1902, la période la plus marquante en création et inventivité :  Carmen, Les Contes d’Hoffmann, Lakmé, Manon, Le Rêve, Louise et enfin Pelléas et Mélisande. On découvre leurs créateurs, les partitions, les costumes prêtés par le centre du costume de Moulin, les affiches et d’autres oeuvres.

Marie Van Zandt en Lakmé
Marie Van Zandt en Lakmé

C’est une immersion complète dans chacun de ces opéras, comme des pages d’un livre que l’on parcourt. Tous les arts sont représentés et on apprend à mieux connaître la genèse de ces pièces et de l’Opéra-Comique à travers elles.

Après pour être totalement honnête j’ai trouvé cette exposition beaucoup moins complète et magique que celle sur la Comédie Française et je suis sortie avec un goût de trop peu, l’impression de n’avoir que survolé ces opéras. Les passionnés de musique trouveront avec ravissement des partitions originales ou des extraits d’opéra et les néophytes apprendront deux trois trucs.
En dehors des deux magnifiques portraits qui nous accueillent, ceux de Carmen sous les traits de Jeanne Gerville-Réache et Célestine Galli-Marié et qui nous plongent d’emblée dans un univers onirique haut en couleurs ; la partie sur l’incendie du 25 mai 1887 de la salle Favart nous emmène pour sa part dans la réalité de cette fin du XIXème siècle, de ces drames qui conduisent à l’adoption de la modernité, ici l’électricité obligatoire dans les  théâtres et cafés-concerts. Cette partie de l’exposition est l’une des plus instructive à mon goût.

Jean Louis Talagrand, l'intérieur de l'Opera-Comique après l'incendie de 1887
Jean Louis Talagrand, l’intérieur de l’Opera-Comique après l’incendie de 1887

En bref, une très belle exposition mais qui aurait mérité d’être plus étoffée même si je suis consciente de la difficulté de la chose. Mais les passionnés de musique doivent absolument s’y rendre.

De Carmen à Melissandre, drames de l’Opéra-Comique.
Jusqu’au 28 juin au Petit Palais

Commissariat général :
Jérôme Deschamps, directeur de l’Opéra Comique
Christophe Leribault, directeur du Petit Palais

 

Commissariat scientifique :
Agnès Terrier, dramaturge de l’Opéra Comique
Cécile Reynaud, conservateur en chef au département de la Musique de la BnF

Cette été au musée de Nantes

J’ai été invité il y a peu au musée des Beaux-Arts de Nantes qui présentait sa programmation estivale, malheureusement je n’ai pas pu y aller, mais pour les remercier j’ai décidé de faire un peu de publicité pour ce beau musée dont le communiqué de presse a l’air très alléchant. N’ayant pas vu de mes yeux ces différentes expositions, je ne peux pas y apporter de point de vue critique, c’est pour cela que la plupart des textes ci-dessous sont extraits tels quels du communiqué de presse.

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Du 20 juin au 22 septembre c’est une exposition très ambitieuse sur Fernand Léger, soutenue par la RMN-Grand Palais, le ministère et les musées nationaux du XX° siècle des Alpes-Maritimes : FERNAND LEGER : RECONSTRUIRE LE REEL.

 

« Considéré comme un peintre « réaliste » en phase avec les éléments de la vie moderne, Fernand Léger propose des années 20 à l’après seconde guerre mondiale, des associations d’objets déroutantes, jouant de ruptures d’échelle, de mises en espaces d’objets flottants, de motifs biomorphiques. S’il reste fidèle au « réalisme de conception » qu’il définit comme celui de la ligne, de la forme et de la couleur, Léger semble aussi attentif aux recherches plastiques des Surréalistes. Ami de Man Ray et de Duchamp, il retrouve, lors de son exil aux Etats-Unis, Masson, Tanguy, Matta, Breton, Ernst et affiche son amitié avec le milieu surréaliste, notamment lors de l’exposition « Artists in Exile » en mars 1942 à la galerie Pierre Matisse de New-York.Un regard approfondi sur l’oeuvre de Léger permet de dégager de grands axes qui semblent pouvoir être rapprochés de certains préceptes du surréalisme. »

 

curiositas-anne-et-patrick-poirier-2870819_10Du 27 juin au 31 août, A l’invitation de Blandine Chavanne, directrice du musée des beaux-arts de Nantes, Anne et Patrick Poirier endossent l’habit de commissaires d’exposition de Musée nomade 2 dans le cadre du Voyage à Nantes 2014. « CURIOSITASest construite à partir des collections publiques nantaises -musée des beauxarts, musée d’archéologie Dobrée et muséum d’histoire naturelle, du patrimoine industriel naval de la ville, de collections privées et des oeuvres d’Anne et Patrick Poirier. Curiositas tisse à travers une sélection atypique d’environ quatre-vingts oeuvres et objets et un accrochage subtil, des liens inattendus entre le passé et le présent, la grande et la petite La connaissance intime de Nantes où Patrick est né en 1942 constitue le fil rouge de cette invitation à une découverte de l’ancienne capitale des ducs de Bretagne à travers le prisme de la mémoire qui est au centre de la pratique artistique d’Anne et Patrick Poirier dès la fin des années soixante ».

"The Non-Thinker", 2012, © AIDA Makoto / Courtesy Mizuma Art Gallery, Tokyo
« The Non-Thinker », 2012, © AIDA Makoto / Courtesy Mizuma Art Gallery, Tokyo

Sur la même période au château des ducs de Bretagne vous pourrez rencontrer un artiste contemporain japonais « CELUI QUI NE PENSE PAS D’AIDA MAKOTO »

Emmanuel FREMIET, Gorille enlevant une femme 1887
Emmanuel FREMIET, Gorille enlevant une femme 1887

Et à l’Atelier, « LA SCULPTURE AU MUSEE : CANOVA, RODIN, POMPON » qui présente 50 sculptures du XIXème siècle, souvent inédites pour le public.

 

Maintenant si vous partez en vacances près de Nantes, vous aurez le programme J

Le Louvre ouvre de nouvelles salles : les arts décoratifs de Louis XIV à Louis XVI

Dans cet article il ne sera pas question d’exposition temporaire mais de redécouverte d’une collection permanente. Ceux qui me suivent sur Facebook et Twitter auront peut-être deviné que je vous emmène au Louvre pour l’ouverture des nouvelles salles du Département des Objets d’Art. Consacrées aux arts décoratifs de Louis XIV jusqu’à la Révolution, ces salles sont un voyage temporel réussi et magnifique. Une nouvelle pépite pour le plus beau musée du monde d’autant plus que cette collection dont l’origine remonte à Louis XVI pour son projet de musée non abouti est l’une des plus belles du monde avec la particularité d’être en grande partie constituée d’objets à provenance royale et princière.

WP_20140623_16_30_16_Pro2183m², 33 salles, plus de 2000 objets. Ces chiffres donnent le tournis tout comme les 26millions d’euros qui ont été nécessaires pour y parvenir, et ce projet aussi pharaonique soit-il n’a été financé que par le mécénat. Ils seraient trop long de citer ces nombreux donateurs mais citons quand même les deux principaux à savoir les Montres Breguet et le cercle Cressent du Louvre présidé par Maryvonne Pinault.

Le parcours se veut chronologique, ce qui pour ce type d’œuvres est plus cohérent pour bien comprendre l’évolution des styles. Ainsi trois axes se dégagent :

–          1660 – 1725 : le règne de Louis XIV et la Régence
–          1725- 1755 : le style Rocaille (ou rococo pour les étrangers)
–          1755- 1790 : le retour du classicisme et le règne de Louis XVI

Salle dite de l'hôtel Le Bas de Montargis © 2014 Musée du Louvre, dist.RMN - GP / Olivier Ouadah
Salle dite de l’hôtel Le Bas de Montargis © 2014 Musée du Louvre, dist.RMN – GP / Olivier Ouadah
salle du conseil d'état
salle du conseil d’état

La muséographie s’oriente sur deux points principaux, d’un côté des vitrines thématiques (vaisselles, faïence, instruments scientifiques etc.),  de l’autre, ce qui est plus rare en France, la création de 14 period rooms. Ces dernières sont très présentes dans les musées anglo-saxons, il s’agit de reconstitutions muséales de pièces qui servent à évoquer une période et un style. Ces dernières, très jolies, nous font pénétrer dans le passé et nous présentent à chaque fois des pièces exceptionnelles. On pénètre ainsi dans  le palais Bourbon de Louis-Joseph de Bourbon avec sa belle coupole d’A-F Callet de 1774 ; dans  l’hôtel Le Bas de Montargis qui appartenait au gendre de Jules Hardouin-Mansart avec ses boiseries et sa pendule ; dans le grand salon du château de Voré de Louis Fagon, intendant des Finances et  fils du premier médecin de Louis XIV qui possède l’un des rares exemples conservés de décor d’arabesque exécuté par J-B Oudry sur le thème des plaisirs champêtres…Tout est si délicat et somptueux à la fois.
Personnellement je vois dans ces salles une manière de rappeler qu’avant d’être un musée, le lieu a été une demeure royale de premier ordre, où la décoration était soignée, ce que beaucoup oublie. Combien sont ceux en effet qui lèvent les yeux sur les plafonds peints ou sur les boiseries de la chambre d’Henri II ?

Décor d’arabesques du salon du château de Voré : Les Divertissements champêtres, La Danse, 1720- 1723. Jean-Baptiste Oudry. Trésor national. (C) RMN-GP (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda
Décor d’arabesques du salon du château de Voré : Les divertissements champêtres, La Danse, 1720- 1723. Jean-Baptiste Oudry. Trésor national.
(C) RMN-GP (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda
coupole du salon de compagnie du petit hôtel (dit « Petits-Appartements ») du palais Bourbon
coupole du salon de compagnie du petit hôtel (dit « Petits-Appartements ») du palais
Bourbon

Après vous aurez toujours des sceptiques pour vous dire qu’en réalité ces pièces sont reconstituées avec une partie seulement du mobilier original, le reste étant seulement du mobilier similaire. C’est l’éternel débat autour des period rooms et je ne préfère pas rentrer dedans aujourd’hui, n’ayant pas encore d’avis tranché même si je conçois qu’on puisse voir ce type de muséographie comme un attrape touriste, mais d’un stricte point de vue esthétique, il faut admettre que ça rend mieux qu’un meuble isolé dans un coin.

Dans les salles du Conseil d’Etat vous retrouverez une évocation de la production du Grand Siècle des manufactures royales et des ateliers de la couronne confiés à la direction de Charles Le Brun en 1667 sous le regard attentionné et strict de Louis XIV par Rigaud accroché ici pour l’occasion. C’est là entre autres que j’ai pu enfin retrouver mon mobilier Boule. Car oui, ils m’ont beaucoup manqués tous ces meubles en marqueterie Boulle en écaille, laiton ou étain. Ce que le mobilier français a fait de plus beau à mes yeux.

Dans la salle du pavillon de Beauvais vous verrez de la faïencerie et de l’orfèvrerie de la seconde moitié du XVIIIème siècle jusqu’au rocaille de 1750 exposé au centre de la pièce. Là je dois admettre que la muséographie m’a laissé perplexe, me donnant davantage l’impression d’être dans un petit labyrinthe. Mais bon, j’ai le droit de ne pas être satisfaite de tout. Heureusement les pièces exposées rattrapaient en partie le coup comme cet immense surtout de table rocaille de Jacques Roettiers (1707-1784) pour le prince de Condé et son hôtel parisien.

WP_20140623_16_20_42_ProLe goût pour l’Antiquité et l’arrivé du néoclassicisme sont joliment évoqués pour leur part dans la salle Piranèse où on a remonté pour l’occasion la collection d’antiques du comte d’Orsay.

Vous pourrez également tomber sur la galerie Louis XV avec ces vitrines pleines de montres et de tabatières toutes plus riches les unes que les autres et dans le fond le portrait du roi et de la reine par Quentin de La Tour, un peu plus loin c’est la reine Marie-Antoinette qui est à l’honneur avec son petit cabinet.

Il faudra peut-être que je revienne dans quelques mois  à tête reposée quand l’attrait de la nouveauté se sera estompé pour voir si le succès est toujours au rendez-vous car je dois avouer que je n’ai jamais vu autant de monde dans cette partie de l’aile Richelieu, c’était presque perturbant pour moi qui aime me retrouver dans l’aile réputée la plus calme et oublier la foule de Mona Lisa devant le trésor de Saint-Denis.

Pot-pourri de Madame de Pompadour à l’hôtel d’Évreux. Sèvres, manufacture royale de porcelaine, 1760-1761. D’après des modèles de Jean -Claude Duplessis, Charles- Nicolas Dodin, peintre. Porcelaine tendre, bronze doré. H. 39 cm ; L. 36 cm. Achat, 1984. Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Thierry Ollivier
Pot-pourri de Madame
de Pompadour à l’hôtel
d’Évreux.
Sèvres, manufacture royale
de porcelaine, 1760-1761.
D’après des modèles de Jean
-Claude Duplessis, Charles-
Nicolas Dodin, peintre.
Porcelaine tendre, bronze
doré. H. 39 cm ; L. 36 cm.
Achat, 1984. Paris, musée
du Louvre © Musée du
Louvre, dist. RMN-GP /
Thierry Ollivier

Ce sera l’occasion de regarder de plus près les 7 dispositifs numériques installés. J’ai dû en apercevoir 2, je ne sais pas où sont les autres mais à la lecture du dossier de presse, ils ont l’air intéressant, expliquant notamment l’utilisation des différents objets du quotidien, le service à la française ou la différence entre le style rocaille et le néoclassique, même si pour ce dernier point, suffit d’ouvrir les yeux…

Ces nouvelles salles quoi qu’un peu tape à l’œil sont donc plutôt réussies, il faut que je m’habitue à cette nouvelle muséographie mais dans l’ensemble je suis vraiment contente de retrouver ou de trouver toutes ces pièces. À moi Cressent, Boulle,  Baumhauer, Riesener, Criaerd, Jacob et les autres.

Joséphine, l’impératrice sensuelle et élégante prend ses quartiers au musée du Luxembourg

Cette saison je suis gâtée par la RMN, les deux expositions dont je vais vous parlez aujourd’hui et la prochaine fois concernent deux personnages historiques qui font partie de ma top liste de personnes que j’adore. Joséphine parce qu’elle est avec la Joconde mon premier souvenir du Louvre vers 8/10 ans et que je lui voue depuis une admiration de petite fille et Auguste parce qu’il a incarne ma période historique de prédilection la fin de la République et le début de l’Empire romain.

 

2036986-expo-josephine-au-musee-du-luxembourg-gagnez-40-pass-coupe-fileHonneur aux dames, commençons par la « douce et incomparable  Joséphine ». L’exposition qui lui est consacrée en ce moment au musée du Luxembourg et son pendant au domaine de la Malmaison « Joséphine, la passion des fleurs et des oiseaux » célèbre le bicentenaire de la mort de cette femme au destin extraordinaire, l’une des souveraines françaises les plus célèbres, les plus appréciées mais peut-être aussi l’une des plus méconnues paradoxalement.

Amaury Lefébrure, commissaire général de l’exposition tente de retracer en quelques grandes lignes la vie et les passions de celle qui fut vicomtesse de Beauharnais, reine consort d’Italie, impératrice des français et duchesse de Navarre.

Marie Josèphe Rose Tascher de la Pagerie naît en 1763 à la Martinique où elle passe une enfance aisée, son père étant un riche exploitant de cannes à sucre. Elle quitte son île adoré lors de son mariage avec le vicomte Alexandre de Beauharnais en 1779. L’union n’est pas heureuse mais deux enfants en naitront, deux enfants qu’elle chérira et qui occuperont des places de choix dans le grand échiquier européen napoléonien, faisant d’elle la grand-mère de Napoléon III, de Joséphine de Suède, d’Amélie de Leuchtenberg, impératrice du Brésil et l’ancêtre de nombreuses têtes couronnées actuelles. Eugène, considéré comme son fils adoptif et son héritier par Napoléon naît en 1781 et Hortense, future reine de Hollande et mère de Napoléon III et du duc de Morny nait en 1783.

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La situation politique de son époux durant la Révolution met sa vie en péril, jacobin, président de l’Assemblée constituante, Alexandre de Beauharnais finit guillotiné comme tant d’autres sous la Terreur en juillet 1794. Joséphine échappe de peu au même sort et son ascension commence. Elle devient la reine du Directoire en étant la maîtresse de Barras, élégante et soucieuse de son apparence elle se fait entretenir par de nombreux amants, jusqu’à ce que sa route croise celle d’un jeune général ambitieux : Napoléon Bonaparte. C’est lui qui lui donnera son nom de Joséphine, considérant que son prénom usuel, Rose, avait déjà été trop prononcés par ses amants, il la voulait pour lui seul et il l’épouse civilement le 9 mars 1796. Une minute de contrat de mariage est d’ailleurs exposé, tout comme la déclaration de Joséphine de consentement au divorce en 1809, faute de pouvoir donner un enfant à son époux.

WP_20140324_006Elle avait foi en l’ambition de ce jeune général, elle ne sera pas trompée. Il l’emmène sur les plus hautes marches du pouvoir, jusqu’au sacre le 2 décembre 1804, immortalisé par David.

Andrea Appiani (1754-1817) Joséphine Bonaparte épouse du Premier consul Vers 1801 Huile sur toile. H. 75,5 ; l. 61,5 cm Collection particulière
Andrea Appiani (1754-1817)
Joséphine Bonaparte épouse du Premier consul
Vers 1801
Huile sur toile. H. 75,5 ; l. 61,5 cm
Collection particulière

Le couple est assez peu évoqué, faut dire, il y en a tellement à raconter sur cette union hors du commun. Un amour passionnel les a unis, le général Bonaparte était fou d’elle, Joséphine un peu moins, puis les rôles se sont inversée et le divorce a été pour elle très dure à vivre. Elle aura été son égérie, son porte bonheur et il est « amusant » de constater que le divorce marque le début de la fin de la grandeur napoléonienne.

Andrea Appiani (1754-1817) Portrait de Napoléon Bonaparte Vers 1801 Huile sur toile. H. 98 ; l. 80,8 cm Collection particulière, Montréal, Canada
Andrea Appiani (1754-1817)
Portrait de Napoléon Bonaparte
Vers 1801
Huile sur toile. H. 98 ; l. 80,8 cm
Collection particulière, Montréal, Canada

« Douce et incomparable Joséphine, quelle effet bizarre faite vous sur mon cœur ! »

« Chaque instant m’éloigne de toi, adorable amie, et à chaque instant je trouve moins de force pour supporter d’être éloigné de toi. »

« Je n’ai pas passé un jour sans t’aimer ; je n’ai pas passé une nuit sans te serrer dans mes bras ; je n’ai pas pris une tasse de thé sans maudire la gloire et l’ambition qui me tiennent éloigné de l’âme de ma vie »

« J’espère bientôt, ma douce amie, être dans tes bras. Je t’aime à la fureur »

L’exposition tente de nous faire comprendre toutes les facettes de cette femmes représentées par de nombreux artistes : David, Prud’hon, Gillroy, Garnerey, Chinard, Appiani, Riesener et même longtemps après sa mort où elle devient une héroïne tragique comme chez Hector Viger ou Fréderic Henri Schopin.  Elle est à la fois sensuelle, impérieuse, raffinée, gracieuse dans tous ces mouvements, douce et généreuse. Elle incarne à elle seule La femme du 1er empire, bien plus que celle qui lui succédera sur le trône.

serre-bijoux de Joséphine
serre-bijoux de Joséphine

Joséphine a bon goût et elle aime le montrer. Elle dépense sans compter pour s’acheter des milliers de tenues, rendant fou Napoléon. Mais voulant que sa femme soit la plus belle de l’Empire et incarne la magnificence du pouvoir, il lui cédait finalement presque tout. Elle aimait la mode passionnément comme le montre les deux belles tenues exposées, Mme de Rémusat dit qu’elle expira « toute couverte de rubans et de satin couleur rose ».  Et elle possédait de superbes bijoux comme ce diadème exécuté dans un coquillage de cassis cornuta-le camée coquille ». Il suffit d’observer ce « grand écrin » pour imaginer quelle collection elle devait avoir. Tout en acajou massif et possédant trente tiroirs d’amarante, ce serre-bijoux incarne parfaitement le style empire.  Elle avait également un mobilier somptueux pour décorer à son goût ses propriétés de la rue de la Victoire et les châteaux de la Malmaison et de Navarre à l’image de ce fauteuil à accotoirs en forme de cygnes créé pour elle par Jacob Frère, le cygne étant l’animal emblématique de l’impératrice, on voit d’ailleurs plus loin une aquarelle du fameux Cygne noir du détroit de Bass qu’elle avait récupéré pour La Malmaison.

Pierre Dandelot Cygnes noirs du détroit de Bass Aquarelle d'après Léon de Wailly H. 0,25; L. 0,41 cm Musée national du château de Malmaison
Pierre Dandelot
Cygnes noirs du détroit de Bass
Aquarelle d’après Léon de Wailly
H. 0,25; L. 0,41 cm
Musée national du château de Malmaison

 

L’impératrice commande énormément d’œuvres d’art, par passion personnelle et pour les fastes de la cour impériale, elle participe au renouveau des manufactures de la Savonnerie, des Gobelins et de Sèvres.

 

Mais l’œuvre de sa vie c’est la Malmaison qui devient peu à peu son refuge, où elle peut s’isoler du monde. Pour les jardins elle laisse courre à sa passion pour la botanique dans un parc qu’elle agrandit considérablement (de 60hect le domaine passe à 726 hect) et la zoologie en entretenant une ménagerie exotique et surtout une collection de roses, sa fleur fétiche, absolument unique pour l’époque de par sa richesse. Les murs sont remplis de tableaux qu’elle achète et commande. Acheté dès 1799 pour 325.000 F, ce petit château devient l’un des sièges du pouvoir. Remit au goût du jour par Percier et Fontaine, la Malmaison est l’incarnation d’une riche demeure impériale au style hérité de l’Antiquité.

C’est à son domaine qu’elle se consacre suite à son divorce, elle y recevra le tsar Alexandre Ier et c’est durant sa visite qu’elle prendra froid, entraînant sa mort quelques semaines plus tard.

L’exposition est très belle et on y voit de très belles choses, peintures, documents d’archives, bijoux, arts décoratifs ou mobilier. Le seul bémol c’est que la vie et le goût de Joséphine ne sont finalement que survolés et j’aurai bien vu une mise en scène digne de l’exposition consacrée à Marie-Antoine au Grand-Palais. Mais admirant tellement ce personnage au destin hors du commun, je vois peut-être les choses en trop grand.

Joséphine
12 mars – 29 juin 2014
Musée du Luxembourg, Paris

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commissaire général : Amaury Lefébure, Conservateur général du Patrimoine, Directeur du musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau.
commissaires : Elisabeth Caude, conservateur en chef, Céline Meunier, conservateur en chef, Christophe Pincemaille, chargé d’études documentaires, Alain Pougetoux, conservateur en chef au musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau.

Cartier au Grand Palais : But diamonds are a girl’s best friend

diamant williamson collection de la famille royale d'angleterre
diamant williamson collection de la famille royale d’angleterre

Diamonds are the girls best friends disait une certaine Marylin, et c’est vrai qu’au sortir de cette exposition, on se dit « aaah, il est où le prochain bureau de tabac que je joue à l’Euromillion » car moi aussi je veux des meilleurs amis comme ça, qui brillent de mille feux et qui font rêver derrière leurs vitrines qu’on ne peut même pas toucher avec envie sous peine de voir arriver en 1s chrono le vigile à l’affût.
Vous l’avez compris, bienvenue à l’exposition CARTIER qui orne les murs du Salon d’Honneur du Grand Palais, tout rénové.

Alfred Cartier et ses fils Pierre, Jacques et Louis
Alfred Cartier et ses fils Pierre, Jacques et Louis

La force et l’intérêt de cette exposition, hormis le fait de voir plein de pièces sublimes (600 tout de même) c’est de présenter l’histoire de la maison Cartier comme on le ferait pour une exposition monographique sur un artiste. On part du début (1847) pour aller jusque dans les années 1970 et on peut observer l’évolution du style mais aussi tout le contexte et ce à l’aide de 300 dessins préparatoires et documents d’archives plus des portraits, des tenus, pour bien comprendre toute l’histoire de la maison Cartier qui se cache derrière l’éclat des carats. Et quel éclat grâce à une mise en scène très travaillée qui fait scintiller les bijoux.

On commence donc avec le début, on est plongé dans le Paris du milieu du XIXème siècle, avec la fondation en 1847 par Louis François Cartier, mais il faudra quelques années pour que la maison familiale devienne le « le joaillier des rois et le roi des joailliers»» avec notamment l’implantation en 1899 au 13 rue de la Paix. Les relations avec le monde du luxe et de la Haute couture incarnée alors par Worth se développe, Cartier a désormais son propre atelier et son style se dessine très clairement. L’aspect familial de l’entreprise est essentiel pour comprendre cette maison et son développement. Jusqu’en 1964 c’est la famille qui a les rênes. Et ce sont les liens familiaux (fraternels et filiaux) qui ont permis une extension cohérente à l’internationale avec l’ouverte des maisons de Londres (1902) et New York (1909) confiées à chacun des fils d’Alfred Cartier.
On passe donc de robes en tableaux, on peut admirer des plans de la boutique rue de la Paix, des gravures de modes, des dessins préparatoires, des documents d’archives…On est dans l’intimité de Cartier, rien ne nous échappe.

WP_000803Mais parlons un peu de ce style Cartier qui a su séduire Mathilde Bonaparte, Edouard VII, le Maharaja de Patiala, Elisabeth Taylor et plein d’hautes grandes dames : Marjorie Merriweather Post, la duchesse de Windsor, Daisy Fellowes, Grace de Monaco ou Jeanne Toussaint. Toutes sont évoquées avec certains de leurs bijoux les plus célèbres.
Cartier c’est le style classique en premier lieu. Admirateur de l’Antiquité, Louis Cartier mettait à disposition des dessinateurs sa propre collection. A une époque où l’art nouveau impose une fluidité des lignes, Cartier reste fidèle au style Louis XVI qu’on va appeler « le style guirlande » Le sertissage est discret et laisse voir une dentelle de bijoux.
La géométrie des formes séduira aussi Cartier et l’Art Déco des années 20 va influencer très nettement certaines créations, Cartier est d’ailleurs l’un des précurseur de ce style, appelé « style moderne ». On est dans le noir et blanc avec l’emploi de l’onyx, du cristal de roche et du platine, toujours le platine, imposé en 1900.WP_000829
Mais la couleur ne se cache pas pour autant. Au contraire, elle peut être vive et chatoyante, avec l’emploi de plus en plus fréquent de semi-pierre précieuse : citrine, améthyste, agate, aigue-marine, topaze, turquoise, corail, ambre, jaspe et j’en passe. L’influence des Ballets Russes évoqués par ce superbe tableau de Jacques-Emile Blanche –Karsavina dans l’Oiseau de feu- est frappante. Ils ont décidément révolutionné tous les arts du début du XXème siècle.
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Maharaja of Patiala
Maharaja of Patiala

 

 

 

 

 

 

 

 

On peut également admirer toute l’influence exotique dans les collections, un coup on est en Egypte, puis en Chine, au Japon, et surtout en Inde…D’ailleurs comment ne pas s’extasier devant le collier de diamants créé pour Bhupinder Singh Maharaja de Patiala, une subtile alliance du style moderne et de la tradition indienne, qui avait été démantelé et reconstitué il y a quelques années par les ateliers Cartier. C’est l’installation de Cartier en Angleterre qui lui fera découvrir tous les joyeux de l’Empire britannique et ses gemmes multicolores qui sortent des mines en profusion.
WP_000812On se rêve également princesse de bal devant ces fameuses tiares, parmi lesquelles celle portée par la Duchesse de Cambridge lors de son mariage, le diadème Halo, créé en 1936 et composé de 739 diamants. Pour rester dans la famille royale d’Angleterre on peut aussi évoquer cette délicate fleur qui s’ouvre autour du diamant Williamson, un dimant rose de 54,50 carats, offert à Elisabeth pour son mariage en 1947.

La-Grande-pendule-mysterieuse-Portique-creee-par-Maurice-Couet_portrait_w674Un tout petit mot sur ces pendules mystérieuses inspirées d’un tour de Jean-Eugène Robert-Houdin adapté pour Cartier par l’horloger Maurice Couët en 1912. Les aiguilles en platine et diamant tournent dans le vide, comme si elles n’étaient reliées à aucun mécanisme et autour d’elle, une enveloppe de luxe. (http://www.cartier.fr/la-maison/patrimoine/la-collection-cartier/2/8). Elles font parties des incontournables de la création Cartier et 18 sont présentées ici. Une occasion rare de pouvoir les observer de près.

broche pince, 1949, Vendue à la duchesse de Windsor
broche pince, 1949, Vendue à la duchesse de Windsor

Enfin, depuis les années 40, l’une des spécialités de la maison Cartier c’est son bestiaire. Toute une faune exotique ou mythologique prend vie sous les doigts des créateurs qui donnent naissance à des objets absolument somptueux, en tête desquels la fameuse panthère. Développée par Jeanne Toussaint muse puis collaboratrice de Louis Cartier, la panthère qui n’était d’abord qu’un motif décoratif va s’imposer jusqu’à devenir l’emblème de la maison. Elle symbolise aussi la femme libre et indépendante ce qui explique peut-être qu’elle plut tant à Wallis Simpson ou Nina Dyer, épouse de Sadruddin Aga Khan.

Messieurs si vous vous dites que cette exposition n’est pas pour vous (ou qu’elle risque de vous coûter un bras en éveillant les envies de votre accompagnatrices), rassurez-vous, Cartier a aussi pensé à vous. On y trouve tout un tas d’objets sublimés, étui à cigarette, nécessaire de beauté, bouton de manchette, l’épée d’académicien de Jean Cocteau, dessiné par lui-même et orné d’une émeraude donnée par Coco Chanel. Sublime ! Vous pourrez même voir la réplique du module lunaire d’Apollon 11 en or jaune, or blanc, laque noire, émail rouge, blanc et bleu.

Vraiment une belle réussite, on en redemande. Attention juste à bien choisir son créneau horaire, car en cas de surpeuplement, il devient difficile et inconfortable d’apercevoir le moindre petit diamant. Mais quand on s’approche enfin, le rêve commence…

WP_000816Cartier, Le Style et l’Histoire
4 décembre 2013 – 16 février 2014
Grand Palais, Salon d’Honneur

commissaires : Laurent Salomé, conservateur en chef du patrimoine et directeur scientifique de la
Rmn-Grand Palais, et Laure Dalon, conservateur du patrimoine, son adjointe.
scénographes : Nicolas Groult et Sylvain Roca