Come back de printemps

Bonjour à tous,Résultat de recherche d'images pour "tenue correct exigée arts décoratifs"

Je crois avoir été absente une partie de l’hiver. Entre le travail et l’habitude de visiter
les expos la veille de leur fermeture, c’était un peu compliqué. J’aurai par exemple adoré vous faire partager celle sur les Fêtes et les divertissements à la cour du château de Versailles, avec les magnifiques tapisseries de Oudry, l’évocation du bal des Ifs et tout et tout.  Mais elle se termine aujourd’hui.

Heureusement avec le soleil de nouvelles expos germent et j’en ai à nouveau  quelques unes en réserve pour vous.

Commençons par une expositions friperie, « Tenue correct exigée » qui s’achève le 23 avril. Il reste donc un bon mois pour y aller.

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Alexis Chataignier, Ah, quelle antiquité !!! Oh ! quelle folie que la nouveauté… 1797, Paris © BnF

 

Le propos ? Rien de plus simple. Montrer comment depuis le XIVe siècle et à travers 400 vêtements la mode se dépasse, se réinvente jusqu’à choquer pour créer la nouveauté et comment elle est intimement liée à la société qui la façonne, lui dicte ses règles.

Le parcours -comme souvent avec les expos sur le textile aux Arts Déco est bien fichu, immersif, avec lumière sombre et grande vitrine, pas ennuyant pour un sous. On est plongé dans une longue histoire de tissus et de société. On comprend peu à peu (bien qu’on s’en doute) comment depuis toujours la façon de s’habiller relève à la fois d’une volonté personnelle et beaucoup de normes imposées. Par exemple, qu’est ce qui définit un habit d’homme, d’un habit de femme ? Pourvoi marquer cette différence? Ha l’héritage judéo-chrétien, encore cette fichue Eve. Mais pas que. Qu’est ce qui différencie la femme légère de dame de la haute société ? Rappelez-vous comment le portrait de Marie-Antoinette en robe de gaulle en mousseline blanche par E.Vigée-Lebrun fit scandale. Comment ? Osez représenter la reine de France comme une vulgaire femme du peuple. On pourrait croire que cela la rendrait sympathique, plus proche, plus normale, mais non. Par l’exposition de ce tableau, c’est la royauté qui est désacralisée et on dût retirer le tableau illico presto. De la même façon aujourd’hui, normalement dans notre société, toutes les femmes peuvent porter des pantalons. Mais que le combat fut dure. Et c’est encore aujourd’hui, même dans notre pays, un éternel débat. Peut-on s’habiller vraiment comme on le veut ? Puis-je mettre une jupe dans le RER à 22h, aller au travail en jogging, porter un burkini, ou une robe à fleurs à l’Assemblée nationale, un baggy à un entretien ? C’est un propos atrocement contemporain que nous offre le musée des arts Décoratifs.

Mais heureusement, parfois dans l’Histoire, il se trouve des personnes pour pousser un peu les choses et apporter un vent de fraicheur. On découvre la fabuleuse histoire du pantalon, de Dietrich à Yves Saint Laurent, celle de la capuche, de la mise en valeur de telle ou telle partie du corps.
A travers le prisme du vêtement, c’est toute notre société d’image que se propose de mettre en lumière le musée. Un plaisir instructif, porteur de réflexion où on ne s’ennuie pas une seconde.

A voir, à faire, à porter.

Commissaire : > Denis BRUNA, conservateur, collections Mode et Textile antérieures au XIXe siècle
Scénographie : > Constance Gui

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Cœur brûlés, Deutsche Kinemathek, Marle Dietrichcollectio, Berlin, 1930 C Eugène Robert Richee Entrer une légende

 

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Toutes les infos là : http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/musees/musee-des-arts-decoratifs/actualites/expositions-en-cours/mode-et-textile/tenue-correcte-exigee-quand-le-vetement-fait-scandale/

plus que quelques jours pour admirer la garde robe de la « divine comtesse »

imageIl vous reste quelques jours pour profiter de l’exposition consacrée à la fascinante comtesse Greffulhe, une femme étonnante, cultivée, protectrice des arts et amatrice de mode d’où sa présence au musée Galliera.

Élisabeth de Riquet de Caraman-Chimay (1860-1952) appartient à la très bonne société, elle est la nièce de Robert de Montesquiou et elle épouse à 18 ans, en 1878 le future comte Henry Greffulhe. Mais c’est sous les traits de la duchesse de Guermantes, personnage de A la recherche du temps perdu de Marcel Proust qu’elle devient immortelle.

En plus d’être une très belle femme dont la beauté éblouie ses contemporains – Proust disait d’elle, « tout le mystère de sa beauté est dans l’éclat, dans l’énigme surtout de ses yeux. Je n’ai jamais vu une femme aussi belle. »- la comtesse a aussi de l’esprit. Dans son salon rue d’Astorg, ou dans son château, de Bois-Boudran ou encore dans sa villa de Dieppe, elle reçoit Anatole France, prend des cours avec Nadar, organise aussi des représentations lyriques, comme celle de Béatrice et Bénédict d’Hector Berlioz au théâtre de l’Odéon en 1890 et la première représentation parisienne de Tristan et Isolde de Richard Wagner, elle favorise avec la princesse Edmond de Polignac la venue à Paris des Ballets russes, soutient Marie Curie, se passionne pour les travaux d’Edouard Branly et est également un soutient du colonel Dreyfus ou du Front populaire malgré ses origines aristocratiques. Une femme aussi belle qu’étonnante je vous dis !!!

Elégante, elle sait se mettre en scène et prépare ses apparitions avec minutie, prenant grand soin de sa toilette. Une cinquantaine de modèles sont présentés dans l’exposition, griffés Worth, Fortuny, Babani, Lanvin, Nina Ricci. Chacune des tenues témoigne d’une part du bon goût de la duchesse, d’autre part de sa grande modernité. Elle suit la mode et s’habille dans l’air du temps, et elle en a connu des époques : elle vécut la fin du Second Empire, deux républiques, deux guerres mondiales, connut la Belle Époque et les Années folles.

Certaines pièces sont absolument merveilleuses et donne envie de se glisser dedans pour faire revivre les fastes du passé comme cette cape russe offerte par Nicolas II lors de sa visite à la comtesse en 1896 qui fit encore sensation quelques années plus tard comme en témoigne un article du Figaro du 15 avril 1904. Elle avait en effet fait mettre sa cape au gout du jour par Worth et la porta lors d’une soirée lors d’une soirée de gala organisée au théâtre Sarah-Bernhardt au bénéfice des blessés russes.
Les robes de Worth sont celles que j’ai le plus aimées, elles sont magiques :
– la robe de tea-gown, en velours ciselé bleu foncé sur fond de satin vert qui mettait sa chevelure auburn en valeur, met parfaitement sa ligne en évidence.
– la robe byzantine portée pour le mariage de sa fille, dut quant à elle faire bien des jalouses, elle était « […] fascinante jusqu’à l’éblouissement, dans une sensationnelle toilette d’impératrice byzantine : robe de brocart d’argent couverte d’artistiques broderies à reflets nacrés rehaussés d’or et de perles fines, ourlée d’une bande de zibeline. Splendide collier de chien et sautoir en perles fines. Immense chapeau en tulle argent bordé de zibeline, avec, de chaque côté, de volumineux Paradis, entre lesquels se dressait droit et fier, un énorme diamant brillant comme une grosse larme de joie irisée de soleil […] » (La Femme d’aujourd’hui, décembre 1904).
Et que dire de la « robe aux lys », faite spécialement pour elle, avec sa taille princesse et se motif de lys rappelant le poème de Robert de Montesquiou
« Comme un beau Lis d’argent aux yeux de pistils noirs
Ainsi vous fleurissez profonde et liliale,
Et, tout autour de vous, la troupe filiale
Des fleurettes s’incline avec des encensoirs. »

C’est cette robe fabuleuse qu’elle porte sur de nombreuses photos dont sa photo d’identité.
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Une belle exposition, surtout pour femmes il faut l’avouer où on découvre une belle personne à travers ses robes, ce qui est une manière originale de découvrir quelqu’un, mais quand on dit que ce que l’on porte est le reflet de notre personnalité, ce n’est que trop vrai dans ce cas.
Le seul bémol revient aux armatures de bois des podiums trop visibles qui gâchent un peu la mise en scène, très jolie au demeurant, mais qui du coup a un côté pas fini. Rien de bien grave en somme au regard de la qualité de l’exposition. Le seul problème de ce genre d’exposition, c’est qu’après on veut gagner au loto pour être aussi élégante avec toutes ses toilettes….

LES ROBES TRÉSORS DE LA COMTESSE GREFFULHE

Du 7 novembre 2015 au 20 mars 2016
Musée Galliera
Commissariat :
Olivier Saillard, directeur du Palais Galliera,
Et l’équipe de la conservation et de la documention du Musée de la Mode de la Ville de Paris,
Alexandra Bosc, Laurent Cotta, Sophie Grossiord, Sylvie Lécallier et Sylvie Roy.

 

Gaultier c’est terrible mais dans le bon sens

Après le chic Lanvin voici l’excentrique Gaultier. Le créateura partagé le Grand Palais avec Vélasquez et règne désormais seul jusqu’au 03 aout avec son univers loufoque et transgressif qui ne s’interdit rien.

« L’enfant terrible de la mode » a su inspirer une exposition aussi terrible que lui où on ne s’ennuie pas une seule seconde,  mais où au contraire on attend d’être surpris encore et encore comme avant un défilé à se demander ce que nous réserve le créateur.

WP_20150720_004[1]La première partie est une plongée dans l’intimité de Jean-Paul Gaultier : son enfance dans une famille modeste de la région parisienne évoquée par ses photos de famille, sa passion pour le cinéma et les variétés, notamment le film  Falbalas, de Jacques Becker avec Micheline Presle qui détermine sa vocation ou encore ses premières créations essayées sur son ours en peluche Nana et ses débuts dans la maison Cardin.
Après ce prélude qui laisse deviner un enfant déjà hors du commun on plonge dans le vif du sujet avec sa première collection présentée en 1976 au Planétarium du Palais de la Découverte.

WP_20150720_007[1]La suite de l’exposition présente de manière harmonieuse à la fois les créations qui se succèdent et les sources d’inspirations très hétéroclites qui ont guidées Jean-Paul Gaultier jusqu’au sommet de la mode mondiale. La scénographie a de fantasque qu’elle donne des visages animés aux mannequins via un système de projection vidéo. Ces derniers vous regardent, sourient, chantent ou parlent, l’un d’ailleurs a le visage du créateur en personne.
WP_20150720_005[1]On commence le voyage dans le monde marin, « l’Odyssée » avec ces sirènes envoutantes et le fameux marin dont le pull à rayures devient presque une signature en soit pour Gaultier, un classique indémodable selon ses dires.
La partie Punk Cancan est comme son nom l’indique un mixte entre le classique à la française, béret et tour Eiffel et le punk anglais avec son cuir, ses crêtes et son tartan. Le point de rencontre entre ses deux cultures est l’un des leitmotivs de Gaultier, un savoureux mélange de provocation et de classique, comme ces robes tour Eiffel ou le tailleur pour femme dont la veste se porte entièrement devant et laisse le dos nu. La mise en scène de cette pièce est particulièrement soignée. D’un côté une série de punk aux grandes crêtes de cheveux dans un style très David Bowie, sur un podium défilent différents mannequins avec il m’a semblé la voie de Catherine Deneuve pour les présenter et de l’autre, des mannequins aux allures et aux looks des vedettes amies et fidèles de Gaultier : Inès de la Fressange, Conchita Wurst, Rosy de Palma, Catherine Deneuve et autres.

WP_20150720_011[1]Gaultier se démarque de ses collègues créateurs par son goût très prononcé pour l’anticonformisme. Il choisit très souvent pour ses défilées des « mannequins » loin des canons habituels, les plus connues étant Conchita Wurst ou Beth Dito par exemple mais aussi des tops transgenres comme Andrej Pejic. Parfois il organise même des castings sauvages pour compléter sa gamme.
Ces choix donnent aux défilés de Gaultier un goût savoureux et unique et animent les créations d’une autre manière. Il fait souffler sur la Haute-couture un vent de fraicheur, de modernisme mais surtout de tolérance absolue, déliée de toutes formes de tabous.

Et que serait une exposition sur Gaultier sans ses fameux corsets et bien sûre Madonna qui les porte. Il réinvente complétement le concept, le dégage de son image de carcan pour femme mais au contraire en fait un instrument de sensualité qui se montre en se portant sur les vêtements à l’image d’un veston.

WP_20150720_013[1]WP_20150720_010[1]

 

 

 

 

 

Ses collections où se mêlent les éléments sexuels et presque sadomasochistes sont une autre facette de sa conception du vêtement.  La matière devient une seconde peau et son style transgressif transforme la femme en amazone moderne.

Enfant de son siècle, Jean-Paul Gaultier va s’approcher d’autres formes d’art, intégrant la mode dans un spectacle plus vaste qu’est le cinéma. Il créé ainsi les costumes du Cinquième élément, de la Cité des enfants perdus ou de La mauvaise éducation parmi d’autres. Son amour du cinéma fera de lui le premier couturier à devenir jury au festival de Cannes en 2012. Il va également explorer le monde du théâtre, de la danse et collabore avec de nombreuses stars aussi différentes qu’Yvette Horner, Mylène Farmer ou Lady Gaga. Cet homme n’a ni frontières, ni limites. Il touche à tous et tout le monde et avec génie.

Ce multiculturalisme, cette fascination pour différents arts, différentes personnes, le pousse parfois à créer des vêtements comme des carrefours culturels, des hybrides créatifs. La dernière partie de l’exposition mêle l’art espagnol, les capuches Inuits, le treillis militaires et les fleurs chinoises et que dire de cette robe de mariée mi indienne des plaines-mi baroque à perles ?

WP_20150720_022[1]Cette exposition est vraiment géniale, je vous la conseille même si elle s’achève très rapidement. C’est à la fois une ode à la créativité mais aussi à la tolérance et à l’ouverture d’esprit. A voir, à voir, à voir mais pensez à préréserver car il y a du monde au portillon.

 

Jeanne Lanvin, un monument de la mode française

jeanne-lanvin-la-fondatrice-de-la-maisonVoici une exposition que je voulais absolument faire et dont je voulais vraiment vous parler car elle fait partie de ces expos qui font rêver.

C’est la première fois que je me rendais au palais Galliera, magnifique palais XIXème niché dans le XVIème arrondissement avec une jolie vue sur la Tour Eiffel. Rien que le lieu mérite le coup d’œil mais revenons à Jeanne Lanvin, créatrice de génie, contemporaine de Coco Chanel et un peu éclipsée par cette dernière, pourtant les tenues qui sont exposées ici sont de pures merveilles.

dsc01540Bien que n’étant plus dans la Haute-couture, la maison Lanvin est la plus ancienne maison de couture française et reste une icône du chic à la française.
Mademoiselle Lanvin naît en 1867 au sein d’une famille modeste, elle commence comme vendeuse de chapeau et ouvre sa première boutique en 1889. Son talent va vite s’exprimer, tirant son inspiration de sa fille adorée, Marguerite, qui toute sa vie sera présente dans les créations de sa mère, jusque sur le logo de la maison.

Tous les aspects du style Lanvin sont évoqués, le bleu emblématique, le noir chicissime, la robe-style. La technique aussi est mise à l’honneur, le savoir-faire des brodeuses, le travail de surpiqûre, l’usage des modèles géométriques etc. Les petites mains, premières mains et les chefs-d’atelier ne sont pas oubliées et leur travail brille en ces lieux.

dsc01545Ce n’est pas compliqué j’ai tout aimé. Je me suis imaginée dans chacune de ces robes plus extraordinaires les unes des autres. Classiques sans jamais l’être tout à fait, tantôt sobres comme la robe Concerto (1934-35), tantôt absolument ébouriffantes à l’image des robes bijoux, présentées au pavillon de l’élégance lors de la fameuse exposition universelle de 1925 qui consacra les arts décoratifs. Ces dernières sont  couvertes de perles, de cristaux, lamés or et argent avec des formes inspirées de l’Orient fantasmé comme la robe « Salammbô » ou la « Mille et une nuits ». En dehors de l’art déco, de l’orient et toutes les sources d’inspiration ethniques et exotiques (« donatienne »), le Moyen Âge offre également de jolies créations dans ses croyances religieuses mais aussi dans son corpus artistique, l’architecture, la littérature et tant d’autre.
Et que dire des robes de mariées dont le département ouvre en 1909. Très fluide, très début XXème, on se croirait un peu dans Downtown Abbey.
L’originalité de la maison Lanvin repose également sur sa collection pour enfant né peu après la naissance de Marguerite en 1897. Sa fille est sa muse la plus prolifique, elle crée pour elle des robes, l’habille en véritable petite princesse et c’est comme ça que se développe l’une des premières collections de couture pour enfants et jeunes filles.

Vous l’aurez compris, mesdames surtout peut-être, cette exposition il faut la faire, parce que Jeanne Lanvin est aussi talentueuse que Chanel, parce qu’elle incarne le chic français à la fois classique et moderne, parce que la mise en scène valorise sublimement toutes ces pièces sublimes, parce que c’est génial simplement.

Il vous reste un peu plus d’un mois profitez-en. Pour rester dans la mode, la prochaine exposition que je ferais sera Jean-Paul Gauthier au Grand Palais.

Jeanne Lanvin au palais Galliera. Du 8 mars au 23 août 2015.

Direction artistique Alber Elbaz, directeur artistique de la maison Lanvin, assisté de Laure Harivel, Katy Reiss et Romain Stiegler

Commissariat général Olivier Saillard, directeur du Palais Galliera dIRECTION scientifique Sophie Grossiord, conservateur général au Palais Galliera, assistée de Christian Gros

FASHIONING FASHION l’exposition qui donne envie d’être une princesse

Si je peux me permette ce jeux de mot, apparemment la mode est à la mode question exposition. Après les sacs Vuitton et les robes impressionnistes voici Fashioning Fashion. Tous ceux qui aiment les broderies, les crinolines, les jolies robes et les beaux costumes doivent être ravis, et sur cette dernière exposition il y a de quoi.Composition1

Cette exposition nous vient tout droit de Los Angeles, du L-A County Museum of art qui suite à la donation de deux collectionneurs (Martin Kamer et Wolfgang Ruf) l’avait organisé en 2010-2011 et la voici chez nous, au Musée des Arts Décoratifs dans une scénographie subtile qui met littéralement en lumière les sublimes tenues venues du passé qui n’ont rien à envier aux costumes de cinéma. Je prends le parti ici d’illustrer mes propos avec quelques tableaux qui ne sont pas dans l’exposition, mais qui font un beau parallèle avec ces mannequins blancs et surtout leurs donnent un peu vie.

François Boucher, la marquise de Pompadour
François Boucher, la marquise de Pompadour

La période choisie est relativement large. Nous partons du XVIIIe siècle pour atterrir au début du XXe siècle, autant dire qu’on assiste à une grande métamorphose des apparences, sans aucune comparaison possible avec nos petites tendances saisonnières,  « marron cette hiver, vert cet été ». Le vêtement est l’expression d’une conditi

on sociale et exprime des idées, il est une manifestation parmi d’autres de l’histoire et de l’évolution des mœurs et des idées mais aussi des corps eux-mêmes comme en témoignent ces mannequins de petites tailles même pour les hommes. Les formes se complexifient puis se simplifient et ainsi de suite avec des inspirations venues de l’histoire passé ou du bout du monde. L’Orient, les turqueries et les chinoiseries au XVIIIe  siècle transforment les tissus en images fantasmées d’un ailleurs lointain, représentations de la faune et de la flore. AU XIXe siècle c’est le japonisme qui avec l’ouverture du Japon en 1853 pénètre tous les arts, y compris le textile. Le Kimono devient un vêtement indispensable, léger et élégant dont les femmes raffolent.

Je ne parle même pas –à moins qu’on s’habille quotidiennement en Chanel, Dior ou Elie  Saab, tous les jours ce qui  n’est pas mon cas- de cette impression saisissante quand on sort qu’on porte finalement des vêtements un peu fades, voir moches, mais après ça n’engage que moi.WP_000347

Antoine Watteau, les deux cousines
Antoine Watteau, les deux cousines

On commence donc au XVIIIe siècle, où la mode française prévaut dans toutes les cours européennes, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Les tissus sont précieux. Les robes sophistiquées vers 1730, se caractérisent par des plis plats dans le dos, les plis à la Watteau et des manches qui arrivent aux coudes, à l’image des portraits de madame Pompadour par exemple. On voit aussi des paniers et des espèces de corsets qui donnent une ampleur et du volume sur le côté mais qui devait être lourd à porter vu l’armature.  Les hommes aussi sont élégants avec leurs culottes de soie et leurs boucles de chaussures qui sont de véritables bijoux. Fin XVIIIe siècle la mode anglaise caractérisée par une plus grande simplification et par l’abandon des paniers, prend le dessus aussi bien chez ces dames que chez ces messieurs. Tous aiment les redingotes.  Avec la Révolution, cette simplification s’accentue et les idéaux républicains, loin de la solennité et du luxe ostentatoire de la noblesse, sont portés à même le corps comme sur ce gilet d’homme. Les merveilleuses et les incroyables sous le Directoire s’affichent de manière outrageuse, même s’ils ne sont pas si nombreux que ça, ils incarnent un élan de liberté des corps avec pour les femmes une inspiration

Pierre Paul Prud'hon, Joséphine
Pierre Paul Prud’hon, Joséphine

de l’Antiquité marquée que l’on retrouve sous le Premier Empire, époque où les rituels de cours sont recréés et une mode officielle avec, incarnée par la coquette Joséphine. Tout devient fluidité, pureté, légèreté, agrémenté de riches étoffes en cachemire importées par la campagne d’Egypte.1844468_5_dcca_ce-gilet-revolutionnaire-date-1789-94-en_c72476c1f328f5db4b31f6423061b25c

Louis Hersent, la reine Mare Amélie
Louis Hersent, la reine Mare Amélie
Beau Brummell, watercolor by Richard Dighton 1805
Beau Brummell, watercolor by Richard Dighton 1805

Avec le règne de Louis-Philippe et l’époque Romantique on retourne à nouveau vers une complexification et le corps est à nouveau transformé par les vêtements et la réapparition du corset, même pour ces messieurs très soucieux de leurs tours de taille. Après tout, le XIXe siècle est celui des dandys, avec à leurs tête, le précurseur Georges Brummell dont l’apparence était une obsession et qui inspira tout un courant jusqu’à Barbey D’Aurevilly ou Oscar Wilde.

L’aspect le plus frappant de ces tenues romantiques est la forme des manches, ce qu’on appelle les manches gigots. Ceux qui ont vu des films d’époque, type Les Misérables situeront parfaitement, ces espèces de manches énormes et bouffantes qui portées sur une tenues aux jupons aussi imposant et des petites capotes sur les têtes, donnent une allure à mon goût un peu empaquetée.WP_000345

Winterhalter, l'impératrice et ses dames
Winterhalter, l’impératrice et ses dames

Avec le Second Empire on est toujours dans une grande complexité, notamment avec l’apparition de la crinoline. L’impératrice est passionnée de mode et avec elle se développe la Haute Couture, dont le premier créateur est, Charles Frederick Worth. Ce dernier est le premier a créé des collections et à lancer cet aspect saisonnier. La société évolue aussi beaucoup, les techniques, les voyages, les loisirs. Tout ceci a bien évidemment un impact sur les apparences, avec des tenues qui se spécialisent pour tel ou tel activité et des accessoires plus pointus et adaptés, comme nous l’avions vu avec l’exposition Vuitton.

Denis Poiret
Denis Poiret

Fin XIXe siècle, le corps passe par plusieurs état, le faux culs tout d’abord avec tout le volume qui passe derrière, les formes en S à cause d’imposant corset toujours plus perfectionnés puis à nouveau une certaine sobriété et un retour des inspirations exotiques qui donnent aux tenues quelque chose de beaucoup plus aérien. La ligne devient plus graphique comme en témoigne la création de Paul Poiret, très « Arts Déco » et orientalisante à l’image des Ballets Russes. Ce dernier abandonne le corset et redonne une liberté aux femmes. Et même si cette dernière partie nous situe un siècle en arrière, on est étonnée de voir la modernité des tenues, comme cet ensemble inspiré des 1001 nuits ou ces bottes cuissardes en cuir qui me rappellent en plus coquines, celle d’une amie.

poiretUn vrai plaisir en somme, qui passe très vite grâce à la muséographie très aérienne, en jeux de miroir, de courbes et éclairages qui permettent de savoureux les détails et la technicité de certains costumes.

Malheureusement ça fini bientôt et même si je ne doute pas que le Musée des Arts Décoratifs sera à nouveau nous mettre de beaux vêtements plein la vue avec notamment à partir de Juillet « la mécanique des dessous » qui nous permettra de nous faufiler sous les jupes, celle-ci vaut vraiment le coup d’œil.