Bonjour à tous,
Je crois avoir été absente une partie de l’hiver. Entre le travail et l’habitude de visiter
les expos la veille de leur fermeture, c’était un peu compliqué. J’aurai par exemple adoré vous faire partager celle sur les Fêtes et les divertissements à la cour du château de Versailles, avec les magnifiques tapisseries de Oudry, l’évocation du bal des Ifs et tout et tout. Mais elle se termine aujourd’hui.
Heureusement avec le soleil de nouvelles expos germent et j’en ai à nouveau quelques unes en réserve pour vous.
Commençons par une expositions friperie, « Tenue correct exigée » qui s’achève le 23 avril. Il reste donc un bon mois pour y aller.
Alexis Chataignier, Ah, quelle antiquité !!! Oh ! quelle folie que la nouveauté… 1797, Paris © BnF
Le propos ? Rien de plus simple. Montrer comment depuis le XIVe siècle et à travers 400 vêtements la mode se dépasse, se réinvente jusqu’à choquer pour créer la nouveauté et comment elle est intimement liée à la société qui la façonne, lui dicte ses règles.
Le parcours -comme souvent avec les expos sur le textile aux Arts Déco est bien fichu, immersif, avec lumière sombre et grande vitrine, pas ennuyant pour un sous. On est plongé dans une longue histoire de tissus et de société. On comprend peu à peu (bien qu’on s’en doute) comment depuis toujours la façon de s’habiller relève à la fois d’une volonté personnelle et beaucoup de normes imposées. Par exemple, qu’est ce qui définit un habit d’homme, d’un habit de femme ? Pourvoi marquer cette différence? Ha l’héritage judéo-chrétien, encore cette fichue Eve. Mais pas que. Qu’est ce qui différencie la femme légère de dame de la haute société ? Rappelez-vous comment le portrait de Marie-Antoinette en robe de gaulle en mousseline blanche par E.Vigée-Lebrun fit scandale. Comment ? Osez représenter la reine de France comme une vulgaire femme du peuple. On pourrait croire que cela la rendrait sympathique, plus proche, plus normale, mais non. Par l’exposition de ce tableau, c’est la royauté qui est désacralisée et on dût retirer le tableau illico presto. De la même façon aujourd’hui, normalement dans notre société, toutes les femmes peuvent porter des pantalons. Mais que le combat fut dure. Et c’est encore aujourd’hui, même dans notre pays, un éternel débat. Peut-on s’habiller vraiment comme on le veut ? Puis-je mettre une jupe dans le RER à 22h, aller au travail en jogging, porter un burkini, ou une robe à fleurs à l’Assemblée nationale, un baggy à un entretien ? C’est un propos atrocement contemporain que nous offre le musée des arts Décoratifs.
Mais heureusement, parfois dans l’Histoire, il se trouve des personnes pour pousser un peu les choses et apporter un vent de fraicheur. On découvre la fabuleuse histoire du pantalon, de Dietrich à Yves Saint Laurent, celle de la capuche, de la mise en valeur de telle ou telle partie du corps.
A travers le prisme du vêtement, c’est toute notre société d’image que se propose de mettre en lumière le musée. Un plaisir instructif, porteur de réflexion où on ne s’ennuie pas une seconde.
A voir, à faire, à porter.
Commissaire : > Denis BRUNA, conservateur, collections Mode et Textile antérieures au XIXe siècle
Scénographie : > Constance Gui
Toutes les infos là : http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/musees/musee-des-arts-decoratifs/actualites/expositions-en-cours/mode-et-textile/tenue-correcte-exigee-quand-le-vetement-fait-scandale/