2014 marque le 800° anniversaire de la naissance de Louis IX, mieux connu sous le nom de saint Louis, certainement l’un des plus grands rois de France auxquels tous ces successeurs se rattacheront et l’un des mieux connus du moins en apparence.
Pour célébrer ce monarque le Centre des Monuments Nationaux ne fait pas les choses à moitié avec des expositions, des concerts, des conférences dans la plupart des lieux qui ont marqué le règne de Louis IX : la Conciergerie mais aussi la basilique Saint-Denis, la Cité d’Aigues-Mortes, Le Mont Saint-Michel, Les châteaux d’Angers, de Châteaudun et de Castelnau-Bretenoux.
L’exposition de la Conciergerie organisée en partenariat avec le Louvre et la Bibliothèque Nationale de France présente pas moins de 130 œuvres dont la qualité de certaine est absolument remarquable, le tout dans un décor architectural toujours très impressionnant, celui de la salle des gens d’arme.
Le commissaire Pierre-Yves Le Pogam, conservateur au musée du Louvre, part de la célèbre biographie de Jacques Le Goff sur saint Louis, publiée en 1996 qui fait figure de référence pour nous présenter l’homme derrière le mythe et les différents aspects d’un règne qui fut à la fois long et marquant.
Le parcours commence donc tout naturellement par la vision des artistes du XIXème siècle sur ce roi. On est en plein Moyen-âge réinventé, mêlé d’orientalisme que permettent les scènes de Croisades. Tous les aspects de la légende sont là ou presque : le chêne, le croisée, la mère influente… et au milieu trône fièrement le saint Louis de Mainneville du XIVème siècle qui a conservé une très belle polychromie et qui montre que déjà à cette époque, le roi devenu saint était un modèle.
Le jeune Louis est né en 1214 et chose rare même inédite pour l’époque, il côtoie son grand-père, le puissant Philippe Auguste qui aura une grande influence sur le jeune prince. Roi à 12 ans en 1226, c’est sa mère, Blanche de Castille, femme forte (mais avec Aliénor d’Aquitaine comme grand-mère, on n’en demande pas moins) qui va assurer la régence, mâter la révolte des barons et choisir pour son fils les meilleurs précepteurs, tout en n’oubliant pas de lui inculquer une solide culture religieuse.
Louis va régner 43 ans, soit l’un des plus long règne du Moyen-âge et va considérablement renforcer le royaume, en réformant la Justice, l’Administration, la monnaie et en essayant de garder pour lui et pour son pays une morale de vie irréprochable. S’il y a bien une chose importante dans l’existence de ce roi, « le roi des rois de la terre », c’est sa foi.
Une foi qui guidera une grande partie de ses actions, qui le mènera deux fois en croisade où il mourra, qui lui fera acheter les plus précieuses reliques et construire le plus beau des reliquaires. Témoins de son implication morale et physique dans la religion, ses bibles, et son cilice.
Quand il achète la Couronne d’épine pour 135 000 livres tournois, le roi fait là une dépense exorbitante, la construction de la sainte chapelle coutera moins en construction. Mais qu’importe, il marque son règne sous le sceau du Christ, il y apporte un gage de sainteté incomparable. Et que dire de cette chapelle construite pour préserver la relique si précieuse ? Elle est l’un des plus beaux témoignages de l’architecture du XIIIème siècle. Qui n’a pas vu ses vitraux aux milles couleurs ne peut comprendre la merveille de ce lieu. Des panneaux de vitraux d’époques sont d’ailleurs présentés dans l’exposition pour montrer la minutie du travail des artistes verriers, la recherche du détail pour des scènes pourtant si loin de l’œil quand elles sont en place.
Le règne du roi coïncide avec une effervescence culturelle et artistique. De nombreuses œuvres sont là pour témoigner de la beauté des créations de l’époque. Que ce soit ce superbe chapiteau décoré de feuillages, d’animaux fantastiques et d’une sirène d’une délicatesse absolu, ces clefs de voutes toute en feuillage ou ces vierges à l’enfant au sourire si particulier comme celle en ivoire ou celle en bois toutes deux conservées au Louvre. Et que dire de la châsse de Saint-Taurin ? La maitrise des artistes/artisans de ce siècle est absolue.
L’heure est aussi à l’encyclopédisme et à la théologie avec notamment Vincent de Beauvais qui compile tous les savoirs de son temps dans le Miroir du monde, c’est aussi l’époque de la création du collège de la Sorbonne en 1253.
Tous les aspects de la personnalité du roi sont ainsi évoqués, sa famille, son règne, sa foi. Plus largement c’est le XIIIème siècle qui est à l’honneur, un siècle de création où l’art français est au sommet.
Une très très belle exposition, avec une mise en scène sobre et très belle. Bravo !
8 Octobre 2014 > 11 Janvier 2015