Il y a 800 ans naissait saint Louis …. »le roi des rois » règne sur la Conciergerie

big2014_saint-louis_2014 marque le 800° anniversaire de la naissance de Louis IX, mieux connu sous le nom de saint Louis, certainement l’un des plus grands rois de France auxquels tous ces successeurs se rattacheront et l’un des mieux connus du moins en apparence.

Pour célébrer ce monarque le Centre des Monuments Nationaux ne fait pas les choses à moitié avec des expositions, des concerts, des conférences dans la plupart des lieux qui ont marqué le règne de Louis IX : la Conciergerie mais aussi la basilique Saint-Denis, la Cité d’Aigues-Mortes, Le Mont Saint-Michel, Les châteaux d’Angers, de Châteaudun et de Castelnau-Bretenoux.

Saint Louis. Normandie ou l’Île-de-France, vers 1305-1310. Mainneville,  © RMN-Grand Palais (Médiathèque de l’Architecture et du patrimoine/Jean Gourbeix
Saint Louis. Normandie ou l’Île-de-France, vers 1305-1310. Mainneville,
© RMN-Grand Palais (Médiathèque de l’Architecture et du patrimoine/Jean Gourbeix

L’exposition de la Conciergerie organisée en partenariat avec le Louvre et la Bibliothèque Nationale de France présente pas moins de 130 œuvres dont la qualité de certaine est absolument remarquable, le tout dans un décor architectural toujours très impressionnant, celui de la salle  des gens d’arme.

Le commissaire Pierre-Yves Le Pogam, conservateur au musée du Louvre, part de la célèbre biographie de Jacques Le Goff sur saint Louis, publiée en 1996 qui fait figure de référence pour nous présenter l’homme derrière le mythe et les différents aspects d’un règne qui fut à la fois long et marquant.

Le parcours commence donc tout naturellement par la vision des artistes du XIXème siècle sur ce roi. On est en plein Moyen-âge réinventé, mêlé d’orientalisme que permettent les scènes de Croisades. Tous les aspects de la légende sont là ou presque : le chêne, le croisée, la mère influente… et au milieu trône fièrement le saint Louis de Mainneville du XIVème siècle qui a conservé une très belle polychromie et qui montre que déjà à cette époque, le roi devenu saint était un modèle.

Pierre-Charles Marquis Le roi de saint Louis et Blanche de Castille, 1857
Pierre-Charles Marquis Le roi de saint Louis et Blanche de Castille, 1857

Le jeune Louis est né en 1214 et chose rare même inédite pour l’époque, il côtoie son grand-père, le puissant Philippe Auguste qui aura une grande influence sur le jeune prince. Roi à 12 ans en 1226, c’est sa mère, Blanche de Castille, femme forte (mais avec Aliénor d’Aquitaine comme grand-mère, on n’en demande pas moins) qui va assurer la régence, mâter la révolte des barons et choisir pour son fils les meilleurs précepteurs, tout en n’oubliant pas de lui inculquer une solide culture religieuse.
Louis va régner 43 ans, soit l’un des plus long règne du Moyen-âge et va considérablement renforcer le royaume, en réformant la Justice, l’Administration, la monnaie et en essayant de garder pour lui et pour son pays une morale de vie irréprochable. S’il y a bien une chose importante dans l’existence de ce roi, « le roi des rois de la terre », c’est sa foi.

Une foi qui guidera une grande partie de ses actions, qui le mènera deux fois en croisade où il mourra, qui lui fera acheter les plus précieuses reliques et construire le plus beau des reliquaires. Témoins de son implication morale et physique dans la religion, ses bibles, et son cilice.

Sainte-Chapelle_gnosneQuand il achète la Couronne d’épine pour 135 000 livres tournois, le roi fait là une dépense exorbitante, la construction de la sainte chapelle coutera moins en construction. Mais qu’importe, il marque son règne sous le sceau du Christ, il y apporte un gage de sainteté incomparable. Et que dire de cette chapelle construite pour préserver la relique si précieuse ?  Elle est l’un des plus beaux témoignages de l’architecture du XIIIème siècle. Qui n’a pas vu ses vitraux aux milles couleurs ne peut comprendre la merveille de ce lieu. Des panneaux de vitraux d’époques sont d’ailleurs présentés dans l’exposition pour montrer la minutie du travail des artistes verriers, la recherche du détail pour des scènes pourtant si loin de l’œil quand elles sont en place.

Vierge et l'Enfant. Wargnies, vers 1270. Bois (chne), H. 1,16 ; L. 0,32 ; Pr. 0,30 m. Paris, MusŽe du Louvre. RF 1449 et RF 4668.
Vierge et l’Enfant. Wargnies, vers 1270. Bois (chne), H. 1,16 ; L. 0,32 ; Pr. 0,30 m. Paris, MusŽe du Louvre. RF 1449 et RF 4668.

Le règne du roi coïncide avec une effervescence culturelle et artistique. De nombreuses œuvres sont là pour témoigner de la beauté des créations de l’époque. Que ce soit ce superbe chapiteau décoré de feuillages, d’animaux fantastiques et d’une sirène d’une délicatesse absolu, ces clefs de voutes toute en feuillage ou ces vierges à l’enfant au sourire si particulier comme celle en ivoire ou celle en bois toutes deux conservées au Louvre. Et que dire de la châsse de Saint-Taurin ? La maitrise des artistes/artisans de ce siècle est absolue.

L’heure est aussi à l’encyclopédisme et à la théologie avec notamment Vincent de Beauvais qui compile tous les savoirs de son temps dans le Miroir du monde, c’est aussi l’époque de la création du collège de la Sorbonne en 1253.

Tous les aspects de la personnalité du roi sont ainsi évoqués, sa famille, son règne, sa foi. Plus largement c’est le XIIIème siècle qui est à l’honneur, un siècle de création où l’art français est au sommet.

Une très très belle exposition, avec une mise en scène sobre et très belle. Bravo !

8 Octobre 2014 > 11 Janvier 2015

http://conciergerie.monuments-nationaux.fr/

Ballade dans la Cité et rêve de monument

Cette semaine, après les folies exubérantes de Dali, je vous emmène visiter tranquillement Paris. Oui, oui, je sais que je suis un peu trop centrée sur la capitale, mais je n’y peux rien, je vis à côté, et puis elle est si belle.

C’est partie donc pour un petit tour de l’île de la Cité, cœur et poumon de Paris depuis des millénaires.

IMG_0003On commence par la Sainte Chapelle qui est à la fois l’un des lieux les plus visités et je l’ai constaté plus d’une fois, l’un des  moins connus de la capitale, comme si ceux qui se baladaient sans guide touristiques ne la voyaient pas. Quelle perte. Je me rappelle la première fois que je suis rentrée dedans, il n’y avait pas grand monde et j’ai pu apprécier pleinement le choc qu’offre cet ensemble de vitraux. Limbourg-juinConstruite entre 1242 et 1248 sur les plans d’un architecte indéterminé qu’on a longtemps cru être Pierre de Montreuil (bras sud du transept de Notre-Dame ou chapelle de Saint-Germain-des-Prés). Composée d’une chapelle basse et d’une chapelle haute reliée à l’aula du palais, elle est conçue pour être une gigantesque châsse de verre et de lumière, suffisamment somptueuse pour accueillir de précieuses reliques, celles de la Passion, acquises par Louis IX auprès de l’Empereur de Constantinople, Baudouin II. Parmi celles-ci, la plus célèbre, la couronne d’épines, fut achetée pour la somme considérable de 135 000 écus.

IMG_0004Fortement endommagée par la Révolution Française, elle est l’un des premiers monuments médiévaux parisiens à être restaurée en tenant compte de toutes les étapes de sa longue vie.

Ses vitraux dont environs les 2/3 sont d’origines sont un trésor à eux-seuls. Un témoignage plein de lumière de l’art médiéval du XIIIème siècle, une bible illustrée, au sens propre car on y retrouve les différents livres dans les lancettes : Genèse, Nombres, Exodes, Livre de Daniel, d’Ezéchiel…

La rose est plus récente, dans un style flamboyant elle n’a été posée que vers 1490 et représente l’Apocalypse.

Quittons maintenant cette perle bleue et rougeoyante pour la Conciergerie. Vestige imposant et immaculée depuis sa restauration de l’ancienne résidence des rois de France qui y ont séjournés entre le Xème et le XIVème siècle puis délaissée  par la suite avec Charles V au profit du Louvre et de Vincennes. A partir de là, c’est surtout son rôle judiciaire et pénitencier qui va demeurer, devenant « une antichambre de la guillotine » sous la Révolution, avec comme pensionnaire la plus célèbre, la reine déchue, Marie-Antoinette.

G. Doré, le château enchanté, 1867, MNAM, copyright : musées de Strasbourg
G. Doré, le château enchanté, 1867, MNAM, copyright : musées de Strasbourg

La salle des gens d’arme qui nous accueille servait de réfectoire au personnel et reste la seule partie de la Grande Salle du palais de Philippe IV le Bel, siège du pouvoir royal. En ce moment, sous ses voutes puissantes,  s’y tient une superbe exposition et je m’excuse de la partager qu’aujourd’hui car elle s’achève le 24 février mais si vous pouvez vous y rendre, je pense que vous serez aussi agréablement surpris que moi. Il s’agit d’une invitation au voyage à travers 300 œuvres dans l’architecture rêvée, imaginée et gothique du Moyen-Age puis à partir du XIXème siècle. La manière dont on conçoit l’architecture des châteaux et des abbayes, comme des lieux fermés et fantasmés. Que ce soit dans la littérature, les contes, les romans de chevalerie jusqu’à l’héroic-fantaisy où dans les grands projets de restauration de Pierrefonds, du Mont-Saint-Michel etc. du XIXème siècle, siècle de redécouverte et réinvention d’un monde médiéval idéal, devenu modèle de la nation, après le classicisme trop royale. On plonge également dans cet amour des ruines sublimées notamment par Hubert Robert et ses suiveurs jusqu’aux contemporains avec cette superbe installation, de ruines sous-marine de Massard. Puis on se retrouve dans l’imaginaire des lieux hantés, du gothique noire où les ombres menaçantes s’étendent. Enfin l’exposition aborde cette démocratisation du château, que l’on retrouve partout, avec de grandes installations de jouets, de maquette, comme ce château de Disney sur sa balançoire dont l’ombre se reflète sur le mur ou encore Poudlard en lego. Vraiment superbe. C’est l’une des plus jolies expos de l’année malgré le peu de publicité qu’on en a fait.

C.C Renoux, moines dans une église gothique en ruine, 1828, copyright musée de Grenoble
C.C Renoux, moines dans une église gothique en ruine, 1828, copyright musée de Grenoble

En sortant, arrêtez-vous absolument devant l’horloge de la tour qui a retrouvé toute sa splendeur depuis la restauration, la plus vieille horloge publique de Paris (1370) dont le cadran date d’Henri III avec des statues de la Loi et de la Justice.

Enfin pour finir la petite promenade, un petit tour par le marché aux fleurs, toujours un plaisir et profitez des 850 ans de Notre-Dame pour monter sur cette immense balustrade qui certes encombre le parvis mais quand on est dessus, on redécouvre cette façade, vue d’un angle inédit et notamment la galerie des rois qui nous semble encore plus imposant de majesté.

Et c’est ce que j’appelle une belle promenade parisienne comme j’aime !WP_000305