A star is dead il y a 500 ans. Leonard au Louvre !

 

Il y a 500 ans disparaissait Leonardo Da Vinci à Amboise. Ce fils illégitime d’un notable florentin, devenu avec le temps l’un des plus grands artistes du fait de son talent et son érudition ne cesse encore aujourd’hui de fasciner et d’attirer les foules. Pour le célébrer comme il se doit, le Louvre qui possède la plus grande collection au monde de ses œuvres (merci François Ier) organise après 10 ans de travail l’exposition de tous les superlatifs. « Grandiose », «  historique », « exceptionnelle », « seul le Louvre pouvait le faire ». N’en jetez plus !
Et il est vrai que cette exposition était sans doute l’une des plus attendues et donc très fréquentées (330.000 réservations fin octobre). Mais qu’en est-il vraiment ?

L’exposition commence par la formation de Leonardo Da Vinci dans l’atelier de Verrocchio, sculpteur, peintre et orfèvre florentin. Chez lui notre Leonardo apprend l’importance de la lumière sur le rendu des formes. Comment les ombres et les clairs façonnent un objet, plus que la ligne. Vers 1478, il va plus loin en élaborant le componimento inculto (« composition inculte »). Un dessin libre, instinctif, en rupture avec la réalité des lignes fixes et en recherche de mouvement. Cette recherche picturale aboutira au fameux sfumato. Une superposition de léger glacis qui finit par gommer les contours et donner un aspect vaporeux à ses œuvres.

L’Étude pour la Madone au chat, British Museum. Source Wikipédia

Puis vient la période milanaise, jusqu’à l’invasion française par Louis XII en 1499. L‘artiste se diversifie et devient scénographe, mais aussi concepteur d’engins militaires. En 1500, il revient à Florence. La cité a subi quelques remous politiques, mais est désormais stable. Le gonfalonier de justice ouvre alors en 1503-1504, une compétition célèbre pour la réalisation de deux fresques sur des batailles florentines. Une sera réalisée par Leonardo, l’autre par Michel-Ange. Leonardo se frotte pour sa part à la bataille d’Anghiari. Malheureusement aucune de ces œuvres n’a survécu. Il ne nous reste que des dessins préparatoires pour avoir une idée de la fougue de cette fresque innovante à la composition déchaînée.

La partie de l’exposition qui est peut-être la plus fascinante est celle consacrée à l’homme de sciences. Grand humaniste de la Renaissance, Leonardo Da Vinci s’intéressait au monde qui l’entoure et ce depuis son enfance, quand son grand-père lui enseignait « Po l’occhio ! » (Ouvre l’œil !). Il étudie l’anatomie, l’optique, l’astronomie, la mécanique, la botanique, la zoologie et j’en passe. Ses feuilles (écrites de droite à gauche), illustrées de dessins techniques sont des merveilles à regarder. C’est dans cette partie que vous verrez dans le fond, l’Homme de Vitruve, prêtée à la dernière minute par l’Italie et qui restera que quelques semaines dans l’exposition du fait de sa grande fragilité.

La Madone Benois (1478) de Léonard de Vinci © The State Hermitage Museum, St Petersburg
La Madone Benois (1478) de Léonard de Vinci © The State Hermitage Museum, St Petersburg

Avec 10 peintures du maître, plus la Joconde en salle des états sur 20 connues et reconnues, on pourrait se dire waouh. Et pourtant, on sort de cette exposition avec un je ne sais quoi de manque. On est clairement sur notre faim. En fait, on a l’impression d’avoir vu beaucoup de dessin, du moins si on a réussi à se frayer un passage jusqu’à ces derniers. Alors oui, un dessin de Léonard c’est toujours merveilleux, c’est vivant, dynamique, et je ne parle pas de ses dessins scientifiques juste extraordinaires. Mais quand même ! De plus, si on regarde bien, dans le fond, une grande partie de l’exposition est consacrée à sa formation et présente donc des œuvres du maître Verrocchio. Se rajoute à cela l’impression de ne pas avoir eu beaucoup d’informations, et c’est peu dire, si on ne paye pas de guides ou d’audioguides. J’ai découvert aujourd’hui qu’il existait un livret sur le site du musée avec toutes les informations sur les tableaux, tout ce qui m’a manqué dans ma visite ! Peut-être que dans la précipitation et perdue dans la cohue j’ai manqué l’info sur place, mais un peu plus de textes sur les tableaux n’aurait pas fait de mal quoi qu’il en soit. Pour résumer, même si l’exposition regorge d’œuvres de premier plan, de dessins sublimes et tout et tout. On en sort un peu déçue et pour en avoir parlé autour de moi. Je ne suis pas la seule à me dire « beaucoup de bruit pas pour rien, mais beaucoup de bruit par rapport au contenu ». En comparaison, l’exposition sur Raphael était davantage complète et à plus d’un titre. Le propos était plus étoffé, la vie de l’artiste mieux expliquée et le corpus de peintures plus imposant.

Tête de femme dite La Scapigliata
Tête de femme dite La Scapigliata / Ministero dei Beni e delle Attività culturali – Complesso Monumentale della PiloEntrer une légende

Après, il est vrai qu’organiser cette exposition a été un parcours semé d’embûches diplomatiques et stratégiques. Quand un musée a un tableau de Léonard, il n’est pas fou, il ne veut pas le prêter et risquer de se priver d’une pièce majeure, privant l’exposition d’autres peintures majeures. Pas de Salavdor mundi non plus. L’oeuvre achetée pour une petite fortune soit disant pour être prêtée au Louvre pour cette exposition a tout simplement….disparu !

Malgré tout cela, je vous conseillerai de la faire cette exposition, car ça reste Léonard de Vinci, qu’on y voit des pièces sublimes, des pages de codex, et l’Homme de Vitruve, tout de même ! Mais n’oubliez pas de réserver sinon vous n’irez pas bien loin, et de choisir un créneau pas trop fréquenté, car être bousculé toutes les 2min gâche un tantinet l’expérience.

 

L'homme de Vitruve, dessiné par Léonard de Vinci
L’homme de Vitruve, dessiné par Léonard de Vinci © Getty / DeAgostini

 

LEONARD DE VINCI
Musée du Louvre
Du 24 octobre 2019 au 24 février 2020

 

Commissaire(s) :

Vincent Delieuvin, conservateur en chef du Patrimoine, département des Peintures, et Louis Frank, conservateur en chef du Patrimoine, département des Arts graphiques, musée du Louvre.

 

Tolkien. Son oeuvre prend vie à la BNF

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La BNF propose une exposition fantastique cet Automne, consacrée à l’un des plus grands écrivains du XXe siècle, J.R.R Tolkien. Et non ce n’est pas une expo de geeks ! La Bibliothèque Nationale ne possède aucune œuvre de l’auteur et c’est la première fois qu’elle organise un évènement autour d’un artiste non présent dans ses collections. Pour donner une légitimité scientifique à son propos et ne pas seulement en faire un sublime coup commercial, elle se sert de ses œuvres propres pour appuyer le propos. Ainsi de magnifiques manuscrits médiévaux enluminés viendront témoigner de la multitude d’inspiration qu’a eut Tolkien, tout comme le Cor dit de Roland du XIe siècle n’est pas sans rappeler le cor de Boromir, personnage du Seigneur des Anneaux.

Un petit rappel sur l’auteur pour les non-initiés. Grand philologue Tolkien fut professeur à Oxford, étudiant entre autres Beowulf. Linguiste de génie, il invente de nouvelles langues, dont certaines très développées et créé autour de ces dernières toute une mythologie. C’est ainsi que peu à peu émerge l’univers de la Terre du Milieu, riche d’une histoire complexe et de peuples aussi différents que les petits hobbits aux pieds velus que les grands elfes gracieux. En 1937 paraît Le Hobbit, destiné à un jeune public. La suite, Le Seigneur des anneaux publiée en 1954-55 est plus développée et s’adresse à un lectorat un peu plus âgé. Le Silmarillion encore plus compliqué dans son style, évoque toute la cosmologie de la Terre du Milieu et son Histoire sera publié pour sa part à titre posthume tout comme Les contes et Légendes inachevées.
Tolkien n’est certes pas le premier auteur de fantasy, mais le succès de son œuvre et la complexité de ce monde qu’il a créé a remis ce genre littéraire sur le devant de la scène. L’universitaire Tom Shippey résume son influence en disant qu’« il a fondé le genre de l’heroic fantasy sérieuse ».

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Bilbo arrive aux huttes des Elfes des radeaux, illustration du Hobbit [1937]
Oxford, Bodleian Library, MS. Tolkien Drawings 29
© The Tolkien Estate Ltd 1937
L’exposition est conçue comme une immersion très poussée dans la Terre du Milieu, ponctuée de lettres manuscrites de Tolkien ou encore de dessins de sa main. Car oui, ce n’est pas juste, il savait aussi très bien dessiner. On a une frise chronologique des évènements cités et des cartes resituant le spectateur dans l’histoire et la géographie de ce monde fascinant. On passe ainsi par le Comté (the Shire) chez les hobbits, le Rohan et le Gondor royaumes des hommes, les terres des elfes, la Lothrien et Fendeval, les royaumes des nains ou encore le Mordor, terre de Sauron, le grand œil maléfique à la recherche de son anneau unique.
Chaque partie explore les caractéristiques des différents peuples, leurs langues et leur importance dans le récit.

La seconde partie de l’exposition est davantage portée sur Tolkien lui-même. Pour être honnête je n’ai pas pu voir grand-chose, (crise de bébé oblige), mais le dossier de presse est là pour m’aider. On découvre ainsi un Tolkien professeur d’Oxford apprécié, immense érudit, spécialiste internationalement reconnu des littératures médiévales anglaise et européennes. On en apprend un peu plus sur sa famille et ses amis dont C.S. Lewis, auteur de Narnia.
C’est dans cette seconde partie qu’on comprend à quel point sa vie et son univers étaient liés. A quel point il avait étendu sa mythologie et s’était attaché à cette dernière au point de s’identifier lui et sa femme sur sa tombe par le nom de deux de ses héros romantiques Beren et Luthien.

 

Pour conclure, c’est vraiment une belle exposition, et il n’est pas nécessaire d’être un grand lecteur de cet auteur pour l’apprécier. On pénètre dans la genèse d’une œuvre et dans toute sa richesse. On voyage tout simplement, comme Frodon à travers les paysages de la Terre du Milieu (le poids de l’anneau en moins). Je vous conseille néanmoins d’acheter vos billets à l’avance devant la forte fréquentation. Et conseil pour les jeunes parents. Ne faites pas comme moi, faites garder bébé, même s’il vous permet de passer plus vite la sécurité.

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Lettre du roi : Lettre d’Aragorn à Sam (3e version)
Marquette University
© The Tolkien Estate Limited/ The Tolkien Trust [début des années 1950]
Du 22 octobre au 16 février.

Commissariat

Vincent Ferré, professeur de littérature comparée à l’université de Paris Est-Créteil
Frédéric Manfrin, conservateur en chef au département Philosophie, Histoire et Sciences de l’Homme, BnF
Commissaires associées : Élodie Bertrand et Émilie Fissier, BnF

 

 

Degas fait danser le musée d’Orsay

Voici l’une des expositions les plus attendues de cette rentrée. Bon d’accord pas autant que celle sur Léonard de Vinci, mais tout de même. Nous voici donc à l’Opéra avec Degas, au musée d’Orsay.

Bon l’ayant visitée un dimanche pluvieux (donc bondé) et avec une poussette (qui m’a permis de ne pas faire 1 heure de queue, merci Orsay), je n’ai pas tout lu, loin de là. Je me suis juste laissée porter par la beauté des œuvres et c’était très bien aussi.

Quand on pense Degas, on pense souvent à ces petits rats en tutu, ou à sa petite danseuse fière. Et pour cause, ce passionné de musique en fera l’un de ses thèmes de prédilection des années 1860 jusqu’à ses œuvres ultimes vers 1900. Il multiplie sur un même sujet les points de vue, les cadrages, les thèmes et même les techniques allant du pastel, à l’huile à la sculpture. Cette diversité dans la création offre un panel d’une richesse unique dans l’Histoire de l’art et un regard sur un monde souvent fantasmé en dévoilant autant la magie des mouvements des danseuses, la passion des musiciens, les corps en torsion que l’aspect social pas toujours honorable.

Edgar Degas,Le foyer de la danse,© Courtesy National Gallery of Art, Washington DC
Le foyer de la danse. 1890-1892, Huile sur toile, H. 40 ; L. 88,9 cm, Washington, National Gallery of Art© Courtesy National Gallery of Art, Washington DC

Mais attention, ses œuvres donnent peut-être l’illusion du mouvement pris sur le vif, mais Degas aussi moderne soit-il est un peintre d’atelier. Il y réarrange ses motifs en y mêlant autant ses souvenirs que son imagination, créant ainsi un monde entre deux, à la voix vivant et réaliste mais tout autant inventé.

D’ailleurs hormis dans ses deux versions de Robert le Diable, l’œuvre jouée n’est jamais identifiable que ce soit dans les costumes où les décors.
Le visiteur plonge dans la magie de l’opéra, accueilli par cette splendide maquette de l’opéra Garnier. Il visite l’orchestre, salue les musiciens et se retrouve dans les salles de classe et les coulisses de l’opéra Le Pelletier qui brûle en 1873. Degas connaîtra également l’opéra Garnier mais ce dernier n’est jamais vraiment représenté. On rencontre également le fameux abonné aux motivations pas toujours louables ou poussées par l’amour de la danse. Cette figure sombre en chapeau haut-de-forme rappelle la misère de certaines jeunes danseuses parfois poussées à la prostitution ou du moins à avoir un protecteur. Ainsi la Jeune danseuse de 14 ans qui choqua ses contemporains par son allure « vicieuse », est un vrai modèle, Marie Genevieve van Goethem, qui fut finalement renvoyée pour absentéisme et se prostitua, à 20 ans.

Edgar Degas,Le Rideau,© Washington, DC, The National Gallery of Art – NGA IMAGES
Le Rideau Vers 1881, Pastel sur carbone et monotype sur papier vergé monté sur panneau. Washington, DC, The National Gallery of ArtCollection de Mr. and Mrs. Paul Mellon© Washington, DC, The National Gallery of Art – NGA IMAGES

Mais Degas ne juge pas vraiment. De même cet artiste au caractère, disons, difficile et misogyne adopte un regard relativement neutre, privilégiant le motif au sens. Il fait bouger les corps, essaye des formats nouveaux, des cadrages audacieux et des jeux de lumières avec une vivacité des couleurs sublimes.

Une exposition toute en couleurs et en tutus et pointes, à voir et revoir, d’autant plus que le prix est compris dans le billet d’entrée et qu’il ne faut pas vendre un rein pour y aller.

Edgar Degas,Trois danseuses,© Robert Bayer
Trois danseuses (Jupes bleues, corsages rouges), Vers 1903, Pastel sur papier collé sur carton. H. 94 ; L. 81 cm. Bâle, Suisse, Fondation Beyeler© Robert Bayer

Degas à l’opéra au musée d’Orsay.
24 septembre 2019 – 19 janvier 2020

Commissaire général

Henri Loyrette

Commissaires

Leïla Jarbouai, conservatrice arts graphiques au musée d’Orsay
Marine Kisiel, conservatrice peintures au musée d’Orsay
Kimberly Jones, conservatrice des peintures françaises du XIXe siècle à la National Gallery of Art de Washington

Jardins au Grand Palais

affiche-jardinLes amoureux des jardins ont beaucoup de chance en ce printemps pas toujours très folichon, ils vont pouvoir nourrir leur soif de verdure et de plantes vertes au Grand Palais avec une exposition pluridisciplinaire originale et plutôt complète. L’approche à la fois historique, artistique et scientifique permet d’apprécier le jardin comme création de l’Homme qui façonne la nature et l’existant pour créer une nouvelle entité naturelle et humaine à la fois.

La première partie aborde le côté scientifique, manuel avec les herbiers, les outils et l’image du jardinier. Le vieux jardinier de d’Emile Clauss (1886) conjugue réalisme et impressionnisme pour nous montrer un homme âgé certes, mais solide, puissant à la peau tannée par le soleil et tenant avec délicatesse son pot de bégonias. L’homme du jardin dans toute sa force et sa douceur en somme.le-vieux-jardinier-emile-claus

Une fois qu’on descend l’escalier, on retrouve des éléments plus proches de l’histoire de l’art classique montrant l’évolution depuis la Renaissance. Une jolie mise en scène pour évoquer les jardins à la françaises avec des tableaux qui sont accrochés derrière une cimaise et qu’on voit comme des vues à travers des fenêtres. Vraiment bien vu, c’est une façon originale d’aborder une œuvre. Cela rappelle la fameuse phrase de Leon Alberti qui voyait l’art comme une fenêtre sur le monde. Ici c’est pris au pied de la lettre. On peut ainsi profiter de jolies vues d’Hubert Robert ou de Fragonard avant de découvrir toutes les œuvres impressionnistes qui traitent le sujet avec toute la lumière possible et le faisant entrer dans le domaine de la vie familiale et joyeuse comme chez berthe Morisot ou Monet.

En somme une belle exposition pleine de soleil, de plantes, de vie. Les titres même des sous parties sont une invitation à la promenade : humus, arboretum, belvédère, bosquets etc.

Si vous n’avez pas le temps ou l’opportunité de visiter l’exposition, je vous conseille le site du Grand Palais http://www.grandpalais.fr/fr/article/jardins-toute-lexpo, très bien fichu qui vous donnera toutes les informations nécessaire et plus encore.

JARDINS
15 mars-24 juillet 2017
Commissariat : Laurent Le Bon, président du Musée national Picasso, Marc Jeanson, responsable de l’Herbier national du Museum national d’Histoire naturelle, Coline Zellal, conservatrice au musée national Picasso.

Come back de printemps

Bonjour à tous,Résultat de recherche d'images pour "tenue correct exigée arts décoratifs"

Je crois avoir été absente une partie de l’hiver. Entre le travail et l’habitude de visiter
les expos la veille de leur fermeture, c’était un peu compliqué. J’aurai par exemple adoré vous faire partager celle sur les Fêtes et les divertissements à la cour du château de Versailles, avec les magnifiques tapisseries de Oudry, l’évocation du bal des Ifs et tout et tout.  Mais elle se termine aujourd’hui.

Heureusement avec le soleil de nouvelles expos germent et j’en ai à nouveau  quelques unes en réserve pour vous.

Commençons par une expositions friperie, « Tenue correct exigée » qui s’achève le 23 avril. Il reste donc un bon mois pour y aller.

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Alexis Chataignier, Ah, quelle antiquité !!! Oh ! quelle folie que la nouveauté… 1797, Paris © BnF

 

Le propos ? Rien de plus simple. Montrer comment depuis le XIVe siècle et à travers 400 vêtements la mode se dépasse, se réinvente jusqu’à choquer pour créer la nouveauté et comment elle est intimement liée à la société qui la façonne, lui dicte ses règles.

Le parcours -comme souvent avec les expos sur le textile aux Arts Déco est bien fichu, immersif, avec lumière sombre et grande vitrine, pas ennuyant pour un sous. On est plongé dans une longue histoire de tissus et de société. On comprend peu à peu (bien qu’on s’en doute) comment depuis toujours la façon de s’habiller relève à la fois d’une volonté personnelle et beaucoup de normes imposées. Par exemple, qu’est ce qui définit un habit d’homme, d’un habit de femme ? Pourvoi marquer cette différence? Ha l’héritage judéo-chrétien, encore cette fichue Eve. Mais pas que. Qu’est ce qui différencie la femme légère de dame de la haute société ? Rappelez-vous comment le portrait de Marie-Antoinette en robe de gaulle en mousseline blanche par E.Vigée-Lebrun fit scandale. Comment ? Osez représenter la reine de France comme une vulgaire femme du peuple. On pourrait croire que cela la rendrait sympathique, plus proche, plus normale, mais non. Par l’exposition de ce tableau, c’est la royauté qui est désacralisée et on dût retirer le tableau illico presto. De la même façon aujourd’hui, normalement dans notre société, toutes les femmes peuvent porter des pantalons. Mais que le combat fut dure. Et c’est encore aujourd’hui, même dans notre pays, un éternel débat. Peut-on s’habiller vraiment comme on le veut ? Puis-je mettre une jupe dans le RER à 22h, aller au travail en jogging, porter un burkini, ou une robe à fleurs à l’Assemblée nationale, un baggy à un entretien ? C’est un propos atrocement contemporain que nous offre le musée des arts Décoratifs.

Mais heureusement, parfois dans l’Histoire, il se trouve des personnes pour pousser un peu les choses et apporter un vent de fraicheur. On découvre la fabuleuse histoire du pantalon, de Dietrich à Yves Saint Laurent, celle de la capuche, de la mise en valeur de telle ou telle partie du corps.
A travers le prisme du vêtement, c’est toute notre société d’image que se propose de mettre en lumière le musée. Un plaisir instructif, porteur de réflexion où on ne s’ennuie pas une seconde.

A voir, à faire, à porter.

Commissaire : > Denis BRUNA, conservateur, collections Mode et Textile antérieures au XIXe siècle
Scénographie : > Constance Gui

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Cœur brûlés, Deutsche Kinemathek, Marle Dietrichcollectio, Berlin, 1930 C Eugène Robert Richee Entrer une légende

 

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Toutes les infos là : http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/musees/musee-des-arts-decoratifs/actualites/expositions-en-cours/mode-et-textile/tenue-correcte-exigee-quand-le-vetement-fait-scandale/

C’est la fête au musée d’Orsay

Cette année c’est la fête impériale au musée d’Orsay, les crinolines sont de sorties, les lumières brillent de mille feux et la musique chante. Le Second empire dévoile ce qu’il a de plus festif pour redorer son image parfois décriée.

Comme souvent le musée du XIXème siècle qui fête ses 30 ans, ne fait pas les choses à moitié. A travers une scénographie spectaculaire, le visiteur est plongé en immersion dans les fastes des fêtes de ce Second Empire dont la force reposait sur son image.

Le Prince président, neveu de Napoléon Ier, arrive au pouvoir par les urnes et par la force, mais il n’a que son nom pour asseoir

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Franz-Xaver Winterhalter (1805-1873, d’après) 1855 Versailles, Musée national des Châteaux de Versailles et de Trianon © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

sa légitimité, pas de batailles glorieuses ou de gloires personnelles. Louis Napoléon, devenu Napoléon III en 1852 va donc se construire lui-même une image de pouvoir, s’appuyant sur sa belle et douce épouse, Eugénie, puis son fils, le future de l’Empire. Il magnifie chacune de ses apparitions, transformant son règne en festivités joyeuses et attrayantes et en mettant en avant la modernité de son régime.

 

Tous les aspects de cette société de représentation, de spectacles et d’arts sont mis en avant. Les aspects les plus positifs seulement, la misère du peuple, la souffrance des campagnes, la censure, tout cela il n’en est pas question dans cette exposition. Rien que ce qui brille ! On découvre les luxueux décors éphémères élevés dans Paris pour célébrer les victoires de l’armée en Italie et associer la population à la fête. Mais il y a aussi les décors permanents, tous ces palais impériaux décorés avec fastes (Tuileries, Fontainebleau, Compiègne, Pierrefonds). C’est le retour du goût pour le fastueux XVIIIème siècle, lié entre autres à la fascination de l’impératrice Eugénie pour la personne de Marie-Antoinette. Elle cherche chez les antiquaires des meubles et des objets liés à la souveraine et quand elle ne trouve pas, elle commande des copies. Mais le XVIIIème siècle n’est pas la seule période historique à recevoir les faveurs du goût impérial. C’est un goût finalement très éclectique qui se met en place, avec une re-re-redécouverte de l’Antiquité et les décors à l’antique dont La villa pompéienne du prince Napoléon-Jérôme est la parfaite illustration ; mais il y a aussi le néo-gothique dont l’architecte Viollet-le-Duc est le chantre. Cet éclectisme se retrouve dans la richesse des décorations des intérieurs.

On rencontre les personnalités de l’époque à travers une galerie de portraits virtuoses. Tantôt réaliste et sobre comme chez Cabanel ou d’une grande modernité avec Monet et Manet. C’est l’image d’une société de cour où l’image de soi est primordiale qui se reflète dans cette galerie.

On plonge dans les merveilles du théâtre de l’époque, on croise la fabuleuse Rachel, l’Opéra de Garnier se construit et symbolise parfaitement la grandeur du régime, et on y entend la musique de Verdi, Wagner ou Bizet ; la folie des bals bat son plein et la comtesse de Castiglione exhibe ses plus beaux costumes.

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Gustave Boulanger Répétition du « Joueur de flûte » et de la « Femme de Diomède » chez le prince Napoléon © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Adrien Didierjean

On rentre dans une petite salle où l’accrochage est fidèle à ceux du XIXème siècle, avec des tableaux plein les murs, du sol au plafond. On plonge dans l’effervescence des Salons où les peintres présentaient leurs œuvres dans l’attente de commandes officielles et de reconnaissance, et où il était de bon ton de se montrer. Voici le goût académique de Cabanel, Gérôme ou Bougereau qui longtemps souffrirent de cette image avant d’être redécouvert il y a quelques années. Mais face au nombre croissant de peintres de la modernité refusé, l’Empereur autorise l’ouverture d’un Salon des refusés en 1863 où nous retrouverons Manet et Le déjeuner sur l’herbe… L’exposition se termine dans un tourbillon de beaux objets, hommage au savoir-faire français présenté lors des Expositions universelles de 1855 et 1867 au Palais de l’Industrie. Le succès croissant des objets manufacturés annonce le rôle croissant de l’industrie dans l’histoire des arts décoratifs au XXème siècle.

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Henri Baron Fête officielle au palais des Tuileries pendant l’Exposition Universelle de 1867 © RMN-Grand Palais (domaine de Compiègne) / Droits réservés

Puis vient déjà le temps de sortir de cette bulle de fêtes et de retrouver la vraie vie, mais pas une seconde je ne me suis ennuyée. Le musée d’Orsay renoue avec sa tradition de grande exposition sténographiée et c’est un plaisir, car c’est un véritable voyage qui nous ai proposé. Même si les défauts de son régime sont occultés, cela fait aussi parfois un peu de bien de se concentrer sur les points positifs et la lumière.

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L’Impératrice Eugénie en costume du XVIIIe siècle WINTERHALTER Franz-Xaver

Spectaculaire Second Empire Musée d’Orsay 27 septembre 2016 – 15 janvier 2017

Commissariat général
Guy Cogeval, président des musées d’Orsay et de l’Orangerie

Commissariat
Yves Badetz, conservateur général au musée d’Orsay et directeur du musée Ernest Hébert Paul Perrin, conservateur au musée d’Orsay Marie-Paule Vial, conservateur en chef du patrimoine honoraire

Hergé

Avec les fêtes qui approchent, on retourne en enfance cette semaine. Il y a deux expositions qui s’y prêtent Disney au musée des Arts Ludiques et Hergé au Grand Palais et c’est justement là que nous allons.

Tout le monde connaît Tintin et  le nom de son créateur en est indissociable et est tout aussi célèbre, fait relativement rare dans le monde de la bande dessiné.

Bienvenue à Moulinsart et par mille millions de mille sabords en avant.

L’exposition est franchement bien. On ne s’ennuie pas et pourtant j’ai l’ennui facile. On découvre toutes les facettes de ce grand dessinateur belge, les étapes de créations, ses autres œuvres, son travail publicitaire et le tout de manière très joyeuse.

On rencontre ainsi Georges Remi, le vrai nom d’Hergé (1907-1983), collectionneur et amateur d’art, amateur d’histoire et de sciences. Au fil des années, il se créé une réserve d’images dans laquelle il plonge régulièrement pour illustrer ses cases d’art moderne auquel il s’est initié avec plaisir se créant une collection personnelle.

Il est très intéressant de voir comment se construit petit à petit une bande dessinée. Il y a d’abord l’importance du texte, puis le dessin vient mettre en scène ce dernier, avec d’abord les esquisses, puis les épreuves à l’encre de chine avant le rajout des couleurs. Un petit reportage de Michel Drucker de 1978 avec Hergé et Yves Robert explique sous forme d’un cours d’école toute la conception d’une planche.

http://www.ina.fr/video/I08312557

Et bien sûre Hergé ne se réduit pas à Tintin, il y a aussi Jo, Zette et la publicité qu’il pratique avant de devenir célèbre.

En dehors de l’aspect purement créatif, il est aussi intéressant de plonger dans l’histoire qui touche de plein fouet Tintin, la Seconde Guerre mondiale ! Hergé dans un premier temps apparaît contre la guerre à travers les aventures de Monsieur Bellum.

Mais la guerre éclate et Bruxelles passe sous contrôle allemand. LA situation de Hergé se précarise et il accepte de travailler pour Le Soir, journal ouvertement collaborationniste, ce qui lui vaudra des problèmes à la fin de la guerre. Il faudra attendre 1946 pour qu’il soit définitivement blanchi.

Je vous conseille vraiment cette exposition toute en couleurs qui a le mérite de pouvoir se faire avec les enfants. Vous pourrez lire des planches et des planches, replonger dans l’enfance, voir une maquette géante de la fusée et une autre du château de Moulinsart. Du fun et en cette période de fêtes, c’est ce qu’on cherche.

Commissaires : Jérôme Neutres, directeur de la stratégie et du développemen108276220_ot à la Réunion des Musées nationaux-Grand Palais / Le musée Hergé, avec le soutien de Moulinsart.

Au Grand Palais jusqu’au 15 janvier 2017

 

Bouchardon, Une idée du beau au Louvre

Edme Bouchardon, L'Amour se taillant un arc dans la massue d'Hercule, 1750, marbre, Musée du Louvre, © RMN
Edme Bouchardon, L’Amour se taillant un arc dans la massue d’Hercule, 1750, marbre, Musée du Louvre, © RMN

Fidèle à sa politique mise en place à l’arrivée de Jean-Luc Martinez à sa tête, le musée du Louvre propose une exposition pointue en lien avec ses collections. Ainsi c’est le méconnu Edme Bouchardon, sculpteur baroque de génie et de grâce qui a le droit à sa première rétrospective.

Comme beaucoup d’artiste de son époque, Edme Bouchardon (1698-1762) appartient à une famille d’artistes. Prix de Rome en 1722, il reste 9 ans dans la Ville Eternelle où il se nourrit d’antiques et d’art baroque. Il présente même un projet pour la fontaine de Trévi et comme il aime bien les fontaines, il réalisera celle de la rue Grenelle (aujourd’hui à côté du musée Maillol) en 1745.
Célébré comme un artiste d’exception, il est nommé sculpteur du roi en 1732 et est reçu à l’Académie en 1744.

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Edme Bouchardon. L’Automne: Enfant couché sur le dos, les bras levés. Cambridge, The Horvitz collection © The Horvitz Collection, Boston

Le parcours de l’exposition retrace  les différents aspects de son œuvre. Son importante production de portraits pour commencer notamment ce fabuleux buste à l’antique de Charles-Frédéric de la Tour du Pin, marquis de Gouvernet, présenté au salon de 1738. Son expression est si…vrai et son regard si doux. C’est fascinant à regarder, cette manière dont le marbre si froid semble prendre vie en figeant une expression. C’est Bouchardon qui ramène à Paris cette mode du portrait antique qui annonce le néo-classicisme à venir.

Il y a aussi les copies romaines comme le fameux Faune endormi, les nombreuses médailles qu’il exécute en tant que dessinateur de l’Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres, les illustrations de livre, assez inattendue mais qui révèlent un travail de graveur notamment l’Histoire naturelle de Buffon ou des partitions de Geminiani.

76558-333x500L’une des particularités de cette exposition c’est de présenter aussi bien le sculpteur que le formidable dessinateur qu’était Bouchardon. J’adore regarder des vieux dessins et il faut dire qu’il avait un sacré coup de crayons.  On découvre tout le travail préparatoire dessiné avant d’arriver à la version en 3D.  Un autoportrait songeur, des académies très sensuelle et des petits chérubins trop mimis font parties en autres des dessins que vous verrez.
L’un des aspects les plus originaux de  son art est la série des soixante Études prises dans le bas Peuple ou les Cris de Paris, sans doute dessinée par Bouchardon en 1737 et publiée sous forme d’estampes gravées par le comte de Caylus et Etienne Fessard. On y découvre pleins de petits métiers, comme si nous étions plongés dans les rues parisiennes du XVIIIème siècle Chaque personnage est traité avec une authenticité toute naturaliste. On rencontre le Chaudronnier auvergnat, le décrotteur, l’écosseuse de pois, le vinaigrier et j’en passe.

gri_2015_pr_2_b01_015Puis il y a les chefs d’œuvre comme le monument équestre de Louis XV disparu à la Révolution et ce plus délicat Amour se faisant un arc de la massue d’hercule où le travail sur les plumes et la tête de lion est particulièrement poussé.

Alors certes, ce n’est pas une exposition grand public dans le sens où nous sommes loin des sujets attractifs et vendeurs mais c’est aussi cela le rôle d’un grand musée, faire redecouvrir des grands artistes  un peu tomber dans l’ombre et en ce sens c’est réussi.

 

Commissaire(s) :

Guilhem Scherf, Juliette Trey, musée du Louvre, Anne-Lise Desmas, Getty Museum, Los Angeles, et Édouard Kopp, Fogg Museum, Harvard.

 

Musée du Louvre
Du 14 septembre au 5 décembre 2016

 

l’âme d’une collection russe réanimée : la collection Chtchoukine enflamme la fondation Vuitton.

En ce moment les amateurs d’art contemporain sont des petits chanceux. S’ils savent s’armer d’un peu (beaucoup) de patience, ils pourront découvrir à la fondation Louis Vuitton, l’extraordinaire collection de Sergueï  Chtchoukine qui était riche à son apogée de deux cent soixante-quinze œuvres d’artistes célébrissimes aujourd’hui : Monet, Picasso, Malevitch, Gauguin, Cezanne, Maurice Denis…Une collection exceptionnelle !!!!

Ce riche russe, administrateur de manufactures et de banques commence à acquérir dès 1898 à Paris, les grands noms de l’art : Gauguin, Pissarro, Monet, Cézanne. Cette première collection devient rapidement une référence et  est exposée chez lui  au palais Trubetzkoy.
L’année 1905 marque la première révolution russe suite à la guerre russo-japonaise mais également le début d’une succession de drames qui vont toucher Sergueï. Il perd son fils puis sa femme, ce qui le pousse à partir en retraite au monastère Sainte Catherine du Sinaï.

Il commence à cette époque, suite à sa rencontre avec Léo et Gertrude Stein à s’intéresser à Matisse et Picasso pour qui il se prend d’une véritable passion. Passion ambiguë, mêlée de fascination et de rebut. Ainsi avant d’acheter des œuvres à Matisse il lui écrit   « je vais l’accrocher quelques mois et je vous dirai si je m’habitue à elle, alors je confirmerai mon achat ».

D’abord vue d’un mauvais œil en Russie, sa collection finit par s’imposer dans le milieu artistique et dès 1908 il ouvre son palais au public le dimanche et devant le succès, il doit vite passer à trois jours.

La guerre et surtout la révolution de 1917 le pousse à se séparer de sa collection et en 1918 un décret du Conseil des commissaires du peuple, signé Lénine, proclame   «La galerie d’art de Sergueï Ivanovitch Chtchoukine, propriété publique de la République socialiste fédérative de Russie considérant que par sa très grande valeur artistique elle présente en matière d’éducation populaire un intérêt national»

En 1923 la collection Chtchoukine fusionne avec la collection Morozov pour devenir le Musée d’Etat d’art occidental moderne (GNMZI). En 1933 les collections commencent à être éparpillées par des politiques d’échanges avec l’Ermitage et le musée des Beaux-arts Pouchkine, d’autres œuvres furent vendues à l’étranger. Et finalement en en 1948, un décret de Staline proclamait la dissolution du GMNZI et l’éclatement définitif des collections. De son côté Sergueï Chtoukine avait fui la Russie, s’exilant d’abord en Allemagne pui s’installant à Paris où il meurt en 1936.

L’exposition de la fondation Vuitton est exceptionnelle. C’est la première fois qu’elle est à nouveau présentée comme une entité artistique en soit avec sur les murs des photos du palais Trubetzkoy qui rappellent l’accrochage original comme sa salle Gauguin ou encore sa cellule Picasso.

 

130 œuvres sont exposées représentant les mouvements fauves, cubistes, impressionnistes, décoratifs, réalistes et j’en oublie sûrement. Sachez-le, nombreux sont les journalistes à la présenter comme l’exposition de l’année !

Je vais vous donner un petit conseil si vous souhaitez y aller : surtout réservez ! Car même avec vos billets en poche l’attente est longue mais sans, c’est le double.

 

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Jusqu’au 20 février, Fondation Louis Vuitton
http://www.fondationlouisvuitton.fr/expositions/icones-de-l-art-moderne-la-collection-chtchoukine.html

La collection Chtchoukine

 

 

Les écrivains à l’honneur dans les musées de la ville de Paris, Baudelaire et surtout WILDE <3

Ces dernières semaines furent très littéraire pour moi. J’ai eu l’occasion de visiter deux expositions organisées par des musées de la ville de Paris (Petit Palais et Vie Romantique) avec pour thème deux grands écrivains du XIXème siècle : Oscar Wilde et Charles Baudelaire.

L’exposition consacrée à Charles Baudelaire au musée de la Vie Romantique a pour ambition de mettre en rapport les œuvres que le poète a pu apprécier ou commenter et ses textes. Les textes autographes sont d’ailleurs le principal intérêt de cet exposition. Voir l’écriture nerveuse de l’auteur des Fleurs du mal est un plaisir, mais pour le reste je l’ai trouvé assez difficile à appréhender. Et en lisant le livre d’or je n’ai pas l’air d’être la seule.
Il s’agit de présenter Baudelaire comme le critique d’art qu’il était, dans la lignée de Diderot ; de présenter ses goûts et ceux de la société à une époque où les mouvements s’enchainent à une certaine vitesse, du Romantisme au Réalisme jusqu’à l’Impressionnisme.

Certes je n’ai pas bien lu tous les textes de l’exposition, notamment leurs petits blocs de planches, mais ceux qui me connaissent un peu savent que je ne vais pas dans les expositions pour lire, lire et encore lire. Cela a tendance à m’ennuyer plus rapidement que je le voudrais. C’est peut-être pour cela que je n’ai pas tout saisi. Heureusement le dossier de presse est là pour combler ma fainéantise.

Vous l’aurez donc compris ce n’est pas vraiment une exposition grand public. Elle est destinée à un public avisé qui saura apprécier leur juste valeur des œuvres peu connues qui témoignent de l’éclectisme du XIXème siècle et du goût pointu de Charles Baudelaire.

Mais venons-en à l’exposition qui m’a fait chavirée, car elle concerne l’un de mes écrivains préférés, peut-être mon écrivain préféré, Oscar Wilde.

WP_20161011_11_49_11_Pro_LI.jpgLe Petit Palais lui consacré une exposition quasi-parfaite, qui nous renseigne sur sa vie, son œuvre et sur son regard sur l’art à travers des peintures qu’il admira, des écrits, des caricatures, des photographies, des lettres, des citations etc.

Souvent considéré comme un grand écrivain anglais, Oscar Wilde est en réalité irlandais. Il arrive à 20 ans en 1874 au Magdalen College d’Oxford où il suit avec enthousiasme les cours de Walter Pater et John Ruskin qui développent la sensibilité esthétique d’un dandy en pleine construction qui ne cessera de s’affirmer avec les années,  gagnant en notoriété.

On découvre ensuite le Wilde critique d’art, se délectant devant les œuvres présentées dans la Grosvenor Gallery. S’attachant surtout aux sujets mythologiques ou d’histoire ancienne, Oscar Wilde admire la peinture d’Edward Burne-Jones et reproche à William Blake Richmond son manque de vraisemblance dans les costumes de ses peintures. L’intérêt de l’exposition c’est de voir  en même temps que les critiques, les tableaux en question et ainsi d’apprécier à la fois la peinture anglaise de ce dernier tiers du XIXème siècle et l’avis d’Oscar Wilde concernant la composition des uns, la maitrise de la couleur des autres, la réalité historique d’un décor etc.

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Entrer une légende

John Roddam Spencer Stanhope (1829-1908), L’Amour et la jeune fille, 1877. Crédit : Fine Arts museum de San Francisco Achat du musée, du European Art Trust Fund, du Grover A. Magnin Besquest Fund and du Dorothy Spreckels Munn Bequest Fund

 

Fort de sa nouvelle réputation Oscar Wilde s’embarque en 1882 pour les Etats Unis d’Amérique ou il est mandaté pour faire une tournée de conférences à travers tout le pays, de New York à la côte Ouest devant des indiens, des mineurs ou  des mormons. Il expose sa vision de l’esthétisme mais aussi des sujets plus concrets comme « Les Arts décoratifs ». C’est de cette époque que date la fameuse série de photographies de Napoléon Sarony où on le voit avec ses bas de soie et son veston de velours prenant ses fameuses poses qui sont rentrées dans la légende. La confrontation Wilde/Amérique telle qu’elle nous l’est présentée dans l’exposition est amusante. D’un côté les impressions du poète sur le nouveau monde où tous les habitants lui semblent pressé et de l’autre la flopée d’images le représentant de manière souvent précieuse, dont cette étonnante caricature de Sir Max Berrbohm avec son lys et son brushing.Afficher l'image d'origine

De retour de ce périple, Oscar Wilde se marie pour satisfaire sa mère avec Constance Lloyd avec qui il a deux garçons, Cyril et Vyvyan. Il se rend également à Paris où il rencontre Victor Hugo, Maurice Rollinard, Pau Verlaine,  Edmond e Goncourt et Stéphane Mallarmé qu’il admire. Il sera même peint par Henri de Toulouse Lautrec dans l’une de ses toile représentant La Goulue au à la Foire du Trône.
Son travail d’écriture se développe, il écrit des pièces et devient rédacteur d’un magazine dédié aux femmes qu’il rebaptise Woman’sWorld.

Puis vient l’année 1891, l’année où est publié son seul roman, un chef-d’œuvre de la littérature fantastique et philosophique : The Picture of Dorian Gray. L’histoire de ce beau jeune homme qui se fait portraiturer et dont le portrait justement absorbe tous les vices et méfaits de son double de chair qui de son côté ne vieillit pas jusqu’à la fin tragique. Ce roman est une critique de la société, il reflète les considérations de Wilde sur l’art et l’esthétisme et il y inclut tous les thèmes qui lui sont chers : la morale, la beauté, l’hédonisme. Que c’est magique de pouvoir admirer ses pages manuscrites, son écriture ronde, les ouvrages dédicacés…

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Les années 1890-95 sont des années créatives. C’est en 1895 qu’il créé au St. James Theatre, L’Importance d’être constant. Sa pièce la plus célèbre. En 1893 c’est Salomé qui est écrite à Paris et en français pour Sarah Bernhardt. L’actrice ne jouera jamais le rôle et la pièce est interdite en Angleterre mais elle inspira de nombreux artistes dont Aubrey Beardsley qui fut chargé d’en réaliser les illustrations.
C’est également dans ses années qu’il rencontre Lord Alfred Douglas, âgé de 21 ans alors qu’il a lui-même la quarantaine. Cette relation passionné transforme sa vie tout entière et le mènera à sa perte quand il s’oppose au père du jeune homme, le marquis de Queensberry. Les choses se retournent contre lui et il finit par être jugé pour outrage à la pudeur. Nous sommes dans l’Angleterre très puritaine et hypocrite de la reine Victoria où il ne faut pas montrer les scandales. Oscar Wilde est donc condamné à la prison pour ce qu’il est. Durant ses années très dures pour lui, il écrit son De Profundis, longue lettre destinée à Alfred. Il retrouve malgré tout son amant à sa libération en 1897 et ils voyagent ensemble en Italie. Il mourra en 1900 à Paris, loin de chez lui, un peu oublié mais en 1909, le sculpteur Jacob Epstein lui édifie un tombeau en forme de sphinx qui aujourd’hui encore accueillent ses admiratrices et admirateurs venus du monde entier.Afficher l'image d'origine

J’ai adoré cette exposition, voir ces peintures anglaises, les manuscrits d’Oscar Wilde, les photos, les caricatures qu’on faisait de lui où il apparaissait comme un ogre dévorant la vie à pleine dent. C’est vraiment une très belle exposition qui rend parfaitement hommage à ce grand bonhomme sensible qu’était Wilde.

Bravo !

Petit Palais
Oscar Wilde
L’impertinent absolu

Du 28 septembre 2016 au 15 janvier 2017
COMMISSAIRES : Dominique Morel : conservateur en chef au Petit Palais
Merlin Holland : conseiller scientifique

 

Musée de la Vie romantique
‘L’oeil de Baudelaire’ / 20 septembre 2016 – 29 janvier 2017

COMMISSAIRES : Robert Kopp,  professeur à l’université de Bâle,Suisse, correspondant à l’Institut
Charlotte Manzini, docteur en littérature
Jérôme Farigoule, directeur du musée de la Vie romantique
Sophie Eloy, directrice adjointe, musée de la Vie romantique