Le Louvre ouvre de nouvelles salles : les arts décoratifs de Louis XIV à Louis XVI

Dans cet article il ne sera pas question d’exposition temporaire mais de redécouverte d’une collection permanente. Ceux qui me suivent sur Facebook et Twitter auront peut-être deviné que je vous emmène au Louvre pour l’ouverture des nouvelles salles du Département des Objets d’Art. Consacrées aux arts décoratifs de Louis XIV jusqu’à la Révolution, ces salles sont un voyage temporel réussi et magnifique. Une nouvelle pépite pour le plus beau musée du monde d’autant plus que cette collection dont l’origine remonte à Louis XVI pour son projet de musée non abouti est l’une des plus belles du monde avec la particularité d’être en grande partie constituée d’objets à provenance royale et princière.

WP_20140623_16_30_16_Pro2183m², 33 salles, plus de 2000 objets. Ces chiffres donnent le tournis tout comme les 26millions d’euros qui ont été nécessaires pour y parvenir, et ce projet aussi pharaonique soit-il n’a été financé que par le mécénat. Ils seraient trop long de citer ces nombreux donateurs mais citons quand même les deux principaux à savoir les Montres Breguet et le cercle Cressent du Louvre présidé par Maryvonne Pinault.

Le parcours se veut chronologique, ce qui pour ce type d’œuvres est plus cohérent pour bien comprendre l’évolution des styles. Ainsi trois axes se dégagent :

–          1660 – 1725 : le règne de Louis XIV et la Régence
–          1725- 1755 : le style Rocaille (ou rococo pour les étrangers)
–          1755- 1790 : le retour du classicisme et le règne de Louis XVI

Salle dite de l'hôtel Le Bas de Montargis © 2014 Musée du Louvre, dist.RMN - GP / Olivier Ouadah
Salle dite de l’hôtel Le Bas de Montargis © 2014 Musée du Louvre, dist.RMN – GP / Olivier Ouadah
salle du conseil d'état
salle du conseil d’état

La muséographie s’oriente sur deux points principaux, d’un côté des vitrines thématiques (vaisselles, faïence, instruments scientifiques etc.),  de l’autre, ce qui est plus rare en France, la création de 14 period rooms. Ces dernières sont très présentes dans les musées anglo-saxons, il s’agit de reconstitutions muséales de pièces qui servent à évoquer une période et un style. Ces dernières, très jolies, nous font pénétrer dans le passé et nous présentent à chaque fois des pièces exceptionnelles. On pénètre ainsi dans  le palais Bourbon de Louis-Joseph de Bourbon avec sa belle coupole d’A-F Callet de 1774 ; dans  l’hôtel Le Bas de Montargis qui appartenait au gendre de Jules Hardouin-Mansart avec ses boiseries et sa pendule ; dans le grand salon du château de Voré de Louis Fagon, intendant des Finances et  fils du premier médecin de Louis XIV qui possède l’un des rares exemples conservés de décor d’arabesque exécuté par J-B Oudry sur le thème des plaisirs champêtres…Tout est si délicat et somptueux à la fois.
Personnellement je vois dans ces salles une manière de rappeler qu’avant d’être un musée, le lieu a été une demeure royale de premier ordre, où la décoration était soignée, ce que beaucoup oublie. Combien sont ceux en effet qui lèvent les yeux sur les plafonds peints ou sur les boiseries de la chambre d’Henri II ?

Décor d’arabesques du salon du château de Voré : Les Divertissements champêtres, La Danse, 1720- 1723. Jean-Baptiste Oudry. Trésor national. (C) RMN-GP (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda
Décor d’arabesques du salon du château de Voré : Les divertissements champêtres, La Danse, 1720- 1723. Jean-Baptiste Oudry. Trésor national.
(C) RMN-GP (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda
coupole du salon de compagnie du petit hôtel (dit « Petits-Appartements ») du palais Bourbon
coupole du salon de compagnie du petit hôtel (dit « Petits-Appartements ») du palais
Bourbon

Après vous aurez toujours des sceptiques pour vous dire qu’en réalité ces pièces sont reconstituées avec une partie seulement du mobilier original, le reste étant seulement du mobilier similaire. C’est l’éternel débat autour des period rooms et je ne préfère pas rentrer dedans aujourd’hui, n’ayant pas encore d’avis tranché même si je conçois qu’on puisse voir ce type de muséographie comme un attrape touriste, mais d’un stricte point de vue esthétique, il faut admettre que ça rend mieux qu’un meuble isolé dans un coin.

Dans les salles du Conseil d’Etat vous retrouverez une évocation de la production du Grand Siècle des manufactures royales et des ateliers de la couronne confiés à la direction de Charles Le Brun en 1667 sous le regard attentionné et strict de Louis XIV par Rigaud accroché ici pour l’occasion. C’est là entre autres que j’ai pu enfin retrouver mon mobilier Boule. Car oui, ils m’ont beaucoup manqués tous ces meubles en marqueterie Boulle en écaille, laiton ou étain. Ce que le mobilier français a fait de plus beau à mes yeux.

Dans la salle du pavillon de Beauvais vous verrez de la faïencerie et de l’orfèvrerie de la seconde moitié du XVIIIème siècle jusqu’au rocaille de 1750 exposé au centre de la pièce. Là je dois admettre que la muséographie m’a laissé perplexe, me donnant davantage l’impression d’être dans un petit labyrinthe. Mais bon, j’ai le droit de ne pas être satisfaite de tout. Heureusement les pièces exposées rattrapaient en partie le coup comme cet immense surtout de table rocaille de Jacques Roettiers (1707-1784) pour le prince de Condé et son hôtel parisien.

WP_20140623_16_20_42_ProLe goût pour l’Antiquité et l’arrivé du néoclassicisme sont joliment évoqués pour leur part dans la salle Piranèse où on a remonté pour l’occasion la collection d’antiques du comte d’Orsay.

Vous pourrez également tomber sur la galerie Louis XV avec ces vitrines pleines de montres et de tabatières toutes plus riches les unes que les autres et dans le fond le portrait du roi et de la reine par Quentin de La Tour, un peu plus loin c’est la reine Marie-Antoinette qui est à l’honneur avec son petit cabinet.

Il faudra peut-être que je revienne dans quelques mois  à tête reposée quand l’attrait de la nouveauté se sera estompé pour voir si le succès est toujours au rendez-vous car je dois avouer que je n’ai jamais vu autant de monde dans cette partie de l’aile Richelieu, c’était presque perturbant pour moi qui aime me retrouver dans l’aile réputée la plus calme et oublier la foule de Mona Lisa devant le trésor de Saint-Denis.

Pot-pourri de Madame de Pompadour à l’hôtel d’Évreux. Sèvres, manufacture royale de porcelaine, 1760-1761. D’après des modèles de Jean -Claude Duplessis, Charles- Nicolas Dodin, peintre. Porcelaine tendre, bronze doré. H. 39 cm ; L. 36 cm. Achat, 1984. Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Thierry Ollivier
Pot-pourri de Madame
de Pompadour à l’hôtel
d’Évreux.
Sèvres, manufacture royale
de porcelaine, 1760-1761.
D’après des modèles de Jean
-Claude Duplessis, Charles-
Nicolas Dodin, peintre.
Porcelaine tendre, bronze
doré. H. 39 cm ; L. 36 cm.
Achat, 1984. Paris, musée
du Louvre © Musée du
Louvre, dist. RMN-GP /
Thierry Ollivier

Ce sera l’occasion de regarder de plus près les 7 dispositifs numériques installés. J’ai dû en apercevoir 2, je ne sais pas où sont les autres mais à la lecture du dossier de presse, ils ont l’air intéressant, expliquant notamment l’utilisation des différents objets du quotidien, le service à la française ou la différence entre le style rocaille et le néoclassique, même si pour ce dernier point, suffit d’ouvrir les yeux…

Ces nouvelles salles quoi qu’un peu tape à l’œil sont donc plutôt réussies, il faut que je m’habitue à cette nouvelle muséographie mais dans l’ensemble je suis vraiment contente de retrouver ou de trouver toutes ces pièces. À moi Cressent, Boulle,  Baumhauer, Riesener, Criaerd, Jacob et les autres.

Les sirènes : entre ciel et mers

Après vous avoir conté les plages de Boudin, je vous invite cette semaine à plonger sous la surface pour aller découvrir des êtres imaginaires, objets de fantasmes depuis des millénaires. Vous l’avez peut-être compris, cette semaine je vous fais un article thématique autour des sirènes.

Waterhouse, La sirène 1900
Waterhouse, La sirène 1900

Créatures bien fascinantes qui peuplent les récits mythologiques de nombreuses civilisations. Et pas toujours sous leur forme actuelle de joli buste de femme bien formée comme il faut avec une longue queue de sirène qui ondule derrière elle. Car il existe deux types de sirènes : la femme-oiseau qu’on retrouve chez les grecs et la femme-poisson. D’ailleurs nos amis anglophones marquent bien la distinction dans leur langue entre siren et mermaid.

Siren, possibly commissioned by the Colonna , 1571-90, Met, NY
Siren, possibly commissioned by the Colonna , 1571-90, Met, NY

Les premières, on les trouve notamment chez Homère, dans le chant XII de l’Odyssée. Circée met en garde Ulysse du danger de ses redoutables créatures.

« D’abord tu rencontreras les Sirènes, séductrices de tous les hommes qui s’approchent d’elles : celui qui, poussé par son imprudence, écoutera la voix des Sirènes, ne verra plus son épouse ni ses enfants chéris qui seraient cependant charmés de son retour ; les Sirènes couchées dans une prairie captiveront ce guerrier de leurs voix harmonieuses. Autour d’elles sont les ossements et les chairs desséchées des victimes qu’elles ont fait périr. » (Source http://remacle.org/bloodwolf/poetes/homere/odyssee/livre12.htm)

Ulysse et les Sirènes Fresque de Pompéi - milieu du Ier siècle après JC british museum
Ulysse et les Sirènes Fresque de Pompéi – milieu du Ier siècle après JC british museum

Paradoxalement, Homère ne mentionne à aucun moment la partie « oiseau » de ces charmeuses hors pairs.  Elles sont aussi présentes dans les Argonautiques orphiques. Dans ce récit, l’Argo, vaisseau de Jason et des argonautes, passe près d’elles et c’est le chant d’Orphée, plus puissant qui empêchent les marins de devenir fous.

irène funéraire du cavalier Dexileo athènes
irène funéraire du cavalier Dexileo athènes

L’origine mythologique de leurs ailes vient de Cérès ou d’Aphrodite, selon les récits. La première les auraient transformés selon Ovide, parce qu’elles n’ont pas empêché Hadès d’enlever sa fille adorée, Korè/Perséphone. Parfois c’est la déesse de l’amour qui leurs donne pour avoir voulues rester vierges.

Sirene de Canosa IVe s avant JC, (M.A.N._Madrid)
Sirene de Canosa IVe s avant JC, (M.A.N._Madrid)

Dans les représentations, elles sont d’abord plus oiseaux que femmes mais avec le temps, à partir du IIIe siècle avant notre ère, elles se féminisent, peut-être par esthétisme.

Leurs origines sont incertaines, leurs parents différent d’un récit à l’autre. Elles peuvent avoir pour père Akhelóös et pour mère Melpomène, Calliope, Gaïa, Porthaon ou Terpsichore. Quant à leurs noms et nombres, c’est aussi très variable. Chez Homère, par exemple elles ne semblent être que deux.

Période corinthienne, vers 575 avant JC boston
Période corinthienne, vers 575 avant JC boston

Ce qui ne varie pas ou peu, c’est l’importance donnée à leurs voix, réputées charmeuses, envoutantes et persuasives. Elles sont également très souvent liées au monde infernal, certainement en raison de leur lien avec Prospérine, déesse des enfers. Dans le monde grec, elles ornent de fait des tombes et autre mobilier funéraire.

À partir du Moyen Age, l’aspect ailé, même s’il est toujours connu, laisse place à un autre type de sirène, celle à queue de poisson.

Alessandro Allori - Ulysse et les Sirènes(1580) florence
Alessandro Allori – Ulysse et les Sirènes(1580) florence

L’origine de cette dernière est aussi très complexe. On trouve chez les Phéniciens, une déesse au visage de femme et au corps de poisson. C’est Atargatis/Derceto. Elle vit dans un lac de Syrie, près d’Ascalon et est devenue « sirène » après s’être jetée dans le lac. Elle ne supportait pas d’avoir succombé à l’amour. Atargatis est considérée comme une déesse primordiale du nord de la Syrie et de son union est née Sermiramis, reine légendaire de Babylone. Thessalonike, la sœur d’Alexandre le Grand aurait également été transformée en sirène

arnold bocklin in the sea
arnold bocklin in the sea

De manière générale on trouve des sirènes à queue de poisson dans de nombreux folklore européens, à commencer chez les scandinaves avec Margygr, pas vraiment sympathiques ; chez les britanniques (sirène de Zennor) ; dans l’Europe de l’Ouest (Mélusine), de l’Est (Lorelei)….

Mais c’est principalement le XIXe siècle qui a contribué à mettre en avant ces étranges créatures, avec deux contes : Ondine de Friedrich de la Motte Fouquet (1811) et « La petite sirène » d’Hans Christian Anderson (1837 ?). Il s’agit à cette époque, d’une vision romantique et dramatique. La petite sirène rêve d’une âme immortelle comme les humains, qu’elle ne peut obtenir qu’avec l’amour de l’un d’eux, ceux à quoi elle échoue, elle se transforme donc en écume. C’est l’acceptation de soi qui est évoquée et certain y ont également vu, le danger de se perdre par amour.

John Collier, the land baby, 1889
John Collier, the land baby, 1889

Cette image très dramatique va inspirer les artistes. Surtout les peintres anglais comme le préraphaélite Waterhouse qui revisite la mythologie et réinvente le mythe d’Ulysse ou dans le même style Herbert James Draper ou John Reguelin plus moderne. Côté français on peut noter la touche symboliste d’un Gustave Moreau. La sirène du XIXe siècle incarne une féminité absolue que n’entrave en rien sa partie animale, au contraire, sa queue rend la sirène mystérieuse, toute en courbes improbables. Elle domine les flots et sa chevelure est un aspect primordial de sa féminité.

ohn William Waterhouse - Ulysse et les Sirènes (1891) melbourne
ohn William Waterhouse – Ulysse et les Sirènes (1891) melbourne

Pour le XXe et le XXIe siècle, la sirène reste un personnage fascinant. Il suffit de voir à quel point on peut la retrouver au cinéma ou dans des séries TV, la petite sirène de Disney, Pirates des Caraïbes, Splash, Harry Potter et la coupe de feu…Il a même fallu que le National Oceanic and Atmospheric Administration publie par communiqué officiel un démenti de leur existence suite à un reportage en 2012.

he Fisherman and the Syren, by Frederic Leighton, c. 1856–1858
he Fisherman and the Syren, by Frederic Leighton, c. 1856–1858

Je ne peux pas quitter mes petites sirènes sans évoquer leurs homologues masculins, les tritons. Car oui, ce sont leurs noms et ce n’est pas un hasard si le papa d’Ariel le porte. L’origine est encore à trouver dans la mythologie grecque. Triton est le fils de Poséidon et de la néréide Amphitrite et a pour habitude de se promener dans les mers du globe avec sa conque dont le son est si puissant qu’il s’entend partout dans les océans et qu’il fait bouger les flots. Il est souvent considéré comme le père de Pallas, amie d’enfance d’Athéna qui la tuant par erreur reprendra son nom. Quand on emploie le mot au pluriel, en dehors des petites bêtes, cela renvoie surtout à toute sa suite qui porte son nom.

IMG_0056J’espère que cette petite virée sous-marine artistique et mythologique vous aura fait du bien, je reviens la semaine prochaine, pour une dernière exposition avant les vacances. En attendant, joyeuse immersion et contemplation.

Gustave Moreau - Les Sirènes (XIXe siècle), musée gustave moreau
Gustave Moreau – Les Sirènes (XIXe siècle), musée gustave moreau

Quelques sites pour aller plus loin, notamment pour avoir plus de visuels.

http://www.mediterranees.net/mythes/ulysse/epreuves/sirenes/antiquite.html
http://www.mediterranees.net/mythes/ulysse/epreuves/sirenes/iconographie.html
http://art-magique.blogspot.fr/2011/05/lodyssee-les-sirenes.html

De Nicolas à Noël

Avec Noël qui approche vite, très vite, je laisse pour cette semaine les expositions de côté (mais j’en ai plein dans ma hotte ne vous inquiétez pas). Je reprends donc mon calendrier et c’est parti pour un petit article clin d’œil et thématique.

Aujourd’hui nous sommes le 06 décembre et si vous avez regardé la météo vous savez peut-être qu’on fête la Saint Nicolas. Vous l’avez deviné on va faire un petit tour du côté de l’ancêtre de notre bon Père Noël.

Je ne vais pas trop rentrer dans les détails, car ce serait vraiment très long. La tradition même du père noël étant très riche et variée, puis saint Nicolas est l’un des saints les plus appréciés de la religion chrétienne, il est entre autres le saint patron des enfants, des célibataires, des marins, des avocats, de la Lorraine ou de la Russie. Voici donc un petit aperçu de son histoire.

 

Tympan de Saint-Martin de Colmar
Tympan de Saint-Martin de Colmar

Comme tous les saints, la légende a largement pris le dessus sur la part historique, néanmoins, il est probable que cette légende s’appuie réellement sur un véritable personnage. Saint Nicolas serait né en Lycie, à Patara vers 250-270, il aurait été évêque de Myre et y serait mort en 343.

Il aurait subi la persécution (exil et emprisonnement) de l’empereur Dioclétien, puis avec le règne de Constantin, le premier empereur chrétien, il aurait repris son rôle d’évêque, participant même au premier concile de Nicée en 325. Concile instituant en autre l’orthodoxie de la foi en réaction à l’arianisme, la consubstantialité du Père et du Fils, la date de Pâque, la confession de foi…

Image
Riches heures d’Anne de Bretagne

Côté légendes, saint Nicolas a plutôt un lourd bagage. La première étant qu’il se serait tenu debout tout seul dès sa naissance. Une autre dit qu’il aurait sauvé des marins d’un naufrage et la plus célèbre concerne le fait qu’il ait ressuscité 3 jeunes enfants découpés par un boucher sept ans auparavant.

Ses reliques étaient conservées à Myre, puis elles furent dispersées, suite au vol en 1087 par des marins qui emmenèrent le corps à Bari qui devint alors le nouveau siège de son culte. On retrouve également une phalange à Nancy où il reste extrêmement célébré. La fête de saint Nicolas est d’ailleurs très populaire dans de nombreuses régions, le nord et l’est de la France, la Belgique, l’Allemagne, l’Europe centrale et de l’est.

A partir du XVIème siècle, dans les célébrations, saint Nicolas est accompagné du Père Fouettard qui permet aux parents de tenir leurs enfants, car ce dernier puni les méchants garnements à coup de martinet ou en leur amenant des cadeaux pas terribles (pommes de terre ou charbon).En même temps saint Nicolas ce sont des oranges et du pain d’épice à son effigie qu’il donne, essayez aujourd’hui de donner ça comme cadeau de noël à un enfant, je ne suis pas sure que vous aurez un grand succès.

 

La fête de Saint Nicolas (1700), Richard Brakenburgh, collection Estherhazy
La fête de Saint Nicolas (1700), Richard Brakenburgh, collection Estherhazy

Le passage de Nicolas au père noël est en partie due aux hollandais qui en émigrant à la Nouvelle Amsterdam (New York), emmenèrent avec eux « Sinterklaas » qui devint aux Etats Unis « Santa Clauss ». Cette fête dédiée aux enfants fut ensuite déplacée le 25décembre pour être rapprochée du culte de l’enfant Jésus. Puis au XIXème siècle, de nombreux poèmes et contes (A New-year’s present, to the little ones from five to twelve, 1821, A Visit from St Nicholas, 1823 figèrent peu à peu l’image du père noël, un mélange entre saint Nicolas,  Odin, Gargan et le lutin Julenisse

http://www.stnicholascenter.org/pages/home/

West Side Story : le Chatelet s’enflamme

« The most beautiful sound I ever heard:
Maria, Maria, Maria, Maria . . . »

Ha que ces notes raisonnent en boucle dans ma tête. J’ai eu la chance de pouvoir y aller cette année, alors qu’en 2007 je n’avais fait que rêver devant la grande affiche rouge du coup j’en profite pour partager avec vous histoire de passer momentanément des arts plastiques aux arts de la scène.

Mais revenons aux origines, avant d’être un film, West Side Story est une comédie musicale de Broadway créée le 26 septembre 1957, composée par Léonard Bernstein, Stephen Sondheim pour les paroles et Arthur Laurents pour le livret largement inspiré de Roméo et Juliette. Pas de Capulet ou de Montaigu mais les Jets et les Sharks de groupes qui s’affrontent dans les rues de New York mais au milieu desquels se rencontrent et s’aiment Tony et Maria dont l’histoire se finit tragiquement avec la mort de Tony. Le film de 1961 qui recevra  10 oscars reprend la grande partie du show avec les chorégraphies dirigées dans les deux cas par Jérôme Robbins.

Copyright: DAVIDS/Darmer

Recrée en 2007 pour le cinquantenaire du show de Broadway, ce spectacle mis en scène par Joey McKneely reprend la chorégraphie de Robbins, ce qui vous plonge dans le film (car il y en a quand même plus qui ont vu le film que la comédie musicale sur les planches) et fort de son succès le voici de retour sur les planches du Chatelet qui prend un air d’Amérique. Le décor de Paul Gallis est là pour vous plonger dans les ruelles de New-York avec les photos en fond de scènes et ses d’escaliers de secours métalliques.

Les danseurs sont dynamiques et impressionnants quand ils se mettent à chanter l’air de rien, je ne suis pas fatigué. Le casting est remarquable. Tony est comme tout droit sorti des années 50 avec sa petite raie sur le côté mais surtout il a une voix magnifique et une présence remarquable. Maria à l’accent espagnol chantant  est tout aussi talentueuse, fraîche  insouciante, rappelant Natalie Wood. Le seul petit bémol concernant Maria, c’est sa voix, magnifique, mais peut-être un peu trop élevée. Quand elle se met à chanter, c’est magnifique mais on ne retrouve pas la fraicheur et l’innocence du personnage, c’est particulièrement frappant sur « I feel pretty » où cela créé un petit décalage, puis quand elle chante avec Tony, ben elle prend du coup le dessus. Mais on lui pardonne tellement c’est magique. Quant à Anita (Yanira Mari), flamboyante et virevoltante elle fait vibrer la scène de ses pas de danse endiablés et succède avec énergie à Rita Moreno qui a immortalisé sur la pellicule une certaine image d’Anita difficile à surpasser. D’ailleurs le public ne s’y trompe pas, elle reçoit sa part d’applaudissements. Mais comment ne pas s’attacher à ce personnage en quête d’une vie meilleure mais qui subit de terribles épreuves, la mort de son amour, Bernardo, puis le viol montré sans détour contrairement au film.

Copyright: DAVIDS/Darmer

Tout est réuni pour être encore un succès tellement cette comédie musicale ne vieillit pas. Le sujet tout d’abord, il est totalement intemporel mettant en avant la question des différences de culture, l’intégration des différentes communautés, le rejet d’autres. Quand les jets chantent Gee, « Officer Krupke » où ils expliquent avec ironie pourquoi ils sont des voyous (la société, leur famille, le manque de travail puis finalement de leur propre initiative), on est presque devant un JT de 20h.

Mais plus que le sujet, c’est la musique qui porte le spectacle. Elle n’a pas pris une ride. Et si vous ne versez pas (comme moi) votre petite larme à la fin, c’est à n’y rien comprendre.

Distribution

Musique : Leonard Bernstein

Livret : Arthur Laurents

Lyrics : Stephen Sondheim

Chorégraphies originales : Jerome Robbins

Supervision musicale et direction : Donald Chan

Chef d’orchestre (lors des matinales) : Ben van Tienen

Mise en scène et chorégraphie : Joey McKneely

Décors : Paul Gallis

Costumes : Renate Schmitzer

Lumières : Peter Halbsgut

Son  Rick Clarke

Tony : Liam Tobin / Christopher Behmke

Maria : Elena Sancho-Pereg / Jasmina Sakr

Anita :Yanira Marin

Riff : Andy Jones

Bernardo : Pepe Muños

http://www.westsidestory.fr/

Inauguration du 8eme département du Louvre : L’art de l’Islam se dévoile cette semaine

 

ACTUALISATION : 

Comme promis j’ai donc été faire un tour au Louvre voir le nouveau département tout beau tout neuf dont tout le monde parle…Et bien je n’étais pas la seule. Sauf impératif il faut peut-être attendre un petit peu pour bien profiter de ce nouvel espace car la foule est telle qu’elle ne permet pas une bonne approche du contenu surtout vu la disposition. Si vous êtes habitués à une muséographie bien proprette, cadrée, géométrique, collée aux murs…ce n’est pas du tout ça. Il s’agit d’une muséographie très moderne, une grande salle ponctuée de vitrines, deux niveaux, des œuvres mises en valeur par un éclairage savamment étudié, beaucoup beaucoup d’explications et des espaces numériques avec vidéos explicatives, projections sur les murs etc. C’est plutôt réussi, il faut le dire. C’est beau, on en a plein la vue, surtout qu’en plus des Arts de l’Islam, on trouve ou retrouve les salles consacrées à l’Orient dans le monde romain, avec notamment les superbes salles de l’Egypte copte et la reconstitution de l’église de Baouit (qui m’avait bien manqué).

On pourrait simplement regretter pour les puristes un espace d’exposition plus proche d’une exposition temporaire avec tellement d’informations qu’il ne faut venir que pour cela et le manque de mise en valeur des œuvres phares perdues dans l’ensemble. Mais cela ne doit pas gâcher le plaisir de découvrir ces trésors. L’exposition des mosaïques qu’on peut voir de haut, les portes en bois ouvragées, les murs de céramiques, la tapisserie iranienne,  les armes d’une délicatesse extrême de l’Inde moghole  aux manches de jade incrustés d’or, de rubis ou d’autres gemmes, le chasse mouche en plumes de paons, tout ceci est un émerveillement pour les yeux qui devrait attirer beaucoup de visiteurs et peut-être laisser respirer quelques temps notre chère Mona Lisa.

 

C’est aujourd’hui que le président de la République François Hollande a officiellement inauguré le huitième département du Louvre consacré aux arts de l’Islam. En ces temps troublés par des conflits très violents ayant pour prétexte la religion, le président a tenu a rappelé que l’Islam c’est bien plus que ce qui passe aux journaux de 20h « «L’honneur des civilisations islamiques est d’être plus anciennes, plus vivantes et plus tolérantes que certains de ceux qui prétendent abusivement aujourd’hui parler en leur nom. Il est l’exact contraire de l’obscurantisme qui anéantit les principes et détruit les valeurs de l’Islam en portant la violence et la haine.»(source : http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2012/09/18/03015-20120918ARTFIG00538-hollande-au-louvre-un-plaidoyer-pour-l-islam.php). L’art de l’Islam, pour l’avoir un peu étudié, il y a fort fort longtemps sait être d’une beauté époustouflante et c’est cette beauté, cette complexité, cette maitrise que le Louvre offre aux yeux du monde avec ce département.

Initié par J. Chirac en 2003, ce projet fut LE grand projet du musée de ces dernières années après le « Grand Louvre », faisant languir d’impatience tous ceux qui passaient devant ces murs clos, ces affiches promesses de réouverture en 2012 et surtout cette maquette plus qu’intrigante. Je n’ai pas encore eu l’occasion de voir la version finale étant donné qu’elle ne s’ouvre au public que ce week-end, mais j’ai hâte de voir ce que donne en vrai cette drôle de composition des architectes Rudy Ricciotti et Mario Bellini censé représentée une aile de libellule. Sur la maquette c’est intriguant et décalé, espérons que le résultat final soit aussi imposant de majesté tout en s’harmonisant au « murs historiques » que le fut la pyramide de Ieoh Ming Pei.

Rappelons que la collection du Louvre es,t avec ses 14000pièces enrichies du dépôt de 3500 œuvres du musée des Arts Déco, la plus grande collection de ce type dans le monde occidentale. Elle dresse un panorama chronologique des débuts de l’Islam au VIIe siècle en 632 jusqu’au début du XIXe siècle, le tout sur trois continents.

C’est donc un réel projet d’envergure (100millions d’€ financés à 57% par le mécénat) qui devrait attirer encore de très nombreux visiteurs aux Louvre (qui n’en manque pas vraiment) mais aussi conforter sa place parmi les plus grands musées du monde avec des collections touchant à chacune des grandes civilisations.

Vivement l’ouverture au public, samedi 22 septembre pour contempler toutes ces splendeurs et dès que j’y mets les pieds, comptez sur moi pour vous partager mon idée là-dessus et en attendant si d’autres peuvent voir de leurs yeux ce nouveau département qu’ils n’hésitent pas à partager avec nous leurs impressions.

La chandeleur..ou la présentation au temple

C’est la journée des crêpes. A moi le sucre, le chocolat et les fines crêpes dans mon estomac. Miam.Mais bon, je ne suis pas là pour vous faire part de mon extrême gourmandise mais  pour gratter derrière la façade en sucre et redécouvrir quelle est l’origine de cette fête qui a donné lieu à de nombreuses œuvres.

Si vous regardez votre calendrier, vous constaterez que le 02 février c’est « la présentation ». La présentation de qui ? De quoi ? Et bien du petit Jésus pardi. Toujours lui ! Il est né, les bergers et les mages sont venus le voir et désormais on l’amène au Temple, 40 jours exactement après la nativité.

La présentation au temple XV c., Novgorod Museum

Comme la plupart des scènes de l’Enfance du Christ, il faut se référer à l’évangile de Luc, II, 22-39. Cette fête renvoie à deux traditions juives intimement liées :

-le rachat de l’enfant premier né, consacré à Dieu, par un sacrifice animal, un mois après sa naissance.

-le rite de purification mariale, par le sacrifice de colombes. C’est l’une des plus anciennes fêtes mariales, célébrée comme telle depuis le VIIIème siècle. La femme est considérée comme impure après un accouchement et ne peut entrer au temple que 40jours après, par un sacrifice souvent de colombes (Lévitique).

Si la fête de la présentation, s’appelle aussi la chandeleur, c’est tout simplement qu’à Rome, au VIIème siècle, on faisait des processions de pénitence, pour commémorer le voyage de la sainte famille vers Jérusalem, le tout à la lueur des cierges, la festa candelarum.

Lors de cette visite, Joseph et Marie rencontrent un vieil homme qui vit dans le temple, Siméon, un ancien grand prêtre selon les exégètes,  ayant été  averti qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le christ. Ce dernier annonce également la souffrance prochaine de Marie et chante le Nunc Nimittis (prière reprise dans la liturgie chrétienne). Suite à cela, ils font la connaissance d’une très vieille femme,  la prophétesse, Anne, fille de Phanuel, veuve de 84ans, elle aussi dans l’attente du salut.

Ces deux rencontres ont inspiré les artistes comme nous allons le voir à travers quelques exemples et sont souvent associées aux autres scènes de l’enfance et de la nativité, formant souvent des polyptiques.

Généralement, « la présentation » est un prétexte à montrer une riche architecture. La représentation du temple va ainsi évoluer avec le temps, passant d’une simple coupole sur colonnettes, aux premières ébauches de perspectives et enfin des compositions très complexes.

Ambrogio Lorenzetti, 1342, Offices / Bartolo di Fredi 1388, Louvre

La présentation au temple de Lorenzetti (galerie des Offices) et celle Bartolo di Fredi (musée du Louvre), toutes deux du XIVème siècle sont très proches, bien que celle de Lorenzetti soit plus fouillée et détaillée, notamment dans la composition architecturale qui n’est pas sans rappeler l’architecture de la cathédrale de Sienne, pour laquelle elle a été peinte en 1342. Elle en décorait la chapelle Saint-Crescent. Celle de Bartoli di Fredi a été peinte en 1388 pour l’église Sant’Agostino de San Gimignano.  L’influence byzantine est indéniable dans ces deux œuvres typiques de l’école de Sienne, par la représentation des figures, le choix des couleurs, du fond doré et aussi dans l’iconographie. Les étoiles que l’on aperçoit sur l’étole de la Vierge chez Fredi, en sont un exemple. Elles symbolisent la virginité perpétuelle.
Marie et Joseph sont à gauche de la scène, Marie a déjà confié l’enfant à Siméon. C’est la préfiguration de la séparation annoncée entre la mère et le fils particulièrement frappant chez  Fredi, par ce jeu de regard entre la Vierge et l’enfant, comme si la séparation était déjà douloureuse. Sur la droite de la scène on trouve Siméon et Anne. Cette dernière tenant comme souvent un phylactère où sont inscrits les versets de l’évangile de Luc la concernant.  Sur la peinture de Bartolo di Fredi on voit le prêtre derrière écrire dans un registre. Il y inscrit le nom de Jésus, car la présentation au temple est également le moment de reconnaître officiellement le prénom de l’enfant.

Fabriano Gentille, 1423, Louvre

Allons voir ce qui se passe à Florence. On retrouve chez Fabriano Gentile (musée du Louvre), en 1423, une iconographie très proche, mais cette fois ci, la recherche sur la perspective est évidente et la scène ne se développe plus en hauteur, mais en largeur. Le peintre, représentant du gothique international, a composé ce premier exemple de peinture en perspective pour la prédelle de la chapelle de la famille Strozzi, dans l’église Santa Trinita de Florence.

Perugin, retable de Fano, 1497, Chiesa di Santa Maria Nuova / Raphael, 1502-04, Pinacothèque du Vatican

La composition horizontale se retrouve chez le grand peintre florentin, Raphael (pinacothèque du Vatican). Ce dernier en 1502-04, répondant à une commande de Maddalena degli Oddi, a également peint une présentation au temple, pour le retable Oddi, du couronnement de la Vierge, de la chapelle Oddi de San Francesco al Prato de Pérouse.  La présentation, fait partie, d’une prédelle sur l’enfance du christ, d’où le format. Il s’agit ici d’une œuvre de jeunesse fortement influencée par le retable de Fano de Pérugin (1497, conservé dans la Chiesa di Santa Maria Nuova, à Fano). La composition est clairement divisée en trois parties, structurées par une architecture renaissance avec au centre, de part et d’autre d’un riche autel, la vierge confiant l’enfant au prêtre. Dans les deux cas, les peintres se sont limités à ne représenter que la présentation de l’enfant par ses parents. Il n’y a nulle présence de Siméon ou  d’Anne.

Après Sienne et Florence, je vous propose à nouveau la confrontation de deux œuvres, encore très proches, mais nous sommes cette fois à Venise et la représentation  évolue très nettement.

Mantegna, 1460, Staatliche Museen de Berlin / Bellini, 1460, Fondazione Querini Stampalia

Les présentations au Temple de Mantegna (Staatliche Museen de Berlin) et de Giovanni Bellini (Fondazione Querini Stampalia de Venise) datent toutes deux de 1460 mais c’est Bellini qui s’est inspiré de Mantegna, son beau-frère. Ici pas d’architecture, mais une scène centrée sur les personnages, posés en buste  se découpant sur un fond noir. Ce fond, ôte toute perspective, d’autant plus que Mantegna a peint les auréoles bien rondes, enlevant  toute profondeur, dans la tradition byzantine. Les deux peintres ont également encadré leur peinture d’un cadre en trompe l’œil de marbre mais celui-ci ne délimite pas pour autant l’œuvre. En effet,  la Vierge s’appuie dessus pour porter l’enfant droit et son bras semble ainsi sortir du cadre, seul effet de profondeur. Marie sur la droite, porte l’enfant tout emmailloté et le présente à Siméon, richement vêtu, surtout chez Mantegna, et cela devant le regard sévère et frontal de Joseph, qui bien que représenté au centre, semble éloigné de la scène. Sa présence, de face, alors que tous les personnages autour de lui, tournent la tête dans un sens ou dans l’autre est frappante et attire le regard. La particularité de ces deux œuvres, en dehors de l’innovation picturale, du rendu des individus et de la force du coloris, j’entends, c’est aussi que les personnages représentés sont des portraits de la famille Bellini, grande famille d’artiste s’il en est. Joseph a notamment les traits du patriarche, Jacopo Bellini. Les deux personnages du second plan chez Mantegna sont l’artiste lui-même et son épouse Nicolosia Bellini. Giovanni, lui, en a rajouté deux autres, lui-même et sa mère Anna.

Rembrandt, 1631, Mauritshuis

Pour les œuvres suivantes, je vous propose de quitter l’Italie et de remonter vers la Hollande, chez Rembrandt qui a peint plusieurs présentations au temple,  dont une, très sombre de 1631 (Mauritshuis, La Hague) dont le jeu de clair-obscur absolument admirable donne à la scène une aura de mystère. Cette même impression de mystère se retrouve également dans cette eau forte de 1654 (BNF) ou la lumière des personnages rompt avec les ténèbres du Temple.
Mais pour ce qui est de l’œuvre de Rembrandt, je préfère m’attarder sur deux tableaux dont le thème rappelle la Présentation, mais qui sont traités comme des portraits, ce qui n’est pas si commun : la prophétesse  Anne lisant la Bible de 1631 (Rijksmuseum, Amsterdam) et le Siméon et l’enfant Jésusde 1666-69 (Nationalmuseum, Stockholm).

Rembrandt, Anne la prophétesse, 1361, Rijksmuseum / Siméon et l'enfant Jésus, Nationalmuseum 1666-69,

La prophétesse a les traits d’un être proche de l’artiste, sa propre mère. Ici, pas de beauté idéalisée, la femme est représentée dans toute sa vieillesse, se courbant sous le poids de l’âge et le visage marqué par les années. Elle fait ses 84ans, ce qui jusqu’à présent n’était pas vraiment le cas. Elle est posée sur un siège de bois et étudie attentivement les saintes écritures, symbole de son attente. La lumière vient de derrière elle et éclaire le livre ainsi que sa main, dont le traitement est, il faut l’avouer remarquable, car cette main, rappelle aussi l’âge de la femme.
Le Siméon, lui est la dernière œuvre de  l’artiste, d’où son côté inachevé. Les personnages sortent à nouveau de l’ombre et la vieillesse est encore traitée sans artifice.

Rubens, 1614, cathédrale d'Anvers
S. Vouet, vers 1640, Louvre

Avant de finir, deux petits aperçus de deux œuvres superbes : la présentation au temple de Rubens d’abord, œuvre de jeunesse de 1614 pour un triptyque de la cathédrale d’Anvers. Ici l’architecture reprend toute sa place et le temple devient un lieu majestueux, tout en marbre polychrome, chapiteaux corinthien et voutes à caissons.
Question architecture grandiose, l’œuvre de Vouet (1640-41, musée du Louvre), tient aussi la part belle. Donné par le cardinal de Richelieu à l’église de la Maison professe des Jésuites, rue Saint-Antoine à Paris, ce tableau est un manifeste du talent du peintre influencé par l’Italie. La composition en pyramide joue sur les marches du temple, pour échelonner les niveaux et l’importance des personnages. Le mouvement est partout, jusque dans l’architecture hémisphérique du temple. Les anges en haut apportent également une dynamique verticale et portent dans leurs mains, le nunc dimittis.

Voilà, j’aurai pu également parler de Giotto, Boullogne, Rigaud, J-F de Troyou tant d’autres mais je vais m’arrêter là, en espérant que ma sélection vous a tout de même bien plu.

Giotto, 1303-06, Eglise de l'Arena à Padoue

Bonne chandeleur, et à nous les crêpes bien chaudes et fumantes pour se réchauffer.

Échantillon d’expos pour 2012

Voilà 2012 est déjà bien commencée et avec la nouvelle année, plein de nouvelles expositions !
Vu la dose de prévue, je ne fais pas vous faire toute la liste. Je vais juste vous faire ma petite sélection, pour les 6 prochains mois pour la région parisienne et cela sera déjà pas mal du tout ! Surtout qu’étant qu’une petite humaine, salariée, je n’aurai pas le temps de tout faire (ça me rappelle une chanson ça!).

1 ) Pour commencer, les expos toujours en cours (mais que je n’ai pas vu), dans l’ordre chronologique de fin, pour savoir si on est très pressé ou juste un peu :

L’hôtel particulier une ambition parisienne. Cité de l’architecture. Paris. Jusqu’au 19 février.

Si j’arrive à prendre une journée où le musée est ouvert, ça peut être intéressant, d’autant plus que le commissaire est Alexandre Gady, l’un des grands spécialistes du Patrimoine de Paris et accessoirement l’un de mes anciens profs les plus passionnants de la Sorbonne.
http://www.citechaillot.fr/exposition/temporary_exhibitions.php?id=180

Le Siam à Fontainebleau. 150e anniversaire de l’ambassade du roi de Siam reçue par Napoléon III dans la salle de Bal du château de Fontainebleau. Fontainebleau. Jusqu’au 27 février.

http://www.chateau-de-fontainebleau.com/Expositions

Le peuple de Paris au XIXème siècle, des guinguettes aux barricades. Musée Carnavalet, jusqu’au 26 février.

http://carnavalet.paris.fr/fr/expositions/le-peuple-de-paris-au-xixe-siecle

Moi, Sarah Bernhardt. Maxim’s, musée Art Nouveau. Jusqu’au 15 mars

Retour sur l’une des légendes du théâtre, personnalité hors du commun et femme d’exception, à travers des objets lui ayant appartenu, le tout, dans un décor somptueux, chez Pierre Cardin.
J’aimerai bien la faire, mais vu les horaires, le prix et les conditions d’accès, piuf, ça va être compliqué.
http://www.maxims-musee-artnouveau.com/caricature.php

Fantin-Latour, Manet, Baudelaire : L’hommage à Delacroix. Musée Delacroix. Paris. Jusqu’au 19 mars.

L’occasion de mettre enfin les pieds dans ce musée…
http://www.musee-delacroix.fr/fr/les-activites/expositions/nouvelle-exposition-temporaire-fantin-latour-manet-baudelaire-l-hommage-a-delacroix

L’âge d’or hollandais – la collection kremer. Pinacothèque. Paris. Jusqu’au 25 mars 2012.

http://www.pinacotheque.com/fr/accueil/expositions/aujourd-hui/l-age-d-or-hollandais-la-collection-kremer.html?no_cache=1

Sorcières, mythes et réalités. Musée de la Poste, Paris. Jusqu’au 31 mars.

Je dois admettre que le titre m’intrigue. « L’exposition Sorcières, Mythes et réalités aborde la sorcellerie du Moyen-âge à nos jours, suivant des approches artistique, historique et ethnographique. »
http://www.laposte.fr/legroupe/Actualites/Sorcieres-Mythes-et-realites

Rodin, la saisie du modèle. Musée Rodin Paris. Jusqu’au 01 avril.

300 dessins de la dernière période de la vie du grand sculpteur sont présentés, l’occasion de découvrir une autre facette de l’artiste.
http://www.musee-rodin.fr/fr/exposition/la-saisie-du-modele

Exhibition. L’invention du sauvage. Musée du quai Branly. Paris. Jusqu’au 03 juin.

http://www.quaibranly.fr/fr/programmation/expositions/a-l-affiche/exhibitions.html

Présentation du legs Isabella Pakszwer-De Chirico. 61 œuvres de Giorgio de Chirico. Musée d’art moderne de la ville de Paris. Jusqu’en juillet.

http://www.mam.paris.fr/fr/expositions/presentation-du-legs-isabella-pakszwer-de-chirico

Gaulois, une exposition renversante. Cité des sciences. Paris, jusqu’au 2 septembre.

Celle-ci elle a l’air super chouette, l’occasion de (re)découvrir « nos ancêtres les gaulois » comme disait nos anciens professeurs et revenir sur tout plein d’idées reçues.
http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/expositions/gaulois/

Les histoires de Babar. Musée des arts décoratifs. Paris. Jusqu’au 2 septembre.

Alors celle-ci, obligé je la fais, retour en enfance, au pays de « bababar, mon copain Baba ».
http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/accueil-292/une-486/francais/arts-decoratifs/expositions-23/actuellement/dans-la-galerie-des-jouets/les-histoires-de-babar/

Il reste bien d’autres expositions encore, Phoebus à Cluny, Pompéi à Maillol ou Alexandre au Louvre…

2 ) Celles à venir, classée de manière anarchique :

Les masques de jade mayas. Pinacothèque. Paris. 26 janvier au 10 octobre.

Après l’or des incas, le jade des mayas! Après avoir été annulée l’année dernière suite aux problèmes politiques entre la France et le Mexique, l’exposition est finalement présentée cette année.
http://www.pinacotheque.com/fr/accueil/expositions/bientot/les-masques-de-jade-mayas.html?no_cache=1

Le crépuscule des pharaons. Chefs-d’œuvre des dernières dynasties égyptiennes. Musée Jacquemard André. Du 23 mars au 23 juillet.

« L’art du dernier millénaire de l’histoire pharaonique (1070-30 avant notre ère) investit le Musée Jacquemart-André. Pour la première fois, une exposition dévoile les trésors de ces dernières dynasties au cours desquelles, au rythme des crises et des invasions, »

Ouh que ça sent l’affluence un titre pareil. Je sens que ça va être drôle, surtout vu la configuration des salles d’expo de J-M.
http://www.musee-jacquemart-andre.com/fr/evenements/crepuscule-pharaons

Les guerres de Napoléon. Louis-François Lejeune, général et peintre (1755-1848). Château de Versailles. 14 février au 13 mai.

http://www.chateauversailles.fr/les-actualites-du-domaine/evenements/evenements/expositions/expositions-a-venir

Louis II de Bavière. Château de Compiègne. 13 avril au 23 juillet.

http://www.musee-chateau-compiegne.fr/homes/home_id24350_u1l2.htm

Cima – Maître de la Renaissance vénitienne. Musée du Luxembourg, Paris. Du 05 avril au 15 juillet.

« Aux côtés de Giovanni Bellini et de Vittore Carpaccio, Giovanni Battista Cima da Conegliano (1459-1517) compte parmi les grands peintres qui travaillent à Venise à la fin du XVe et au début du XVIe siècle, à l’époque où la ville devient un des pôles les plus brillants de la Renaissance italienne. » http://www.museeduluxembourg.fr/fr/expositions/p_exposition-10/

New Frontier : l’art américain entre au Louvre. Thomas Cole et la naissance de la peinture de paysage en Amérique. Musée du Louvre. 14 Janvier 2012 au 16 Avril 2012

http://www.louvre.fr/expositions/new-frontier-lart-americain-entre-au-louvrebr-thomas-cole-et-la-naissance-de-la-peinture

Les belles heures du duc de Berry. Louvre, salle de la Chapelle. 4 avril au 25 juin.

http://www.louvre.fr/expositions/les-belles-heures-du-duc-de-berry

L’ultime chef-d’œuvre de Léonard de Vinci, la Sainte Anne. Louvre. 29 mars au 25 juin.

« Chef-d’œuvre de Léonard de Vinci restauré avec le concours du Centre de recherche et de restauration des musées de France, la Vierge à l’Enfant avec sainte Anne est au cœur d’une exposition exceptionnelle rassemblant pour la première fois l’ensemble des documents liés à ce panneau. »
http://www.louvre.fr/expositions/lultime-chef-doeuvre-de-leonard-de-vinci-la-isainte-annei

Arles. Les fouilles du Rhône. Un fleuve pour mémoire. Louvre.  9 mars au 25 juin.

« En partenariat avec le musée départemental Arles antique, le musée du Louvre présente dans le cadre d’une grande exposition les pièces les plus emblématiques issues du travail minutieux et complexe qu’a représenté la fouille du Rhône, fleuve à la fois sauvage et chargé d’histoire. »

Hiiiii, j’ai hâte, moi qui avais hésité à me payer le billet de train, Arles vient à moi ! J’aime !
http://www.louvre.fr/expositions/arles-les-fouilles-du-rhonebr-un-fleuve-pour-memoire

ARTEMISIA. Pouvoir, gloire et passions d’une femme peintre (1593-1654). Musée Maillol – Fondation Dina Vierny. Paris. 14 mars au 15 juillet.

« Elle est née « Artemisia Gentileschi », fille d’Orazio Gentileschi, l’un des plus grands peintres de la Rome Baroque.
À l’aube du XVIIe siècle en Italie, quand les femmes étaient mineures à vie, quand elles appartenaient à leur père, à leur mari, à leurs frères ou à leurs fils, Artemisia Gentileschi a brisé toutes les lois de la société en n’appartenant qu’à son art. ».

Tim Burton. Cinémathèque française, Paris. 07 mars au 05 aout.

« Dessins, sculptures (dont plusieurs créations inédites de Tim Burton pour l’exposition), des Polaroïds grand format réalisés par l’artiste, accessoires, maquettes, costumes et extraits de films (longs et courts-métrages inédits). »
http://www.cinematheque.fr/fr/expositions-cinema/printemps-2012-tim-burto/

Eugène Atget. Paris. Musée Carnavalet. Paris. Du 18 avril au 29 juillet.

« Découvrez l’œuvre parisienne de l’un des plus célèbres photographes du XXe siècle, Eugène Atget (Libourne, 1857 – Paris, 1927)! Cette exposition, qui réunit des images très connues et d’autres demeurées inédites, dresse un portrait atypique de la capitale, loin des clichés de la Belle époque. »
http://carnavalet.paris.fr/fr/expositions/eugene-atget-paris

La France en relief. Chefs d’œuvres des collections de Louis XIV à Napoléon III. Grand Palais. 18 janvier au 17 février.

« Sous la nef du Grand Palais, la France s’expose en relief.
Autour d’une carte de France de 650 m², seize plans-reliefs conçus du XVIIe au XIXe siècle investissent le prestigieux monument des Champs-Élysées. Des dispositifs interactifs et multimédias alliés à une scénographie originale permettront d’explorer en détail ces maquettes extraordinaires. »
http://www.rmn.fr/francais/les-musees-et-leurs-expositions/grand-palais-nef-522/expositions-523/la-france-en-relief

Helmut Newton. Grand Palais, Paris. 24 mars au 16 juin.

Première rétrospective de ce grand photographe organisée en France, autour de plus de 200 images.
http://www.rmn.fr/francais/les-musees-et-leurs-expositions/grand-palais-galerie-sud-est-554/expositions-555/helmut-newton

La Beauté animale. Grand Palais, Paris. 21 mars au 16 juillet.

« A travers les siècles les plus grands artistes se sont attachés à représenter l’animal, poursuivant une tradition qui n’a cessé de produire des chefs-d’œuvre. L’exposition réunit environ cent trente œuvres de l’art occidental, de la Renaissance à nos jours, de Dürer à Jeff Koons en passant par Rembrandt, Goya, Géricault, Degas, Bonnard, Giacometti ou César »
http://www.rmn.fr/francais/les-musees-et-leurs-expositions/grand-palais-galeries-nationales-9/expositions/beaute-animale

Matisse, paires et séries. Centre Pompidou, Paris. 07 mars au 18 juin.

Certainement la grande exposition monographique de l’année, autour d’un artiste haut en couleurs.
http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-matisse/ENS-matisse.htm

Degas et le nu. Musée d’Orsay, Paris. 08 mars au 01 juillet.

Après Manet et Gérôme, voici la nouvelle exposition monographique du musée d’Orsay autour d’un des grands peintres du XIXème. Après l’exposition de Roubaix, Degas Sculpteur et la grande exposition du Japon en 2010, c’est  la première grande exposition parisienne depuis 1988, sur ce peintre. C’est l’occasion de redécouvrir Degas, autour d’un axe particulier, le nu.
http://www.musee-orsay.fr/index.php?id=649&tx_ttnews%5Btt_news%5D=30632&no_cache=1

Debussy et les arts. Musée de l’orangerie. Paris. 21 février au 16 juin.

« L’exposition propose d’évoquer les rencontres majeures du musicien avec les artistes et poètes de son temps »
http://www.musee-orangerie.fr/homes/home_id25247_u1l2.htm

Bob Dylan, l’explosion rock (1961-1966). Cité de la musique, Paris. 06 mars au 01 juillet.

« Bob Dylan est assurément un des musiciens les plus emblématiques de la seconde moitié du XXe siècle. Dans son parcours d’une exceptionnelle longévité, les années de 1961 à 1966 furent décisives. L’exposition retrace les moments forts de cette période, qui vit Dylan modifier radicalement son approche artistique et susciter une véritable révolution musicale. »
http://www.citedelamusique.fr/francais/evenement.aspx?id=11990

Louis Vuitton-Marc Jacobs. Musée des Arts Décoratifs. Paris. 9mars au 16 septembre.

Voilà une exposition qui devrait satisfaire ces dames et tous ceux qui font la queue devant la boutique des Champs Elysées.

« Cette exposition présente l’histoire de deux personnalités, Louis Vuitton et Marc Jacobs (directeur artistique de la maison Louis Vuitton), et met en évidence leurs contributions à l’univers de la mode. »
http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/mode-et-textile/expositions-70/prochainement-446/louis-vuitton-marc-jacobs/

Patagonie. Images du bout du monde. Musée du quai Branly. Paris. 06 mars au 13 mai.

http://www.quaibranly.fr/fr/programmation/expositions/prochainement/patagonie.html

Phares ! Musée national de la Marine, Paris. 7mars au 04 novembre.

Si vous avez d’autres idées n’hésitez pas à les soumettre en commentaire ou sur le facebook du site.

Et encore bonne année

La plupart des textes viennent directement des sites mentionnés

 Liens :
http://www.moreeuw.com/histoire-art/expositions-paris-2012.htm
http://www.lemondedesarts.com/Exposparisact.htm

Restauration de la tombe d’Oscar Wilde

avant restauration. Photo Museis.

Ce mercredi 30 novembre 2011, à l’occasion du 111ème anniversaire de la mort d’ Oscar Wilde, la fin des travaux de restauration de la sépulture d’Oscar Wilde a été célébrée en grande pompe, en présence du petit fils de l’auteur, Merlin Holland, de l’acteur britannique « wildophile », Rupert Everett et du ministre des Arts et du Patrimoine irlandais, Dinny McGinley.

Oscar Wilde, auteur de génie et personnage haut en couleurs, est décédé le 30 novembre 1900 à Paris, des suites d’une méningite. En pleine déchéance, l’écrivain  s’éteint sans le sous et est très modestement inhumé au cimetière de Bagneux. Son exécuteur testamentaire, ami fidèle et premier amant, Robert Ross récupère les droits d’auteurs et publie en 1908, une édition définitive de ses oeuvres. L’argent commence à revenir, ce qui permet d’acheter une concession définitive au cimetière du Père-Lachaise. Grace à un don, il commande également au sculpteur américain, Jacob Epstein, un monument funéraire, qui est exécuté en 1912 et où lui même repose depuis 1950.

Le tombeau est un immense ange assyrien saisi en plein vol, aux ailes déployées dans le dos. Aujourd’hui asexué, ce messager est à l’origine pourtant doté des attributs masculins. Mais ceux-ci choquant les bonnes âmes de ce début du XXème, sont cachés sous du plâtre, puis on y ajoute une jolie feuille de vigne. Seulement celle-ci ne convenant toujours pas, elle est finalement arrachée on ne sait vraiment quand. L’hypothèse, la plus répandue est qu’un couple de bigotes, dans les années soixante, trop secoué par la vue de l’engin, l’a tout simplement émasculé.

Personnellement, quand je pousse mes promenades parisiennes au Père Lachaise, je ne peux m’empêcher d’aller saluer mon cher Oscar et son génie. Et il faut avouer que sa tombe, a de la gueule comme on dit vulgairement, ce qui lui vaut d’être un point de passage obligé du circuit touristique de base, avec le monument à Jim Morrison par exemple. Pleine de graffitis et de baisers volés, manifestations tendres et passionnées à la fois de la ferveur de ses lectrices et lecteurs depuis des générations. Moi-même je dois admettre, avoir déposé un léger baiser sur son dos (tout léger, je ne porte quasiment jamais de rouge à lèvres). Seulement voilà, les élans de la passion peuvent être destructeurs et c’est ce qui est arrivé à ce grandiose monument (classé en 1997).

Les graffitis, alliés à la graisse des bâtons de rouge, en plus d’être salissants, détériorent la pierre, qui devenait peu à peu poreuse. Et pour y avoir été en Août dernier, il est vrai que ça devenait un peu excessif, tout de même.Quelqu’un lui avait même déposé des fraises pour le nourrir…
Il a donc fallu remédier à cela et grâce à une donation de la Communauté irlandaise de France, de la famille de l’écrivain et du gouvernement irlandais, la restauration a été possible.
Je n’ai pas vu personnellement le résultat, juste des photos, et cela à l’air bien immaculé. Par contre il ne lui ont pas remis, son sexe, Merlin Holland, désirant garder ce manque comme témoin de l’histoire mouvementé de la pierre.En plus de la restauration en elle-même ils ont fait ériger une grande cage de verre de 2m de haut pour éviter toute tentative désespérée d’une fan trop pleine d’amour et de gloss. Cela rend l’ensemble un peu « sobre » à mon goût, pour le personnage et presque triste, comme si on enfermait cet ange, mais si c’est le prix à payer pour préserver ce tombeau et l’âme de l’occupant pourquoi pas.

D’autant plus que selon Rupert Everett qui pour l’occasion a cité des oeuvres de Wilde, «Les baisers pour Oscar Wilde n’étaient pas de simples signes d’amour. Ils pouvaient être des symboles de danger, voire de mort». Pour comprendre cette phrase, il suffit de se rappeler qu’Oscar Wilde a passé 2ans de travaux forcés qui l’ont traumatisé, en raison d’un baiser homosexuel. Il en est sorti en 1897 et est mort juste 3ans plus tard, en exil en France.

Désormais les baisers ne feront que voler jusqu’à toi, Oscar Wilde.

tombeau aujourd'hui

Un Artist in Hollywood

affiche The Artist" (c) Warner Bros. France

Après “La môme” en 2008 il semble que “the artist” soit également en train de conquérir les cœurs américains au point d’être perçu comme un sérieux prétendant aux Oscars.

Quel parcours pour un film muet, en noir et blanc qui plus est, qui a déjà remporté le prix d’interprétation à Cannes pour Jean Dujardin, deux spotlights au Hollywood Film Festival pour J. Dujardin et B. Bejo et un Audience Award au Festival international du film des Hamptons. Même le chien du film a reçu une récompense, une Palme Dog (Récompense cinématographique à destination d’un chien remit lors du Festival de Cannes). En même temps, c’est le genre de toutou qui vous donne envie d’adopter! Il fait également partie d’une Festival AFI FEST de l’American Film Insitute à Los Angeles.
En France, le film est pour le moment à 1 462 071 spectateurs (entrées au 16/11/11). Il est sorti de manière très modeste aux Etats-Unis dans 4 salles le 23 novembre et compte sur le bouche à oreille pour arriver à une exploitation sur une centaine de salles d’ici les fêtes de fin d’années. Les journalistes qui pour la plupart ont déjà vu le film à Cannes lui font très bonne presse de manière générale, que ce soit le New-Yorker, Rolling-Stone, le Time, le New-York Time ou le Miami Herald. Ils y voient tous un film charmant, porté par des acteurs de talents qui pourraient « laisser sans voix » selon le Rolling Stone. 

Jean Dujardin & Uggy The Artist" (c) Warner Bros. France

Les nominations ne seront pas connues avant le 24 janvier 2012 mais les bookmakers anglais commencent déjà à parier gros sur le film. Bon je ne comprends jamais rien au système de quotte, il parait c’est facile mais bon, selon ces derniers, Michel Hazanavicius arrive en deuxième place des prétendants à l’oscar du meilleur réalisateur, derrière Alexander Payne (the descendants) mais devant Spielberg, rien que ça. Au cas ou le film figurerait dans la liste des nominations, ce serait le premier film muet depuis « The Patriot » en 1928. Jean Dujardin quant à lui se place derrière Clooney et Di Caprio pour l’oscar du meilleur acteur. Bérénice Bejo est certes moins évoquée mais a également des chances de figurer dans la liste des meilleures actrices de l’année.
Il faut le dire, The Artist bénificie d’un distributeur américain de renom, Harvey Weinstein, fondateur de Miramax, producteur également de Gang of New-York de Scorcèse ou Shakespeare in Love de Madden et tant d’autres films.
Il est arrivé à Cannes en 2011 avec la volonté de trouver un film pour les Oscars, il l’a trouvé et ne le lâche plus.
Ce grand monsieur du cinéma américain a une tactique bien rodée, car aller aux Oscars, c’est un véritable parcours du combattant digne d’une campagne électorale. Il faut être partout. Les acteurs du film et le réalisateur ont donc mis leurs vies entre parenthèses pendant quelques mois pour sillonner les Etats-Unis et rencontrer le plus de monde possible. Le film lui a été inscrit dans la plupart des festivals de cinéma américains pour bénéficier de plusieurs vitrines d’expositions.

The Artist" (c) Warner Bros. France

On se prend donc facilement à croire au rêve hollywoodien pour ce film qui retrace justement l’Âge d’or du grand cinéma américain. C’est peut-être l’une des raisons de son succès Outre-Atlantique. The Artist parle d’eux et d’une manière très poétique. Il a été tourné là-bas, avec des acteurs américains, John Goodman et James Cromwell entre autres, excellents au passage. Et le côté muet du film lui offre tout de suite une certaine universalité. De plus Michel Hazanavicus ne s’en cache pas, il est peut-être français, mais se sent plus attiré par le cinéma populaire américain que par le français et cite régulièrement comme référence Billy Wilder.
N’étant pas critique de cinéma et surtout ayant une culture cinématographique moyennement étoffée (déjà le fait d’aimer que les films qui finissent à peu près bien ça réduit le champ d’exploitation) je ne peux pas trop analyser le film d’un point de vu objectif. Je peux juste parler d’ émotions, et c’est vrai que c’est un beau film.
Jean Dujardin l’a dit et redit en promotion, ce n’est parce qu’on ne parle pas qu’on s’ennuie et il a raison. Le jeu des acteurs, la musique et le rythme en lui-même font qu’on ne voit pas le temps passé et on rentre très facilement dedans. Le noir et blanc n’est pas une barrière, au contraire, il participe à la poésie du film.
Si vous ne l’avez pas vu, en résumé, The Artist raconte le passage du cinéma muet au cinéma parlant et comment cela va changer la perception du cinéma en lui-même. C’est l’histoire d’une immense star du muet, Georges Valentin (Jean Dujardin à la fois drôle et très intense dans la seconde partie) qui refuse par orgueil de parler et sombre peu à peu dans la misère et la solitude alors qu’en parallèle, la jeune Peppy Miller (Bérénice Béjo fraiche et ravissante dans ce film) monte les marches de la gloire et devient la star, en gardant toujours un œil tendre et amoureux sur celui qui l’a aidé à se lancer.
Une jolie histoire d’amour en conclusion mais pas seulement. J’ai surtout aimé la fin. Mais chut, je ne la raconte pas. Je me suis revue quand j’étais plus petite à regarder avec mon père tous ces films Chantons sous la Pluie, en premier, Un Américain à Paris et tant d’autre que j’ai oublié pour la plupart à vrai dire. Mais The Artist m’a fait retrouver ce que je ressentais en les regardant, ce petit côté magique et joyeux. Rien que pour ça, car c’est assez rare dans le cinéma d’aujourd’hui, bonne chance l’ Artist. 

PS : n’hésitez pas à suivre le site sur la page facebook et sur twitter.

The Artist" (c) Warner Bros. France

Meutre à Hollywood?

Un petit fait divers pour changer un peu, dans l’univers du cinéma. Pas de people nan nan nan, juste un mystère policier dans le monde du 7ème art.
Moi qui suis dans ma période West Side Story je ne pouvais pas passer à côté de cette info. Ce matin à la radio ils ont annoncé la réouverte de l’enquête concernant la mort de Natalie Wood; 30 ans après les faits.
Je resitue les faits pour les plus jeunes :

Natalie Wood, de son vrai nom, Natalia Nikolaevna Zhakarenko, née en 1938, fille d’émigrés russes est d’abord une enfant star avant de devenir une star tout court. L’une des légendes hollywoodiennes. Wood c’est Judy, la petite amie de James Dean dans « La fureur de vivre », c’est « la prisonnière du desert » et surtout, c’est Maria, dans « West side story ». Bon j’avoue ce sont les seuls films que j’ai vu avec elle, ça plus un téléfilm à la noix qui racontait sa vie.
Enfin bref, le mystère en question ce sont les circonstances de sa mort. Le week-end de Thankgiving 1981, elle était sur un bateau dans la baie de Los Angeles avec son mari Robert Wagner (l’Amouuuuur du Risque, Jonathan Hart) et Christopher Walken dont des rumeurs prétendent qu’il était son amant. Ha les rumeurs hollydiennes, ce n’est pas nouveau!
Les deux hommes se seraient disputés et Natalie se serait éclipsée pour disparaître totalement.
La thèse officielle, c’est qu’elle a voulu prendre le cannot pneumatique et serait tombée dans l’eau glacée où elle serait morte noyée. Son corps avait été retrouvé quelques jours plus tard, en chemise de nuit, veste et chaussettes.
Les circonstances n’ont jamais été très claires. Ne serait-ce que parce que personne n’a rien entendu. Quand on se noie, on crie à l’aide en général. Sa soeur Lana a ainsi toujours voulu ré-ouvrir l’enquête refusant de croire à l’hypothèse officielle.
C’est chose faite suite à un nouveau témoignage, celui de l’ancien capitaine du bateau qui affirme que sa mort serait due à une dispute entre Natalie Wood et son époux. 30 pile poil, après son décès le shérif de Los Angeles reprend donc l’enquête…
Affaire à suivre donc, car les hypothèses, on en manque pas. Il y a même des sites consacrés à ce sujet.
Mais c ‘est tout de même étrange que ça ressort précisément pour la date anniversaire du drame. Suspence!

REACTUALISATION (05/12/11): Finalement, fautes d’éléments, la police classe à nouveau l’affaire et la mort de l’actrice est toujours officiellement reconnue comme accidentelle.