Scorsese

4d3880756dad6de012f8596a3d24cb0f561e5c61b1da0La Cinémathèque française fait partie de ces lieux où on sait d’avance que l’on ne sera pas déçu et encore une fois, elle tape dans le mile avec son exposition consacrée au réalisateur américain Martin Scorsese.
Comme beaucoup, je connais le nom de Scorsese et je peux citer plusieurs films mais en fait, mes connaissances sont finalement très superficielles. La Cinémathèque vous décortique le cinéma d’un réalisateur pour mieux comprendre l’art de ce dernier derrière les paillettes et le glamour hollywoodien.  Vous rentrez à travers un parcours riche et variées de scripts, photos, extraits sonores ou vidéos, story-board et j’en passe, dans la construction d’une carrière cinématographique complexe où ressortent des thèmes  et des motifs récurrents.
La scénographie avant tout thématique permet d’appréhender ces héros qui reviennent encore et encore, l’influence de la ville de New York ou ses sources d’inspiration.

Ces origines italiennes et son adolescence dans Little Italy à New York, imprègne la plupart de ses films dont les tous premiers avec cet univers familiale et catholique et le monde des gangs. Dans le même esprit, les relations fraternelles conflictuelles ont une place à part avec tout ce que cela implique : la responsabilité des actes de l’autres, la confiance abusée comme Jake et Joey LaMotta ou Jésus et Judas sur un autre plan. En parlant de Jésus, c’est amusant si on peut dire, de voir à quel point cette figure peut être omniprésente sous une forme ou une autre, au-delà de La dernière Tentation du Christ. On en trouve une trace dans ces héros sacrifiés mais aussi dans ce qu’on peut appeler une « manie » de crucifier d’une manière ou d’une autre les personnages de ces films comme David Carradine dans Boxcar Bertha ou Harvey Keitel dans Mean Streets.
Bien sûr, à l’image de Woody Allen, on ne peut pas parler de Scorsese sans évoquer la ville de New York, omniprésente, en toile de fond, ou en personnage à part entière, en commençant par Who’s That Knocking at my door, son film de fin d’études,  puis de Taxi Driver à Gangs of New York en passant par New York New York. Chez lui, la ville est souvent sombre et violente, mais elle coule dans les veines de ses habitants. Une maquette installée dans l’exposition nous montre de manière amusante les quartiers filmés par Scorsese dans ces différents films afin de mieux resituer la géographie des histoires.

s,1200-c10c38Bien que l’exposition ne consacre pas de partie dévolues aux acteurs qui jouent encore et encore pour lui comme Robert De Niro et aujourd’hui Leonardo Di Caprio, il suffit d’ouvrir les yeux pour constater soit même la fidélité de ces acteurs au réalisateur.

La partie « Inspiration » du parcours est aussi passionnante, elle évoque le Scorsese cinéphile passionné, admirateur d’Hitchcock et protecteur d’un patrimoine cinématographique auquel il rend régulièrement hommage comme dans Aviator (Howard Hughes) ou Hugo Cabret (Georges Méliès).  Il a d’ailleurs fondé avec Steven Spielberg et Stanley Kubrick, The Film Foundation pour la sauvegarde des vieilles pellicules de films.

Enfin la fin du parcours, ravira les vrais amateurs de cinéma dans sa manière de décortiquer la technique du réalisateur, dans sa façon de filmer, monter ou mixer. C’est certes plus pointu, mais ça rappelle le boulot que c’est de faire un film.

Pour conclure, une exposition, pas vraiment pour petits et grands mais qui devrait plaire au plus grand nombre, les cinéphiles avertis comme les autres moins connaisseurs. Une immersion totale dans le cinéma de Martin Scorsese.

Commissariat: Kristina Jaspers et Nils Warnecke (Deutsche Kinemathek).
14.10.2015/14.02.2016

le monde en-chanté de Jacques Demy

« Nous sommes des sœurs jumelles nées de signe des Gémeaux… » « Préparez votre, Préparez votre pâte, Dans une jatte, Dans une jatte plate » « Ils se sont séparés sur le quai d’un gare, Ils se sont éloignés dans un dernier regard, Oh je t’aim’ ne me quitte pas. »

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Au moins l’une de ces paroles vous évoque quelque chose, si ce n’est pas le cas, vite, rendez-vous à la cinémathèque pour une exposition féérique et musicale qui porte bien son nom à double sens « le monde enchanté de Jacques Demy »

Autoportrait de Jacques Demy, 1949 © Succession Demy
Autoportrait de Jacques Demy, 1949 © Succession Demy

Ce qu’il y a de bien avec les expositions de la Cinémathèque, c’est qu’on sait qu’on va aimer, même si à la base, on ne maîtrise pas du tout le sujet. Ça avait été le cas pour « les enfants du paradis » et celle-ci fut encore une fois un vrai régal, un petit bonbon sucré et acidulé comme les films de Demy, qui glisse tout seul.

17047Tout commence par le passage Pommeraye (une galerie commerciale nantaise ayant servi de décor à 3 films de Demy) qui est recrée, tout en jeux de miroirs avec les personnages de l’œuvre du réalisateur, histoire de vous mettre dans le bain directement, comme un passage vers un autre monde. Puis c’est un parcours chronologique qui vous montre les principaux films de Jacques Demy, ceux qui ont marqué sa carrière et le cinéma français, en même temps que des œuvres inédites, comme ses peintures réalisées à la fin de sa vie, quand le 7e art le boudait un peu.

Le propos débute donc avec sa jeunesse à Nantes, ville chérie de son enfance. Déjà très jeune, le petit Jacques est attiré vers le cinéma et avec son projecteur Pathé baby réalise son premier court métrage d’animation, en peignant sur la pellicule. Puis c’est la succession de ses films cultes, à commencer par Lola avec Anouk Aimé, puis la Baie des Anges avec une Jeanne Moreau blonde platine.

17046On arrive alors dans une reproduction de petites devantures de magasins et nous voilà dans les Parapluie de Cherbourg avec sa musique nostalgique. Les photos prises par Agnès Varda, compagne du réalisateur apportent une touche de modernité à ce film de 1964 récompensé par la Palme d’or à Cannes. On comprend à travers ces clichés pourquoi Demy considérait Catherine Deneuve comme une image de la femme parfaite. Le film entièrement chanté marque un peu plus la collaboration entre J. Demy et Michel Legrand, son « frère de cinéma ». C’est amusant également de voir à quel point les décors sont importants dans le rendu final. Tout comme Demy était lié à Legrand dans la musique, il l’était à Bernard Evein dans la décoration. Il est novateur au niveau des couleurs avec ces papiers peints flashis, reproduits dans l’exposition, qui renvoient à la psyché des personnages.

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les parapluies de Cherbourg. Copyright Agnès Varda
les parapluies de Cherbourg. Copyright Agnès Varda

On quitte la pluie de Cherbourg et on arrive sous le soleil de Rochefort avec ces fameuses demoiselles. Chose que je ne savais pas, une partie des façades des villes ont été repeintes pour le film. Catherine Deneuve est à nouveau au générique, avec sa sœur Françoise Dorléac et des guest-stars américaines de renoms pour cette comédie musicale à la française : Gene Kelly (chantons sous la pluie) et Georges Chakiris (West side story). La galerie d’art contemporain de Lancien, avec des reconstitutions des œuvres du film dont le fameux portait par Maxence de Delphine. Et quand vous passez la porte de sortie de cette galerie, vous arrivez en Californie avec sa parenthèse américaine, un peu baba cool et son film Model Shop, illustré par une série de photos de Demy lui-même et une interview d’Harison Ford réalisée pour l’occasion car il avait été pressenti pour jouer dedans. Et une fois les palmiers derrière vous, rentrez dans un monde encore plus magique, qui réveille la petite fille qui est en vous (ou le prince si vous êtes un garçon), vous voici au pays de peau d’âne. Il y a des femmes bleues dans des plantes, des dessins des costumes, les superbes illustrations de Gustave Doré et surtout, des reconstitutions des trois robes de la princesse : la robe de temps, bleue avec ses nuages qui passent dessus, la robe de soleil et la robe de lune et en bonus, la vrai peau d’âne, toute miteuse, mais la vrai dans son petit écrin de verdure. Magique.

WP_000548WP_000551La suite passe plus rapidement sur les différents films, Lady Oscar ou Parking, référence moderne à Orphée avec un jeu étrange de contraste entre le noir et le rouge.

Dans les années 80, Demy a de plus en plus de mal à réaliser des films, ce réalisateur de la Nouvelle Vague n’arrive plus à mobiliser comme il le souhaiterait les producteurs. Il se tourne alors vers la peinture et c’est par ces toiles que se termine l’exposition, un peu triste en regard de toutes ces couleurs acidulés qu’on a pu croiser.

Sans m’attarder plus, j’insiste à nouveaux sur le côté enchanté de cet exposition toute en musique dont la mélodie trotte pendant des jours dans la tête. On découvre un cinéaste avec un vrai univers. Un univers de musique, de couleurs, de contes. Un univers où le couple est le point d’orgue de toute chose. Jacques Demy est également un réalisateur fidèle à ses personnages qu’on retrouve simplement évoqué ou vraiment là tout au long de sa filmographie, comme Lola ou Roland Cassard. Ce qui rend sa filmographie d’autant plus attachante et malgré le côté kitch assumé, donne envie de la redécouvrir. D’ailleurs ces dernières années, l’œuvre de Demy est de nouveau apprécié par les cinéphiles et le grand public en recherche de magie. Peau d’âne est devenue un classique des films pour enfants et il suffit de compter le nombre de diffusions dans l’année à la télévision pour s’en rendre compte. Inutile donc de préciser qu’en cette période estivale où on a souvent des enfants avec soit, je vous la conseille, encore, encore et encore.

Et sur ces belles paroles qu’on imagine chantées avec un peu d’imagination, je vous souhaite d’excellentes vacances d’été. Profitez-en pour vous détendre autant que possible et on se retrouve à la rentrée ou peut-être en aout.

le charme des Enfants du Paradis

15952Une exposition sur le cinéma c’est bien quand on connait le film ou le réalisateur car cela nous permet d’approfondir ce qu’on sait. Mais ça peut aussi être très bien quand on ne connait rien au sujet, car cela devient une découverte totale au point de donner envie d’approfondir dans l’autre sens. C’est ce qui m’est arrivée avec les Enfants du Paradis dont la genèse est retracée  à la Cinémathèque. Ma faible culture cinématographie fait que je ne connaissais pas ce film mais alors pas du tout, mais cela n’a en aucun cas déranger mon parcours, au contraire, dirais-je, car j’allais de découvertes en surprises avec à la sortie une forte envie de le visionner prochainement (quand mon papa l’aura eu pour Noël, mais cela est une autre histoire).

Je vous emmène donc avec moi pour découvrir derrière l’écran, un bijou du cinéma français considéré comme l’un des meilleurs films qui soit et classé au Patrimoine mondial par l’Unesco.

Il faut dire qu’au générique c’est une véritable somme de talents que l’on retrouve. On peut parler des interprètes, Arletty, l’une des plus célèbres actrices de son temps qui trouve en Garance l’un de ses plus grands rôles, Pierre Brasseur (le père de Claude), Jean-Louis Barrault ou encore Pierre Renoir (fils d’Auguste). Mais ce sont surtout ses créateurs qui ont fait de ce film, produit sous l’occupation, dans des conditions difficiles, un chef-d’œuvre et un succès : Marcel Carné à la réalisation, Jacques Prévert à l’écriture, Joseph Kosma et Maurice Theuriet à la musique, Alexandre Trauner au décor et Mayo aux costumes. Le tout forme un spectacle total qui marque les esprits dès sa sortie à la libération en 1945, voulu comme« le premier film de la paix retrouvé ».

Cette année, beaucoup d’expositions ont eu lieu sur le thème du théâtre parisien du XIXème siècle, et toutes m’avaient d’ailleurs beaucoup plus, du coup je n’étais pas tant dépaysée que ça, car c’est l’univers même de ce film. Le « paradis » est en effet le dernier étage des théâtres, le « poulailler » où se retrouvent les couches les plus populaires qui ne peuvent s’offrir les belles places du bas.

Adolphe Potémont, Le boulevard du Temple (1862), musée Carnavalet
Adolphe Potémont, Le boulevard du Temple (1862), musée Carnavalet

Dans le Paris des années 1830, au boulevard du Crime qui tient son nom du nombre de faux crimes ayant lieu dans les pièces de théâtre, le célèbre mime Deburau tombe amoureux de la belle Garance, une histoire d’amour impossible qui plonge le spectateur dans le monde théâtral de cette époque, oscillant entre réel et fiction.

L’entrée de l’exposition reproduit ainsi l’entrée du théâtre des Funambules avec la figure de Deburau, comme un décor de cinéma au milieu duquel trônent des caméras d’époque et le siège du réalisateur.

WP_000164La première partie retrace l’inspiration du film, sa naissance. L’idée vient de l’acteur J-L Barrault qui rêvait d’incarner le célèbre pantomime et c’est autour de ce souhait que tout s’est élaboré, petit à petit. On replonge dans les sources d’inspiration, les tableaux du musée Carnavalet représentant le boulevard du crime, le portrait de ces célèbres acteurs, dont Pierre François Lacenaire, poète et briguant qui fascinait Prévert qui se reconnaissait en lui et bien évidement Deburau, photographié par Nadar. Deburau est l’incarnation du mime, rentré dans la postérité en tuant un ivrogne  car le tout Paris se rua à son procès pour entendre le son de sa voix.

On découvre en plus des affiches et des ébauches, pour la première fois, le manuscrit original écrit et illustré par Jacques Prévert en 1943 avec toutes les étapes de la création, les idées qui jaillissent et les planches dessinées décrivant les personnages pas totalement définis.

WP_000166Puis on découvre plus en détail les acteurs et les magnifiques costumes conçus par Mayo dont on peut apercevoir les études. Peintre surréaliste d’origine grec, il participera également aux costumes de Casque d’Or et Hiroshima mon amour. La partie sur la musique est également intéressante, car le film est réalisé pendant l’Occupation et on découvre comment Kosma a dû se débrouiller pour composer en sécurité, ne signant jamais de son vrai nom. Il n’a d’ailleurs pas pu participer à l’enregistrement ou au tournage.

Puis l’exposition s’achève sur la sortie du film avec toutes ces affiches (10) conçues pour en faire un évènement exceptionnel, ce qu’il devint, restant 54 semaine à l’affiche et rentrant dans la postérité, comme en témoigne ce ballet créé en 2008 sur une chorégraphie de José Martinez, dont des extraits sont projetés à la fin.

Maquette d’affiche par Jacques Bonneaud. Gouache et pastel sur papier. Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé/ADAGP, Paris 2012 © 1945 – Pathé-Production
Maquette d’affiche par Jacques Bonneaud. Gouache et pastel sur papier. Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé/ADAGP, Paris 2012 © 1945 – Pathé-Production

Une belle exposition donc, sympathique et qui vous emporte. Les extraits du film sont aussi très agréables à suivre, un peu désuets mais si charmants car propre à son époque et ils donnent envie de voir le reste, preuve que l’exposition a atteint son but : rendre hommage à un classique du cinéma français et le faire découvrir aux jeunes générations.

Toutes les informations sur :
http://www.cinematheque.fr/fr/expositions-cinema/exposition-enfants-paradis.html
http://www.cinematheque.fr/fr/expositions-cinema/automne-2012-enfants-par/

Tim Burton, un grain de folie à la Cinémathèque française

Un petit peu de fantaisie aujourd’hui car je vous emmène à la Cinémathèque pour explorer un monde à part, celui du controversé Tim Burton.

Laissez tomber vos aprioris, réveillez vos âmes d’enfants et c’est parti.

Cette exposition a déjà fait le tour du monde. Montée au Museum of Modern Art en 2009, elle est passée par Melbourne, Toronto et Los Angeles. Paris est sa dernière étape, la seule européenne, d’où l’affluence record et la nécessité de réserver si vous souhaitez y aller.

L’exposition rend hommage, certes, à un réalisateur génial, rentré au rang de mythe pour un très large public. Mais c’est aussi un artiste complet, touche-à-tout, aux multiples talents qu’on découvre ici.

On rencontre un Tim Burton cinéaste, dessinateur, peintre, photographe, inventeur et vidéaste à travers 700 pièces qui reflètent toutes un style bien à lui. C’est un monde à la fois pop, gothique et surréaliste où le macabre devient charmant, où les morts dansent et où l’enfance demeure un état perpétuel.

Storyboard de L’Etrange Noël de Monsieur Jack. 1993. Encre, marqueur et crayon de couleur sur papier – Crédit photo : Collection privée © 2011 Tim Burton

Dès les premiers pas, on se fait transporter. On commence par un pêle-mêle de polaroids de toutes les tailles datés d’entre 1992 et 1994.Plein de personnages bizarres, bleus, décousus et recousus, des échos de Mr. Jack et j’en passe. Puis on pénétre dans une petite pièce éclairée à la lumière noire faisant briller tous pleins de choses à commencer par vous et des petits monstres luminescents sur les murs et dans le coin surgit une espèce de manège multicolore de monstres tiré d’ Hansel and Gretel.  Ce passage est en lui-même une jolie trouvaille muséographique que je vois, mais c’est sans doute son but, comme un point d’entrée, un sas de décompression avant de pénétrer dans le vif du sujet, dans  le Burtanorium, l’univers de Tim Burton, créateur pictural et sculptural.

500 croquis de Tim Burton sont présentés. Le moins que l’on puisse dire c’est que pour quelqu’un qui se fichait de savoir bien dessiner et qui voulait juste y trouver du plaisir, le résultat est assez génial par la maîtrise mais aussi par l’inventivité dont il fait preuve. Les dessins sont regroupés par thème, on a les couples, les femmes, les clowns, les monstres bien évidemment et toujours un humour décalé bien à lui.

Fille bleue avec vin- Crédit photo : Collection privée © 2011 Tim Burton

Tim Burton a grandi dans une banlieue de Los Angeles, à Burbank, l’antichambre d’Hollywood selon lui. Les talents artistiques de ce jeune homme un peu solitaire et déjà passionné par les monstres, les freaks en tout genre, éclosent rapidement. Il réalise un petit film, montré de manière inédite et il créé encore et encore. On frôle déjà le Burton qu’il deviendra. Il remporte des concours organisés par sa ville, comme ce film publicitaire anti-ordures présenté dans l’exposition. Il rentre au California Institute of Arts, fondé par Walt Disney pour former les futurs animateurs de la firme et deux ans plus tard, en 1979, il est embauché au département d’animation des studios Disney. Il travaille notamment

Tim Burton, Sans titre (Taram et le Chaudron magique) – 1983.
Encre et marqueur sur papier, 27,9 × 38,1 cm.
Crédit photo : Collection privée © 2011 Tim Burton

sur Taram et le chaudron magique,  Rox et Roukyou Tron. Mais  cet univers ne lui convient pas, il ne sent pas suffisamment soutenu. Pourtant, c’est chez Disney qu’il réalise son premier court métrage professionnel, Vincent, en stop motion, technique qu’il remet magistralement au goût du jour et qu’on retrouve plus tard dans L’Étrange Noël de monsieur Jack et les Noces Funèbres.  Il réalise aussi Frankenweenie dont une nouvelle version devrait arriver prochainement en salle. Mais il s’ennui et se sent trop à l’étroit  dans tout cela et recherche la possibilité de s’exprimer avec toute sa liberté, toute sa folie personnelle et en 1984, il rejoint la Warner Bros.
Toute cette période est racontée dans la partie « Tim Burton, l’enfance de l’art ».

La suite on la connaît, une succession de succès dans les salles obscures dont deux Batman évoqués par le fameux masque de la chauve-souris, qui l’assoient comme un réalisateur unique et bankable.

Edward aux mains d’argent, 1990
Crédit photo : Collection privée © 2011 Tim Burton

On peut citer en vrac L’étrange noël de Mr. Jack (qu’il a coproduit mais non réalisé bien qu’il soit basé sur un de ses scénarios) et Les noces funèbre, tous les deux en stop motion, image par image, technique devenue un peu son mode de fabrique dans le domaine de l’animation. Les multiples petites têtes de Jack révélant tout plein d’expressions, sont à la fois très amusantes et évoquent cette technique très longue de réalisation, 400 têtes ont été nécessaires à la production.  Ces deux films évoquent également la passion pour le monde de la mort de Burton mais aussi une forte attraction pour la musique et la chorégraphie, très présente dans l’un et l’autre. Danny Elfman est le compositeur attitré de Burton quasiment sur tous ces films (Ed Wood excepté) et leur relation est à l’image d’un Spielberg-Williams.

La reine rouge -Crédit photo : Collection privée © 2011 Tim Burton

Pour les films plus classiques si on peut parler de classique dans le cas de Burton, la liste est longue de ceux rentrés dans le panthéon du cinéma,  Bettlejuice, Edward aux mains d’argent, Alice au pays des merveilles, Sleepy Hollow, Sweeney Todd, Charlie et la Chocolaterie  et le dernier Dark Shadow, tous évoqués par des accessoires, des costumes (la robe de la sorcière jouée par Eva Green ou la combinaison et le cerf en buisson d’Edward), des dessins de préparations etc.  Pour ce qui est de la filmographie de Burton on se doit d’évoquer ses acteurs fétiches, sa femme Helena Bonham Carter rencontrée sur le tournage de La planète des singes en 2001 et qui apparait dans 5 autres films sans compter les Noces Funèbres ; et bien sûre Johnny Depp avec qui la collaboration quasi fraternelle dure depuis 22ans et 8 films, depuis le tournage d’Ed Wood en 1992, hommage au cinéaste considéré comme « le plus mauvais réalisateur de tous les temps ».
« Lorsque je l’ai rencontré [Burton à propos de Depp], il tournait dans une série pour ados (21 Jump Street). Il était considéré comme un jeune crétin superficiel. Une fois de plus, on confondait l’apparence avec la réalité. J’ai pensé qu’il y avait bien des choses au-delà et qu’il comprendrait intimement le personnage d’Edward aux mains d’argent. De fait, il a des regards, dans ce film, qui m’épatent encore. Pour Ed Wood, il a trouvé l’exacte mesure d’émerveillement béat correspondant à l’incurable optimisme du personnage. Dans Sleepy Hollow, il est Ichabod Crane, avec toutes les contradictions internes qui l’agitent ». — Tim Burton, L’Événement du Jeudi, 10 au 16 février 2000

On peut aussi citer Michael Gouh et Christopher Lee (5films), Mickael Keaton (4films) ou Danny Devito  et Winona Rider (3films).

La Triste Fin du petit enfant huître et autres histoires-Collection privée © 2011 Tim Burton

Avant de revenir dans la vie réelle (et la boutique) sont exposées plein de petites serviettes, issues de cafés des quatre coins du monde, dans lesquelles Tim Burton s’est assis, à observer et à rendu à sa manière ce qu’il voyait dans sa tête sur ces mêmes petites serviettes de papier. Une petite touche d’instantanée qui montre que tout est bon pour s’exprimer pour peu qu’on ait le talent.

Cette exposition c’est un peu la traversé d’un mythe, car oui, je pense que Burton est devenu un réalisateur proche du mythique de par sa faculté à véritablement créer des mondes nouveaux et une touche identifiable entre mille. On plonge dans sa fantaisie, dans l’irréel le plus complet à la découverte de personnages marginaux mais attachants. J’ai personnellement toujours été touchée par la Sally de Mr. Jack, la conscience du héros, fragile physiquement mais déterminée pour le protéger.

Tim Burton, Sans titre (Doodle Pad Series). 1989–1993
Encre et crayon de couleur sur papier (43.2 x 61 cm)
Collection privée © 2011 Tim Burton

C’est une bouffé d’enfance que l’on prend avant de retourner dans un monde pas toujours très gai, dont la cruauté est souvent dépeinte par le réalisateur, comme plus effrayante que ses monstres de héros.
Une exposition à voir donc en famille, ou pas, mais à voir car cette folie qui y flotte est une chose si rafraichissante, qu’il serait dommage de s’en priver.

                                                                                                                                                    

CINÉMATHÈQUE FRANCAISE jusqu’au 5 aout.
Commissariat Jenny He et Ron Magliozzi avec Rajendra Roy (MoMA)