plus que quelques jours pour admirer la garde robe de la « divine comtesse »

imageIl vous reste quelques jours pour profiter de l’exposition consacrée à la fascinante comtesse Greffulhe, une femme étonnante, cultivée, protectrice des arts et amatrice de mode d’où sa présence au musée Galliera.

Élisabeth de Riquet de Caraman-Chimay (1860-1952) appartient à la très bonne société, elle est la nièce de Robert de Montesquiou et elle épouse à 18 ans, en 1878 le future comte Henry Greffulhe. Mais c’est sous les traits de la duchesse de Guermantes, personnage de A la recherche du temps perdu de Marcel Proust qu’elle devient immortelle.

En plus d’être une très belle femme dont la beauté éblouie ses contemporains – Proust disait d’elle, « tout le mystère de sa beauté est dans l’éclat, dans l’énigme surtout de ses yeux. Je n’ai jamais vu une femme aussi belle. »- la comtesse a aussi de l’esprit. Dans son salon rue d’Astorg, ou dans son château, de Bois-Boudran ou encore dans sa villa de Dieppe, elle reçoit Anatole France, prend des cours avec Nadar, organise aussi des représentations lyriques, comme celle de Béatrice et Bénédict d’Hector Berlioz au théâtre de l’Odéon en 1890 et la première représentation parisienne de Tristan et Isolde de Richard Wagner, elle favorise avec la princesse Edmond de Polignac la venue à Paris des Ballets russes, soutient Marie Curie, se passionne pour les travaux d’Edouard Branly et est également un soutient du colonel Dreyfus ou du Front populaire malgré ses origines aristocratiques. Une femme aussi belle qu’étonnante je vous dis !!!

Elégante, elle sait se mettre en scène et prépare ses apparitions avec minutie, prenant grand soin de sa toilette. Une cinquantaine de modèles sont présentés dans l’exposition, griffés Worth, Fortuny, Babani, Lanvin, Nina Ricci. Chacune des tenues témoigne d’une part du bon goût de la duchesse, d’autre part de sa grande modernité. Elle suit la mode et s’habille dans l’air du temps, et elle en a connu des époques : elle vécut la fin du Second Empire, deux républiques, deux guerres mondiales, connut la Belle Époque et les Années folles.

Certaines pièces sont absolument merveilleuses et donne envie de se glisser dedans pour faire revivre les fastes du passé comme cette cape russe offerte par Nicolas II lors de sa visite à la comtesse en 1896 qui fit encore sensation quelques années plus tard comme en témoigne un article du Figaro du 15 avril 1904. Elle avait en effet fait mettre sa cape au gout du jour par Worth et la porta lors d’une soirée lors d’une soirée de gala organisée au théâtre Sarah-Bernhardt au bénéfice des blessés russes.
Les robes de Worth sont celles que j’ai le plus aimées, elles sont magiques :
– la robe de tea-gown, en velours ciselé bleu foncé sur fond de satin vert qui mettait sa chevelure auburn en valeur, met parfaitement sa ligne en évidence.
– la robe byzantine portée pour le mariage de sa fille, dut quant à elle faire bien des jalouses, elle était « […] fascinante jusqu’à l’éblouissement, dans une sensationnelle toilette d’impératrice byzantine : robe de brocart d’argent couverte d’artistiques broderies à reflets nacrés rehaussés d’or et de perles fines, ourlée d’une bande de zibeline. Splendide collier de chien et sautoir en perles fines. Immense chapeau en tulle argent bordé de zibeline, avec, de chaque côté, de volumineux Paradis, entre lesquels se dressait droit et fier, un énorme diamant brillant comme une grosse larme de joie irisée de soleil […] » (La Femme d’aujourd’hui, décembre 1904).
Et que dire de la « robe aux lys », faite spécialement pour elle, avec sa taille princesse et se motif de lys rappelant le poème de Robert de Montesquiou
« Comme un beau Lis d’argent aux yeux de pistils noirs
Ainsi vous fleurissez profonde et liliale,
Et, tout autour de vous, la troupe filiale
Des fleurettes s’incline avec des encensoirs. »

C’est cette robe fabuleuse qu’elle porte sur de nombreuses photos dont sa photo d’identité.
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Une belle exposition, surtout pour femmes il faut l’avouer où on découvre une belle personne à travers ses robes, ce qui est une manière originale de découvrir quelqu’un, mais quand on dit que ce que l’on porte est le reflet de notre personnalité, ce n’est que trop vrai dans ce cas.
Le seul bémol revient aux armatures de bois des podiums trop visibles qui gâchent un peu la mise en scène, très jolie au demeurant, mais qui du coup a un côté pas fini. Rien de bien grave en somme au regard de la qualité de l’exposition. Le seul problème de ce genre d’exposition, c’est qu’après on veut gagner au loto pour être aussi élégante avec toutes ses toilettes….

LES ROBES TRÉSORS DE LA COMTESSE GREFFULHE

Du 7 novembre 2015 au 20 mars 2016
Musée Galliera
Commissariat :
Olivier Saillard, directeur du Palais Galliera,
Et l’équipe de la conservation et de la documention du Musée de la Mode de la Ville de Paris,
Alexandra Bosc, Laurent Cotta, Sophie Grossiord, Sylvie Lécallier et Sylvie Roy.

 

Jeanne Lanvin, un monument de la mode française

jeanne-lanvin-la-fondatrice-de-la-maisonVoici une exposition que je voulais absolument faire et dont je voulais vraiment vous parler car elle fait partie de ces expos qui font rêver.

C’est la première fois que je me rendais au palais Galliera, magnifique palais XIXème niché dans le XVIème arrondissement avec une jolie vue sur la Tour Eiffel. Rien que le lieu mérite le coup d’œil mais revenons à Jeanne Lanvin, créatrice de génie, contemporaine de Coco Chanel et un peu éclipsée par cette dernière, pourtant les tenues qui sont exposées ici sont de pures merveilles.

dsc01540Bien que n’étant plus dans la Haute-couture, la maison Lanvin est la plus ancienne maison de couture française et reste une icône du chic à la française.
Mademoiselle Lanvin naît en 1867 au sein d’une famille modeste, elle commence comme vendeuse de chapeau et ouvre sa première boutique en 1889. Son talent va vite s’exprimer, tirant son inspiration de sa fille adorée, Marguerite, qui toute sa vie sera présente dans les créations de sa mère, jusque sur le logo de la maison.

Tous les aspects du style Lanvin sont évoqués, le bleu emblématique, le noir chicissime, la robe-style. La technique aussi est mise à l’honneur, le savoir-faire des brodeuses, le travail de surpiqûre, l’usage des modèles géométriques etc. Les petites mains, premières mains et les chefs-d’atelier ne sont pas oubliées et leur travail brille en ces lieux.

dsc01545Ce n’est pas compliqué j’ai tout aimé. Je me suis imaginée dans chacune de ces robes plus extraordinaires les unes des autres. Classiques sans jamais l’être tout à fait, tantôt sobres comme la robe Concerto (1934-35), tantôt absolument ébouriffantes à l’image des robes bijoux, présentées au pavillon de l’élégance lors de la fameuse exposition universelle de 1925 qui consacra les arts décoratifs. Ces dernières sont  couvertes de perles, de cristaux, lamés or et argent avec des formes inspirées de l’Orient fantasmé comme la robe « Salammbô » ou la « Mille et une nuits ». En dehors de l’art déco, de l’orient et toutes les sources d’inspiration ethniques et exotiques (« donatienne »), le Moyen Âge offre également de jolies créations dans ses croyances religieuses mais aussi dans son corpus artistique, l’architecture, la littérature et tant d’autre.
Et que dire des robes de mariées dont le département ouvre en 1909. Très fluide, très début XXème, on se croirait un peu dans Downtown Abbey.
L’originalité de la maison Lanvin repose également sur sa collection pour enfant né peu après la naissance de Marguerite en 1897. Sa fille est sa muse la plus prolifique, elle crée pour elle des robes, l’habille en véritable petite princesse et c’est comme ça que se développe l’une des premières collections de couture pour enfants et jeunes filles.

Vous l’aurez compris, mesdames surtout peut-être, cette exposition il faut la faire, parce que Jeanne Lanvin est aussi talentueuse que Chanel, parce qu’elle incarne le chic français à la fois classique et moderne, parce que la mise en scène valorise sublimement toutes ces pièces sublimes, parce que c’est génial simplement.

Il vous reste un peu plus d’un mois profitez-en. Pour rester dans la mode, la prochaine exposition que je ferais sera Jean-Paul Gauthier au Grand Palais.

Jeanne Lanvin au palais Galliera. Du 8 mars au 23 août 2015.

Direction artistique Alber Elbaz, directeur artistique de la maison Lanvin, assisté de Laure Harivel, Katy Reiss et Romain Stiegler

Commissariat général Olivier Saillard, directeur du Palais Galliera dIRECTION scientifique Sophie Grossiord, conservateur général au Palais Galliera, assistée de Christian Gros