L’oeuvre du jour : La naissance de Vénus

En cette période de confinement chacun chez soi, je vous propose de partager des œuvres qui vous plaisent (ou pas), qui vous interrogent, nous interpellent tout simplement.

Pour commencer, une des œuvres les plus connues peut-être mais aussi l’une des plus belles et des plus anti-naturelles qui soit.

La naissance de Venus de Sandro Botticelli.
Sandro Botticelli - La nascita di Venere - Google Art Project - edited.jpg

En 1485, Botticelli a 40 ans et est un artiste confirmé. Élève de Fra Fillipo Lippi et de Verrochio, il est l’un de ces artistes humanistes qui font de Florence la capitale des arts. Son talent le fait appelé à Rome par le pape Sixte IV à la décoration de la chapelle Sixtine, mais son travail ne fut pas assez reconnu à son goût et il rentre dans sa cité. A florence, il est sous la protection des Médicis. La naissance de Vénus est d’ailleurs peut-être, une commande de Pierre-François de Médicis, dit le Popolano (1463-1503, Florence), cousin de Laurent le Magnifique.
Le thème du tableau est issu de la mythologie gréco-romaine et relate l’une des versions de la naissance d’Aphrodite. Dans la Théogonie d’Hésiode, Cronos aurait coupé les bourses d’Ouranos (sympa la relation père/fils) qu’il jeta au hasard, une partie se retrouvant dans les flots. De nombreux êtres en naquirent, dont notre déesse :  » Une blanche écume sortait du membre divin. De cette écume, une fille se forma ». C’est pour marquer son origine marine que dès le IVe siècle avt. JC , la coquille devient un attribut d’Aphrodite.

Sur la droite, c’est l’univers aérien et nous pouvons observer Zéphyr, personnification du vent de l’Ouest et la nymphe Chloris qu’il « avait ravit » pour l’épouser. Il souffle pour pousser vers la rive la déesse et sur la gauche, la terre et une des Heures, fille de Zeus et Thémis. Ces trois personnages se retrouvant également dans le Printemps de Botticelli (1477-1482). D’ailleurs en ces premiers jours printaniers vous remarquerez cette atmosphère florale qui règne dans l’oeuvre, car Vénus est aussi une déesse de la vie.
Enfin au centre, le personnage principal Aphrodite-Vénus, dans une composition d’une harmonie parfaite et nue. Le premier nu mythologique d’inspiration antique de la peinture occidentale depuis l’Antiquité justement. Pourtant cette nudité n’est pas vulgaire, bien au contraire, c’est la beauté pure et divine, au-dessus de toute chose terrestre. Une petite révolution qui déplaira quelques années plus tard à un certains Savonarole.

 

Fresco from Pompei, Casa di Venus, 1st century AD. Dug out in 1960. It is supposed that this fresco could be the Roman copy of famous portrait of Campaspe, mistress of Alexander the Great

Le modèle pour commencer, Simonetta Vespucci. Certains l’auront peut-être reconnue car elle l’un des modèles les plus célèbres. On la retrouve chez de nombreux artistes et est présente dans plusieurs oeuvres de Botticelli. Morte à 23 ans en 1476, elle est donc disparue depuis plusieurs années quand le peintre prête ses traits à sa déesse. Certains pensent qu’il en était amoureux. Il demanda d’être enterré à ses pieds à son décès, ce qui fut accordé en 1510. Résultat de recherche d'images pour "simonetta vespucci"

La pose s’inspire de modèles antiques connus de Botticelli, notamment la Vénus anadyomène ou l’Aphrodite de Praxitèle connue par des copies.
Tout comme ses copines, notre Vénus nous offre un beau déhanché; le fameux contrapposto hérité de la sculpture grecque du VIe siècle avt JC. Cette invention apporta plus de légèreté à la sculpture, plus de dynamisme aussi pour mettre davantage en valeur ses corps parfaits.
Le petit problème c’est qu’en y regardant de plus près, notre Vénus a disons, un petit quelque chose qui cloche. Imaginez une ligne verticale qui la coupe en deux et vous verrez qu’il y a un léger problème d’équilibre. Si vous vous ennuyez, essayez de tenir de la même façon. De plus son bras est démesuré et son épaule est bien basse.
Mais vous savez quoi ? C’est dans le fond sans importance. Botticelli nous présente la déesse de la Beauté et de l’Amour et même dans ses déséquilibre elle incarne encore aujourd’hui presque 600 ans après, un idéal de féminin sans pareil.
Il en existe de nombreuses interprétations, trop pour toutes les aborder, par exemple le fait qu’il s’agisse de l’idée néoplatonique de l’amour divin, certains y font également une lecture chrétienne.
Bon courage a tous dans vos confinements respectifs. Laissez vos esprits vagabonder mais vos corps bien au chaud.

Cnidus Aphrodite Altemps Inv8619.jpg
Aphrodite de Cnide, copie romaine d’après Praxitèle, palais Altemps 
Vénus Capitoline, 140-140, musée du Capitole

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette petite vidéo est rigolote :
https://www.arte.tv/fr/videos/086755-001-A/crobar-la-naissance-de-venus-sandro-botticelli/

 

Pour ceux qui aime les études de compositions, de lignes, de nombre d’or ou autre je vous renvoie à l’étude suivante, http://www.art-renaissance.net/Botticelli/Naissance-Venus-Botticelli.pdf.

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