Hubert Robert, l’imaginaire de la ruine

L’un Élisabeth-Louise_Vigée-Le_Brun_-_Hubert_Robert_(1788)de mes peintres préférés est en ce moment à l’honneur au musée du Louvre et c’est trop bien. L’occasion pour beaucoup de découvrir ce dernier, de mettre un nom sur ses fameuses ruines, vous l’aurez deviné, je parle d’Hubert Robert.

Le parcours commence avec deux portraits de l’artiste, réalisés par deux de ses amis intimes Augustin Pajou et Elisabeth Vigée-Lebrun, qui nous présentent un bonhomme jovial, simple et sympathique qu’on a envie de connaître mieux et cela tombe bien, c’est pour ça que nous sommes là.

Homme instruit, Hubert Robert accompagne le comte de Stainville à Rome en 1754 qui lui obtient une place à l’Académie de France qui se situait alors au palais Mancini. Il y suit notamment les cours de Giovanni Panini qui aura une grande importance dans son œuvre.  

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Hubert Robert (1733-1808) Caprice avec le Panthéon devant le port de Ripetta, 1761 Huile sur toile -101,9 x 145,9 cm Liechtenstein. The Princely Collections, Vaduz–Vienna © LIECHTENSTEIN. The Princely Collections, Vaduz–Vienna

Hubert Robert s’oriente vers cette peinture d’architecture, c’est d’ailleurs à ce titre qu’il sera reçu à L’Académie Royale de Peinture et de Sculpture en 1766 avec Le Port de Ripetta à Rome. Mais en artiste du XVIIIème siècle, il est fortement marqué par les Capricci, ces paysages fantaisies et idéalisés, mêlant vrai et faux et dont Pannini est le digne représentant romain.  Ainsi ses œuvres ne sont pas de simples vues de Rome, de ses monuments et de ses ruines. Il aménage ses vues selon son imaginaire, recréant une autre Rome, un peu comme un condensé de ce qu’est pour lui la Ville éternelle, mêlant passé, présent et futur.   Ses dessins sont absolument merveilleux, il faut voir comment en quelques lignes appuyées, il compose toute une architecture, simplement rehaussée de hachures, c’est époustouflant. Il maitrise également parfaitement l’harmonie de la composition et des couleurs. Chacune de ses toiles est un spectacle où se mêlent le grandiose qui prend la forme des pierres ou de la nature sauvage à l’anecdotique, ces petits personnages bien vivants, lavant, dansant, s’aimant…Et je ne m’attarderait pas sur les aquarelles qui sont si charmantes que j’en prendrais bien une chez moi.

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Hubert ROBERT (Paris, 1733 – Paris, 1808), Jeunes filles dansant autour d’un obélisque, huile sur toile, 120 × 99 cm, Musée des beaux-arts de Montréal, 1798


Bien qu’il donne l’impression de représenter le passé, Hubert Robert est surtout un formidable témoin de son époque, ce XVIIIème siècle en pleine ébullition qui va bientôt plonger dans la Révolution. Comment ne pas s’étonner devant cette vue de la Fontaine de Trévi, non achevé avec encore ses échafaudages où celles de Paris en pleine évolution avec le Pont Neuf débarrassé de ses maisons, lui conférant un aspect à la fois lunaire et dramatique et bien évidemment sa fameuse peinture de la Bastille en plein démembrement ou dans le même style celle du château de Meudon. C’est comme si Hubert Robert était à la croisée des chemins du temps, et on sent que cette question le hante dans certaines de ces œuvres, comme avec ses danseuses tournant encore et encore autour de l’obélisque brisé. Témoin de son temps, il l’est aussi de manière plus anecdotique, quand emprisonné en 1793 car trop proche de la royauté, il peint encore et encore en nous racontant ainsi son incarcération, les soucis du quotidien, le dénuement, peignant jusque sur des assiettes quand le papier venait à manquer. Il se représente lui-même dans sa cellule de de la prison Sainte-Pélagie avec écrit sur la table « Dum spiro spero », « tant que je respire, j’espère ».

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Il se montre également visionnaire avec ses vues de la Grande Galerie, d’abord complétement détruite par la folie des hommes et le passage du temps face à un Apollon du Belvédère toujours droit et présent, puis surtout avec ses études pour l’éclairage zénithale qui inspireront les architectes quelques années plus tard.

Je suis peut-être à côté de mes pompes, mais je trouve qu’Hubert Robert a un petit côté préromantique. En particulier dans ces peintures d’incendies. Rome est en flamme dans le fond et toute la toile beigne dans une lueur rougeâtre angoissante. C’est encore une fois l’humanité en proie à ce qu’elle ne peut pas maîtriser, non plus le temps mais le feu dévastateur.

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Hubert Robert, L’Incendie de Rome, vers 1770-1785 huile sur toile, 75,5 x 93 cm, Musée d’Art moderne André-Malraux, Le Havre

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé cette exposition qui m’a rappelé sur certains points celle sur Turner en particulier parce que dans les deux cas je m’extasiais de tout et que je la referais surement avant sa fin le 30 mai.

Si vous avez envie de voyages et de rêves, je vous conseille vivement d’y aller vous aussi. C’est beau, c’est grand, c’est Hubert Robert et c’est le Louvre.

😉

Commissaire(s) :

Guillaume Faroult, musée du Louvre.

Jusqu’au 30 mi 2016 en association avec la National Gallery de Washington.

 

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